mercredi 19 octobre 2011

Immortelle Marylin, le parfum aux deux visages.

Immortelle Marylin  n'est pas un parfum que je porterais, mais je le trouve néanmoins très intéressant à divers points de vue.

Le nom, dans un premier temps, ce jeu de mots qui évoque aussi bien Marylin Monroe, l'icône, éternelle, du glamour par excellence, que l'immortelle, cette plante caractéristique du maquis, matière première épicée rappelant l'odeur du curry.


La fragrance en elle-même, ensuite, propose un accord inhabituel, celui des notes épicées (noix de muscade, immortelle) associées à une trame poudrée (iris).  Dès les notes de tête, ce parfum surprend, avec sa touche de noisette, très inhabituelle dans une composition.  S'y ajoutent l'amorce épicée qui s'intensifiera au fûr et à mesure, avec l'immortelle; mais aussi une pincée de framboise, relativement discrète, mais  assez présente pour évoquer, aux côtés des notes poudrées, un effet maquillage un peu "lipstick".   Cette framboise se manifeste d'ailleurs plus, je trouve,  par un effet "ionone" (aux tonalités framboise, violette ou boisées) qu'à proprement parler fruit rouge. On note aussi dans la composition de l'ylang-ylang, même si sur ma peau, cette note florale reste en sourdine. 


Sur peau, justement, l'effet poudré et cosmétique, voire presque, ici, gourmand,  s'affirme plus que sur touche,  où les notes épicées et cuirées vont peu à peu prendre le dessus. Le parfum a tendance  à s'arrondir au porté,  alors que sur touche, en tête,  persiste une note plus  mordante, "dérangeante", au sens inhabituel du terme, peut-être dûe à l'association ylang-framboise - noisette et immortelle, mais aussi à la noix de muscade qui prend de l'ampleur dans l'évolution. Comme le souligne l'article qui est dédié à Immortelle Marylin sur Au parfum,  cette fragrance est intéressante, car l'on y perçoit une facette cosmétique, douce, à fois féminine et enfantine (un peu à la manière de Louve par exemple),  qui cohabite avec quelque chose de plus corsé, plus sombre, qui lui donne toute son originalité. Ces deux facettes peuvent symboliser l'ambivalence de la célèbre star, entre l'image solaire et sophistiquée qu'elle projetait sur le devant de la scène, et les angoisses plus noires qui l'habitaient. 

Passée l'ouverture du parfum s'impose donc la noix de muscade mais aussi le beurre d'iris, avec presque cet effet un peu "carotte", qu'on lui prête parfois. Apparaît progressivement une dimension cuirée, qui va s'harmoniser totalement avec l'aspect fumé de l'immortelle. Le parfum se fond peu à peu dans un ensemble sombre, dense et épicé, autour de l'absolu d'immortelle,  et ses accents "curry", dont la ténacité et la rémanence sont soutenues par les muscs et l'ambroxan en fond. 

Immortelle Marylin est donc une fragrance ambivalente, superposant une facette poudrée, symbole de la féminité absolue à un fond épicé, plus sec, qui peut plaire ou déplaire, mais assez novatrice dans son style. 




mardi 4 octobre 2011

De bonnes surprises pour la rentrée côté parfum.


Une fois n'est pas coutume, je trouve la rentrée riche en  émotions côté parfums. En effet, qu'il s'agisse de niche ou de mainstream, le mois de septembre nous a réservé quelques bonnes surprises. Trois parfums ont particulièrement retenu mon attention: Love eau intense de Chloe, Mon parfum Chéri d'Annick Goutal, et enfin, le Baiser volé de Cartier.

Love, eau intense n'a rien perdu de cet accord poudré et très propre, évoquant le gel douche Dove, en tête, qui caractérisait l'original, sorti en septembre dernier. Mais cet effet à la fois sage, propret, poudré, cotonneux, est ici comme  dévergondé de notes baumées et sensuelles en fond, délaissant le style féminin sage et chic de son aîné pour une eau de parfum plus séductrice et plus aguicheuse. Comme si cette version intense était le pendant nocturne du permier Love, Chloe.  On retrouve l'accord aisément identifiable de son aîné en tête, mais celui cohabite très vite avec un coeur et un fond enrichis en notes orientales.  Les notes de fleur d'oranger sont toujours  présentes, aux côtés de cet accord cosmétique rose-violette caractéristique des notes poudrées, d'odeur de maquillage et de talc. Mais si l'on reconnaît facilement cet accord, et donc la trame de l'original,   s'ajoutent de l'iris, (l'héliotrope y est aussi accentué), et surtout, un fond ambré, où la vanille joue la vedette aux côtés d'autres notes baumées, qui achèvent de donner ce charme sensuel et sexy qui manquait un peu au premier opus.


Le Baiser Volé, de Cartier, s'éloigne du registre du désormais regretté Baiser du Dragon, mais n'en reste pas moins une belle création, assez en marge de ce qui se fait en mainstream aujourd'hui.  Créé autour de l'idée d'un beau lys, fleur dont on ne peut extraire l'odeur à l'état naturel et dont il faut en restituer l'effet par d'autres procédés, ce parfum s'ouvre sur des notes un peu vertes, avec un effet "croquant", et un peu laiteux qui me rappelle vaguement Amaranthine. Peu à peu, le lys s'impose, dévoilant ses facettes "fleurs blanches" et épicées.  Je ne sais pas si ce lys a été ici reproduit à l'aide du headspace ou si on l'a reconstitué à l'aide d'autres fleurs blanches telles que l'ylang-ylang, mais ici ses aspects salés, que l'on retrouve dans Lys Méditerrannée de Fredéric Malle , sont délaissés au profit de notes épicées presque poivrées,  et d'une évolution poudrée, asssez inattendue pour ce registre. On distingue du galbanum en tête, de l'yang-ylang, pour l'effet bouquet floral, de l'eugénol, des notes poudrées telles que l'iris ou l'héliotropine, de la vanille en fond. L'effet est à la fois chic, sage, élégant, et empreint d'une certaine personnalité tout en restant dans un registre sobre.







Mon parfum Chéri m'avait beaucoup intriguée lors de son lancement en juin dernier,  car ses notes à la fois terreuses et presque "poussiéreuses" se déroulant vers une évolution plus fruitée (prunol), et poudrée (iris, héliotropine) en faisaient un parfum original et facetté.  Il me  faisait l'effet d'une fragrance tout droit sortie des années 40, rappelant les chypres de l'époque, avec cet effet un peu "fourrure", très Femme.  Cette structure très facettée fait que selon les jours où je le sens, certains aspects ressortent plus que d'autres. Aujourd'hui par exemple, c'est cet effet irisé, poudré, qui m'interpelle, m'évoquant des robes satinées, quelque chose de très féminin, d'autres fois, ce sont plutôt les accents terreux du patchouli et l'effet presque champignon, végétal de la feuille de violette, (et de l'octine, peut-être?),  qui me sautent au nez.  Deux aspects au prime abord assez éloignés qui cohabitent ici pour un effet tout en contraste: la féminité, le frôlement d'une robe en soie, en satin, qu'expriment les notes poudrées, cotoyant quelque chose de naturel, un peu "brut". Cet ensemble crée quelque chose de nouveau, jamais senti auparavant, même si bien sûr, Mon Parfum Chéri peut rappeller à coup sûr les grands chyprés d'époque,  (notamment avec cette prune que l'on retrouvait dans Femme de Rochas), il me semble d'ailleurs qu'un internaute a parlé d'un "parfum de garce" sur auparfum, et c'est une image qui me parle.