vendredi 30 mars 2012

Le romantisme à l'honneur chez Etat Libre d'Orange


Le petit dernier d'Etat Libre d'Orange explore un genre très féminin, celui des grands pafums à l'aura  affirmée. Riches et complexes,  dotés d'un  sillage puissant, ils ont fait la beauté d'une parfumerie telle que l'on a pu la connaître avant l'ère des parfums liftés par des tests marketing,  les privant ainsi d'une personnalité forte.

Tout en reprenant les codes d'une parfumerie classique, Etat Libre d'Orange, en collaboration avec Mathilde Bijaoui, qui avait déjà travaillé sur le primé et très original Like This, renouvelle le genre  avec sa « patte maison », à l'aide de notes agrumes piquantes,  (bergamote, citron), légèrement épicées (baies roses), sans oublier d'y ajouter sa signature, un effet un peu animal que l'on retrouve dans bon nombre de ses créations.

L'envie d'un parfum aux faux-airs de "guerlinade" , modernisée, un parfum faussement désuet, faussement sage,  dont le titre évoquerait cette réplique célèbre,  issue de la bande dessinée La Ballade de la mer salée, d'Hugo Pratt, "Adieu, Bijou Romantique", trottait depuis longtemps dans la tête du créateur de la marque, Etienne de Swardt.  Autour de l'idée d'une personnalité facettée, que l'on va travailler pour en faire ressortir toutes les subtilités, telle une pierre précieuse à l'état brut, que l'on aurait ciselée pour en proposer un bijou serti, s'est esquissée la fragrance d'une fausse ingénue, un parfum complexe et facetté qui nous plongerait en plein coeur du romantisme du 19ème siècle, à l'époque de Musset ou de Georges Sand.


Et cette image se traduit ici olfactivement par un parfum floral oriental poudré, empreint d'un coeur composé d'ylang-ylang et de jasmin, paré de notes pétillantes et hespéridées en tête, sur un fond très baumé, où l'absolu de vanille domine, aux côté du benjoin et du patchouli, mais aussi de notes poudrées telles que l'iris, assez présent. Pour moderniser ce coeur floral, tout en le rendant plus lascif,  Mathilde Bijaoui y a ajouté  un zeste de noix de coco, (jungle essence),  qui, marié aux notes vanillées, peut donner un effet légèrement "chocolaté" sur certaines peaux. 

Si l'on peut y voir  une construction plutôt traditionnelle au prime abord,  c'est heureusement sans compter la trame souvent animale et sexuelle que l'on retrouve dans plusieurs créations de cette marque. On distingue en effet cette base un peu charnelle,  typique de cette marque, légère mais présente, en filigrane. La vanille exhale ses charmes féminins et sensuels tout au long de l'évolution du parfum, bien qu'elle s'exprime plus nettement sur peau que sur touche. En effet, sur touche, l'envolée pimpante hespéridée en tête subsiste plus longuement, la touche de baies roses se distingue plus volontiers, ainsi que l'accord solaire ylang-ylang - noix de coco qui y est  plus présent. Sur peau, ce sont  les notes de fond baumées et poudrées qui s'affirment le plus,  laissant le reste plus en sourdine.

Tel un parfum-bijou exaltant toute la féminité de celle qui le porte, cette nouvelle fragrance d'Etat Libre d'Orange semble se fondre à la peau, comme un kaléidoscope, pour faire ressortir les différents visages que l'on possède tous. 



A découvrir au 69 rue des Archives, et désormais également sur le corner d'Etat Libre d'Orange à la Scent Room du Printemps, notamment le temps d'un cocktail prévu à cet effet, le jeudi 5 Avril prochain.



lundi 5 mars 2012

Profumum Roma débarque à Paris

La Scent Room du Printemps, véritable Temple du parfum, a récemment été "rénovée", pour accueillir la plupart des marques de niche existant actuellement sur le marché. Désormais, des maisons telles que Caron, Lutens, Goutal ou l'Artisan Parfumeur cotoient aussi bien Frédéric Malle, que Francis Kurdjian ou Etat Libre d'Orange.

Parmi ces nouvelles arrivées, on peut remarquer celle de la marque italienne Profumum Roma, inaccessible en France jusqu'ici, (si ce n'est un bref passage chez Aepure, avant que cette boutique ne mette la clef sous la porte). 





Cette entreprise familiale,  créée en 1996 en Italie, s'est d'abord fait connaître avec Acqua di Sale, (devenue depuis son best-seller en Italie), un parfum frais et iodé, aux notes salées et salycilées.

Cette marque se distingue par des flacons à grande contenance, aux fragrances très puissantes et tenaces. En effet, le pourcentage de concentré de parfum est très élevé,  (plus de 30%), offrant ainsi un beau sillage et une tenue irréprochable, voire hors du commun. Cette large gamme de fragrances, pour la totalité composées par la famille Durante, s'étend des hespéridés aux boisés ou épicés, en passant par quelques fruités  (notamment autour de la figue tel qu'Ichnusa), ou gourmands (Vanitas, Acqua E Zucchero).



Parmi celles-ci, celles qui m'ont le plus marquée sont Arso, Suavissima, Tuberosa ou Fiori d'Ambra. Arso est un parfum original aux notes résineuses, boisées, fumées voire cuirées en fond. Ce n'est pas du tout mon registre, mais je pense que c'est un des plus intéressants de la gamme. J'y sens du pin, de l'encens, des notes boisées telles que du cèdre ou du vétiver peut-être (mais dans ce cas un vétiver fumé type Java), et un fond cuiré, peut être grâce au styrax. La philosophie de la marque étant de retranscrire un moment vécu, une sensation, grâce à une émotion olfactive, Arso se veut évoquer un moment passé au coin du feu,  dans un chalet à la montage, en dégustant un verre de vin, .... en bonne compagnie.

Soavissima, un poudré qui ravira les adeptes de Teint de Neige, de Villoresi, est un joli féminin, censé représenter une femme descendant les marches sous un chapeau, dont on ne distinguerait pas le visage.  Sous des volutes très "talc", sans doute composées d'héliotropine, d'iris, et de vanille en fond, ce parfum est également très "fleurs blanches", autour du jasmin et de la fleur d'oranger. J'y perçois également un effet "cosmétique", autour de la rose.

Fiori d'Ambra, Tuberosa, et deux compositions autour de la figue (mais dont Jicky, sur son blog, vous parlera prochainement mieux que moi, puisque nous avons décidé de réaliser un billet croisé autour de cette maison), sont également intéressantes à découvrir. Et c'est, surtout, l'occasion de passer faire un coucou à Valérie, l'ancienne démonstratrice du stand Différentes Latitudes aux Galeries, qui vous présentera cette marque avec l'enthousiasme et la passion qu'on lui connaît.