mardi 23 février 2010

"Variations sur le même thème"

Non, je n'ai pas décidé de délaisser les parfums pour la musique, en référence à cet album de Vanessa Paradis, écrit par Gainsbourg. 

J'avais juste envie de parler des parfums, qui sans se ressembler ouvertement, surfent sur le même univers, ou offrent une interprétation d'autres de leurs aînés. Envie de présenter quelques lignées de parfums qui peuvent plaire à une même personne en fonction de ses affinités olfactives........


Comme, par exemple,  de conseiller aux amoureuses de Shalimar de découvrir Musc Ravageur, des éditions de Frédéric Malle,  (si ce n'est pas déja fait), qui propose une variation parfois vue comme plus masculine de cet accord agrumes-vanille, plus coriace, plus épicée. Pour ma part, c'est une histoire de peau, je préfère sur la mienne Musc ravageur, mais certain(e)s trouveront le chef d'oeuvre oriental de 1925 peut-être plus subtile, plus doux.... Dans le même registre on peut également citer L de Lolita Lempicka, créé par le même Maurice Roucel qui a imaginé Musc Ravageur. Quant aux "branchés", ils pourront faire un tour chez Colette pour découvrir Labdanum 18 du Labo, qui propose aussi une alternative à Shalimar, légèrement plus douce et boisée.


Pour ceux ou celles qui n'aiment pas les vanilles trop classiques, trop sucrées ou trop douces, et qui rêvent d'une vanille un peu "tabac", un peu cubaine,  ils auront le choix entre Havana Vanille de l'Artisan Parfumeur ou Spiritueuse Double Vanille de Guerlain, qui, loin d'être identiques, évoquent cette même vanille un peu gousse, aux accents de rhum et de tabac. 

Les amoureux de l'Heure Bleue pourront trouver en Gucci eau de parfum (bientôt discontinué) une interprétation modernisée, bien distincte -certes, il n'est pas question de les confondre dans la rue- mais qui reprend bien cet apect floral oriental, riche en matières premières.  Il y a, bien sûr, Oscar, d'Oscar de la Renta, qui propose une version plus diurne du chef d'oeuvre de Guerlain. Dans cet esprit, bien sûr, autant remonter à l'initial L'origan de Coty, donc Jacques Guerlain s'est inspiré pour créer l'Heure bleue, mais encore faut-il avoir la chance de mettre la main sur un flacon... Enfin, certains pourront trouver dans Cuir Mauresque de Serge Lutens, dans English Royal Leather de Creed ou encore dans Bois de Copaïba de Pierre Guillaume, le côté baumé des notes de fond de l'Heure bleue, bien que pour ma part je leur préfère nettement ce dernier. Sacrebleu de Patricia de Nicolaî en est aussi une belle interprétation.

Les amoureux des poudrés orientaux pourront s'adonner à Bal à Versailles de Jean Desprez, qui est également un floral oriental dense  et poudré comme L'heure  Bleue, mais avec un relent plus animal et plus sombre façon Habanita.  D'ailleurs ce dernier peut également trouver un héritage en l'Or des Indes, de Maître Parfumeur et Gantier.

Si vous êtes amateur de grands floraux aldéhydés dans la veine du N°5 de Chanel, allez sentir l'Ame soeur , de Divine, qui offre un beau départ aldehydé sur coeur de fleurs blanches avant de s'épanouir sur un fond délicieusement poudré et ambré. Le sublime N°22 de Chanel propose aussi une variation plus sensuelle du grand classique N°5, avec des notes de santal très prononcées.  Dans la famille des floraux aldehydés, on peut également citer Calèche (d'Hermès) ou Arpège de Lanvin, malheureusement ceux-ci semblent avoir été réformulés. On peut aussi penser à First, de Van Cleef&Arpels. Si tous ces parfums ne vous laissent pas indifférents, rendez-vous chez Amouage pour y découvrir le très beau Gold. 

Nombreux sont ceux qui,  comme moi, ont d'abord connu et aimé le boisé Dolce Vita de Dior, avant de savoir qu'il existait un chef d'oeuvre en la matière, Féminité du Bois, de Sege Lutens (Shiseido à l'époque).  On en trouve de belles variations au sein de la maison des Jardins du Palais Royal, tel que Bois de Violette par exemple.

Pour ceux que les floraux orientaux avec un départ plus frais et vert séduisent, et qui se sont reconnus en Chamade de Guerlain, ils pourront en trouver une filiation certaine dans Parfum d'Hermès ou même Rouge de la même maison. 

Les addicts de l'amande qui ont aimé Castelbajac pourront succomber à Louve de Lutens, ou même goûter à son grand frère, plus complexe, rond avec une pointe de cerise plus nette, Rahat Loukoum. Pour une amande pus vanillée, et plus "diabolique", pensez aussi à Hypnotic Poison.  Les adeptes de gourmandises qui préfèrent les senteurs un peu guimauve découvriront avec plaisir Love, By Killian ou Mi Fa de Réminissence.

Si le tabac miellé et aux autres belles notes épicées vous séduisent, allez faire un tour chez By Killian pour sentir Back to Black, mais aussi chez Hermès pour découvrir Ambre Narguilé ou encore chez Tom Ford pour son Tobacco Vanille. Dans le même esprit, on peut aussi songer à Tea for two de l'Artisan Parfumeur ou encore à Noël au Balcon d'Etat Libre d'Orange.

Il existe encore bon nombre de belles variations à découvrir au sein des familles de parfum,  (chyprés, floraux verts), mais je n'ai pas la prétention de toutes bien les connaître, aussi, je vous laisse de soin, si l'envie vous en dit, de compléter cette liste.


lundi 15 février 2010

Fourreau noir, Serge Lutens

Cela faisait longtemps que j'avais envie de tester Fourreau Noir sur peau, car si, sur touche, je n'avais pas été emballée, je pressentais qu'il devait apporter une sensation toute différente en le portant.

Mais j'hésitais, les commentaires que je lisais citaient parfois une lavande bien présente, d'autres au contraire évoquaient ce fond doux, baumé, un peu tabac, un peu amandé. Non que je n'aime pas la lavande, mais si elle est trop présente, en effet ce n'est pas ma tasse de thé.


Heureusement sur peau, celle-ci se fait plutôt discrète. Elle s'évanouit doucement au bout d'un quart d'heure pour se réchauffer au contact des autres composantes. Je sens bien parfois des relents  foin au cours de l'évolution du parfum, mais cela relève peut-être d'une des facettes de la fêve tonka. Et ceux-ci se mêlent très bien au côté baumé, amandé, (légèrement vanillé) et sombre des notes de coeur et fond de ce Fourreau Noir qui porte très bien son nom. En effet, celui-ci évoque très bien la chaleur d'un manteau en plein hiver, dans lequel on aurait envie de se lover, pour résister au froid. Tout à fait de saison!

Lorsque la lavande s'atténue doucement, on sent monter un léger côté fruits confits, fugace, qui  évoque l'univers des parfums lutens, avant de se fondre dans un ensemble où la myrrhe, la fève tonka, le réglisse, l'immortelle et l'encens créent un fond chaud et oriental. On imagine  Fourreau Noir plutôt parfum de peau, tout en offrant une sensation enveloppante de par sa douceur, ses accents sensuels et sa texture un peu velours. L'effet parfois un peu tabac, un peu cuiré de la fêve tonka s'étire longuement sur la peau, notamment grâce aux muscs qui prolongent cet effet.

J'ai souvent lu que ce parfum avait quelque chose d'androgyne et c'est assez pertinent. La lavande, souvent associée aux parfums masculins provoque d'une part cette effet, mais également le fond chaud, qui tout en étant sensuel et doux, (assez féminin) ne s'étale pas pour autant dans un registre très vanillé ou sucré, ce qui peut  aussi lui donner une dimension masculine. A noter que la concrète  met plus en valeur, à mon nez, la facette masculine de ce parfum, tandis que je l'ai trouvé plus féminin en le testant à la boutique du Palais Royal. Disons qu'il est plus subtile comme cela, ce qui accentue les interprétations et les ressentis que l' on peut avoir.


lundi 1 février 2010

De la rose, et de l'oud....

Je ne suis pas une addict de ces deux matières prises séparément, mais je trouve qu'elles se marient très bien ensemble.  On pourra s'en faire une idée grâce au prochain By Killian, Rose Oud, qui sortira au mois de mars prochain, mais que l'on peut déja sentir sur touche au Bon Marché. 


Cette nouveauté se veut une interprétation plus féminine du Pure Oud, sorti l'été dernier, dans le cadre de la collection Arabian Nights. Riche, à la fois doux et opulent, d'une texture huileuse, ce parfum offre d'abord une rose turque  (rose de damas) très imposante, par rapport aux notes boisées plus en sourdine.

 Néanmoins, celle-ci se pare de notes épicées, qui peuvent lui donner un petit aspect piquant et qui annoncent déja la dimension orientale de ce parfum. Au bout d'une demi heure au moins, la rose s'atténue nettement pour laisser place à un fond boisé, où domine l'oud, et la fragrance se fait plus douce, plus velours. Il s'en dégage alors un sentiment de chaleur et de confort très agréable. Le tout, composé de rose évidement, mais aussi de safran et de cardamome, pour la facette épicée, sur un fond d'oud et de patchouli, d'après la composition, donne la sensation d'un parfum sensuel, voire charnel, et dont l'opulence n'est pas sans évoquer le Moyen Orient. 

Cela m'a donc donné envie de ressentir l'extrait de parfum "Homage" d'Amouage, (malheureusement pas à la portée de tous les portefeuilles), qui peut donner cette même sensation de richesse et d'opulence, de féminité orientale. 



Très puissant, en raison de sa très forte concentration, les notes de tête sont très entêtantes, et l'on y sent déja une grande richesse de matières premières naturelles, où perce la rose, mais où l'on sent également se profiler des notes boisées, dont l'oud. A "vue de nez", j'y sens de la rose, du jasmin, (peut-être du cèdre), du santal  et de l'oud, mais il semblerait qu'il y ait également de l'ambre, de l'orange,du citron et  de l'encens dans sa composition. 

Sensuel, mais aussi très apaisant, mêlant force et douceur,  Homage nous transporte littéralement dans les pays du Moyen Orient. On réserve généralement les parfums orientaux ou enveloppants à la froideur hivernale, mais c'est précisément le type de parfum qu'on s'imagine porter par toutes petites touches sur la peau en été, à condition d'avoir la main vraiment légère. Car ce type de parfum puissant et voluptueux doit s'épanouir pour révéler toutes ses facettes et toute sa subtilité au contact de la chaleur estivale.