mardi 29 juin 2010

Développez votre Cinquième Sens!

 Cinquième sens, (en hommage au sens olfactif, vous l'aurez compris), est un organisme qui permet aux amoureux du parfum d'approfondir leurs connaissances. Qu'il s'agisse d'une journée découverte pour s'initier aux plaisirs du parfum ou de suivre un cursus de formation lorsqu'on n'a pas fait l'ISIPCA afin de se réorienter professionnellement, cette école propose différents stages pour toutes les envies. 

J'avais déja eu l'occasion de découvrir l'école en elle-même et une partie de l'équipe de formation  lors d'un petit déjeuner sur le thème "Parfum, personnalité et image", comme Cinquième Sens en donne régulièrement. C'est grâce à un cadeau d'anniversaire que j'ai pu mieux la découvrir puisqu'un parcours "Orgue du parfumeur" m'a été offert en février dernier. 

L'occasion, outre le fait de sentir de nombreuses matières premières, d'en apprendre plus sur Cinquième Sens. Fondé par Monique Schlienger (parfumeur créateur qui a appris son métier auprès de Jean Carl et à qui l'on doit entre autres l'Eau du Ciel) en 1976, assistée d'Isabelle Ferrand, cet organisme était destiné aux personnes qui n'ont pas suivi d'études de chimie d'accéder aux métiers de la parfumerie. En effet, convaincue que le fait d'être un bon nez ne passe pas forcément par des connaissances scientifiques mais plutôt par la sensibilité, le sens artistique, Monique Schlienger décide alors de proposer une nouvelle méthode de formation olfactive à travers la fondation de Cinquième Sens.

Aujourd'hui cette école s'ouvre donc aussi bien aux personnes souhaitant travailler dans l'univers de la parfumerie qu'aux particuliers curieux d'en savoir plus sur leur passion. Il est donc possible de s'initier aux joies du parfum grâce à l'Orgue du parfumeur et un atelier de création,  comme de suivre un perfectionnement olfactif en travaillant sur chaque grande famille, ou encore de creuser plus à travers un stage sur les différentes matières premières par exemple.


Lorsque je me suis rendue chez Cinquième sens au mois de mai, nous n'étions que deux pour l'atelier, ce qui nous a permis d'approfondir un peu mieux le travail sur les matières premières. Avant de commencer à sentir différentes essences ou matières de synthèse, nous avons étudié le système olfactif, de la physiologie de l'odorat, au lien entre le sens olfactif, la mémoire et les émotions.  Vient ensuite le portrait chinois d'une odeur, (à partir d'ici de l'héliotropine, puis de l'aldéhyde), que l'on décrit selon qu'elle nous évoque une couleur, une musique, un lieu....C'est assez amusant de constater les différences de perception de chacun  et cela permet de voir aussi, à travers ce que peut faire ressentir une matière, ce qu'elle peut apporter au parfum lors de sa création.

Nous entrons ensuite un peu plus dans le vif du sujet, de l'origine des différentes matières premières (comme par exemple la bergamote qui vient d'Italie), à  leur mode de fabrication.  Enfleurage, (méthode qui n'est presque plus utilisée de nos jours), distillation à la vapeur d'eau, extraction au Co², expression pour les agrumes, mais aussi procédé de fabrication des matières premières synthétiques. En effet, j'ai remarqué que les ateliers semblent de plus en plus mettre l'accent sur les matières synthétiques, probablement en raison de la paranoïa actuelle qui pousse les clients de parfumerie à demander frénétiquement si tel parfum se compose bien à 100 %  de matières naturelles, comme si celles de synthèse étaient dangereuses. A mon avis les différents cursus d'initiation veulent affirmer le message comme quoi les matières synthétiques sont nécessaires, que sans elles,  la parfumerie moderne n'existerait pas.  En effet, sans aldéhydes, le N°5 n'aurait pas vu le jour. 

En étudiant les différentes matières de synthèse,  on apprend  que certaines proviennent de plantes ou de matières premières naturelles (comme par exemple la coumarine, issue de la fève tonka), que d'autres sont uniquement le fruit d'une innovation scientifique,  (comme notamment les notes marines,) sans oublier les reproductions. En effet, il existe certaines fleurs dont on ne peut extraire l'odeur, donc on les reproduit, ne serait-ce que le muguet par exemple.  Je ne vais passer en revue tout ce que l'on apprend ici, sinon ce serait dévoiler tout l'atelier. 


L'orgue du parfumeur s'achève sur  la pyramide olfactive d'un parfum, c'est d'ailleurs l'occasion de comprendre pourquoi on représente la composition d'un parfum de cette manière. Petit plus,  pour ceux qui ont l'ont choisi lors de l'inscription:  repartir avec un olfactorium pour continuer l'entraînement chez soi. Il vous est également possible d'opter aussi pour un "atelier de création" qui s'enchaîne dans la même journée, pour parfaire votre incursion dans cet univers.

De nombreux autres stages chez Cinquième sens, vous attendent ici, si cela vous intéresse.


jeudi 24 juin 2010

Nuit Noire, de Mona Di Orio.

Il y a longtemps que le fameux Nuit Noire de Mona di Orio m'intriguait, ayant lu de très bons avis  sur auparfum.com,  à la différence de ceux de Luca Turin, qui dans son guide, assassine toutes ses créations.  Je trouve ça curieux, car en effet, sans avoir testé de manière approfondie tous les parfums de Mona di Orio, la plupart semblent empreints  de ce charme vintage du début du siècle, notamment Nuit Noire.  Je crois que Jeanne d'au parfum le décrivait comme "tout droit sorti du laboratoire d'Aimé Guerlain" et c'est en effet la sensation que cette création donne: de la densité, de la complexité et de belles matières premières associées à quelque chose d'animal. 

Cette animalité saute d'ailleurs au nez dès les premières minutes lorsqu'on vaporise le parfum.  Cette impression un peu "violente" m'avait d'ailleurs plus marquée sur touche, car elle se fait plutôt furtive sur peau. Certes le parfum garde cette dimension animale tout au long de son évolution, mais les premières notes  sont un peu "criardes", acides, et peuvent surprendre, d'autant plus qu'elles laissent percevoir la présence de civette  (ou un équivalent moderne) dans la composition. Le départ est pour le moins original, avec sa dose d'agrumes articulés autour de la fleur d'oranger. C'est d'ailleurs peut-être  l'orange guinnée  qui  contribue à donner ce départ inhabituel au parfum, (qui ne s'apparente pas à quelque chose d'hespéridé classique). Ceci d'autant plus qu'elle est associée à la cardamome, comme pour annoncer la dimension épicée du parfum, qui finit d'achever cette sensation un peu violente des notes de tête.  Mais ce sentiment s'estompe plutôt vite finalement, tandis que la fleur d'oranger continue de s'imposer au coeur de l'évolution du parfum.


Cet élément central est d'ailleurs bien choisi puisque Nuit Noire, (outre un hommage à Serge Lutens)  se veut aussi une ôde aux  nuits tunisiennes. En effet, passées les notes de tête, la fleur d'oranger domine toujours mais  s'accompagne d'autres fleurs blanches, telles que le jasmin semble-t-il, ou encore la tubéreuse d'après la pyramide. A ce stade, le parfum s'adoucit nettement, pour laisser place à une texture veloutée, toute en rondeur, féminine à souhait. Des épices viennent tout de même troubler cette sensation de douceur, notamment le clou de girofle, qui pourrait presque évoquer l'oeillet ici, contribuant à apporter ce charme un peu vintage au parfum. D'autres épices relèvent un peu le coeur, comme la cannelle et l'oliban, qui apportent cette dimension orientale, d'autant plus qu'ils s'associent peu à peu à une facette boisée. Sur ma peau le cèdre est très affirmé au côté de la fleur d'oranger, mais on note également du santal dans la composition. Tout ce coeur dense donne quelque chose d'à la fois doux et chaud, toujours empreint de cette touche animale qui s'étire sur le fond.

Malheureusement sur ma peau je ne distingue pas trop l'accord ambré promis dans les notes de fond, mais en revanche je sens nettement un fond très musqué,  doux, mais charnel. Si la fêve tonka est présente, les notes cuirées ne s'affirment pas vraiment non plus, tandis que persiste longtemps, très longtemps, cette base musquée, animale, dans la veine des grands classiques du début du siècle. En effet Nuit Noire tient très bien, en plus d'un sillage enveloppant.

Un  beau parfum en somme, doté d'une belle évolution, d'un caractère certain, qui peut plaire ou déplaire mais pas laisser indifférent.

A noter que si  Mona Di Orio consacre ici un hommage à Serge Lutens, c'est avec Edmond Roudnitsa qu'elle a fait ses classes. Vous pouvez notamment découvrir la totalité de ses créations à la boutique Marie Antoinette, dans le Marais, place Sainte Catherine.


jeudi 17 juin 2010

Jeu Concours Ego Facto

Il y a un peu plus d'un an maintenant, nous avions l'occasion de découvrir la gamme Ego Facto dans les boutiques Marionnaud. Il s'agissait d'une série de 7 parfums différents, qui avaient vocation à proposer une autre vision de la parfumerie mainstream. Audace et création étaient à l'honneur, tout en offrant un prix accessible.  Jamais le dimanche, innovant avec une touche de marijuana dans sa composition,  a d'ailleurs été primé aux Fifi awards en avril dernier. 
Pierre Aulas, le créateur de cette gamme, conseiller olfactif pour de grands groupes, et notamment Mugler pour qui il a travaillé sur le projet Womanity, vous propose de redécouvrir Ego Facto et de gagner à cette occasion un an de parfum "Déclaration d'Ego".

Le principe? A partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au 28 juin, il s'agit de rédiger une déclaration d'égo. Les 5 meilleures déclarations pourront bénéficier d'un an parfumé avec une dotation de 5 eaux de parfums, tandis que les cent suivantes profiteront chacune d'un vaporisateur découverte de 10 ml. 

Vous pouvez redécouvrir les 7 parfums ici et faire votre déclaration

Les vainqueurs seront prévenus personnellement et les résultats affichés sur le site d'Ego facto à compter du 5 juillet prochain. 

Bonne chance!

mardi 15 juin 2010

L'atelier Secrets de parfum par Elisabeth de Feydeau....

Dans le cadre des Ateliers Mugler, il est possible d'assister à "Secrets de parfums" animé par Elisabeth de Feydeau. Tous les ateliers que l'on peut y suivre sont passionnants pour qui aime le parfum, mais j'avais envie d'attirer l'attention sur celui-ci en ce qu'il offre une approche vraiment originale de cet univers. 


Cet atelier permet d'envisager le parfum d'un point de vue historique et sociologique. Des origines du parfums dans l'Antiquité, à la "dictature" actuelle des notes gourmandes, Elisabeth de Feydeau retrace plus de deux mille ans d'histoire parfumée. Vous y apprendrez la naissance des senteurs à travers l'idée du sacré et de la religion, l'idée de soin, d'apaisement, aussi bien que l'essor des colognes à la cour des rois.  C'est également l'occasion de revoir les origines de la parfumerie moderne avec la création de Jicky, et la multitude de  grands classiques qui ont traversé le vingtième siècle. Vous pourrez d'ailleurs , pour votre plus grand plaisir, en sentir quelques uns afin d'illustrer les propos d'Elisabeth de Feydeau. Et c'est bien sûr, enfin, une belle façon de faire un point sur l'univers du parfum en ce début de troisième millénaire.


A noter que plein d'autres thèmes à explorer vous attendent chez Thierry Mugler,  comme par exemple, les coulisses de la création olfactive avec Diane Thaleimer, ou Passion-nez avec Patty Canac, que je vous recommande vivement,  à partir du mois d'octobre prochain. Quant au prochain atelier "Secrets de parfum", il aura lieu le 7 décembre 2010.

Plus d'informations sur le site des ateliers Mugler:  www.ateliersparfums.com

mercredi 2 juin 2010

Parfum vintage: My Sin de Lanvin, (extrait et edt)

J'ai déniché, lors d'une brocante, un petit flacon  d'extrait de My Sin, et je suis tombée depuis sous le charme de ce parfum.  Je me suis ensuite lancée en quête d'une version eau de toilette sur ebay afin de mieux apprécier son sillage  lorsque je le portais. Pour tout avouer, je ne le connaissais pas avant de l'acheter, j'en avais déja entendu parler, or  il m'a semblé sur le coup que cet extrait vintage n'avait pas viré. J'ai donc craqué, bien m'en a pris.... Ce beau floral aldéhydé est de toute beauté et d'une animalité qui n'a rien à envier à certains orientaux. 



Créé en 1924, époque qu'il reflète bien de par la séduction d'un autre temps, entre boudoirs et lingerie fine, il n'a pourtant rien de désuet puisqu'il m' valu quelques compliments. Soyeux, velouté, il  peut évoquer la peau d'une femme, l'extrême féminité, une certaine intimité également qui aurait quelque chose de charnel,  tout en finesse.  C'est à Mme Zed qu'on le doit, femme russe qui l'a créé pour Lanvin parmi quelques autres créations au cours de cette période.




My sin, Mon péché en français, porte bien son nom, tout chaleureux et profond qu'il est. Très aldéhydé en tête, surtout dans sa version edt, d'une tonalité plus claire et lumineuse que l'extrait,  dans laquelle on perçoit d'ailleurs plus la note citronnée et celle de la sauge, il laisse pourtant dès le départ entrevoir une petite touche  dorée, légèrement miellée. Nettement plus présente dans l'extrait, cette touche de néroli/fleur d'oranger (je ne saurais être précise ici),  donne le "la": celui du coeur où le parfum va peu à peu se dévoiler. 




En effet, My sin peut se vanter d'un magnifique coeur floral, composé de rose et jasmin, m'a-t-il semblé distinguer presque uniquement aux premiers tests. C'est au premier d'abord difficile d'en déceler chaque note, surtout dans l'extrait, tant il donne une sensation compacte de matières premières fondues et liées les unes aux autres. En persistant, on y sent très nettement du ylang ylang, qui vient assoir la petite touche dorée du départ. Celle-ci se fait d'ailleurs nettement plus lumineuse dans l'edt.  Pour autant, le parfum à ce stade n'est pas réellement opulent ou narcotique mais plutôt d'une exquise douceur, évoquant une intimité un peu charnelle.  On y perçoit aussi quelques relents épicés, sans doute dûs à la présence de clou de girofle,  tout en gardant quelque chose de très élégant, grâce à l'iris.  D'après sa composition, il semblerait que ce "péché" soit aussi doté de muguet, lilas et jacinthe, moins évidents à mon nez,  si ce n'est peut-être dans l'edt. 


La douceur et la féminité  de la rose et du jasmin s'étire sur un fond  un peu musqué, me semble-t-il, tout en  étant très  animal grâce à  la civette, qui lui donne ce "petit quelque chose" en plus.  La touche légèrement miellée du départ, se prolonge également grâce à la vanille  et au baume du Tolu, présents en notes de fond, ainsi qu'à une touche ambrée, bien que celle-ci n'apparaisse pas dans la pyramide.  Inutile de préciser que cet aspect ne fait qu'ajouter à la dimension sensuelle et captivante de My Sin. Enfin, des notes boisées de vétiver et de cèdre, surtout en edt, viennent achever de donner toute sa beauté et toute sa dimension au parfum.





Rond, séducteur un  peu à la manière du n°5 lorsqu'il était encore doté de ses notes animales en fond,  My Sin semble structuré d'une main de maître, tant à mes yeux c'est une véritable chef d'oeuvre d'un autre temps. Pourtant, je le trouve encore tout à fait portable, surtout si l'on cultive un look plus jeune qui contraste un peu avec. Le seul regret que j'avais tenait à son manque d'ampleur en extrait, dans le sens où il se fait parfum de peau, comme s'il  jouait en sourdine, bien là mais perceptible seulement des proches qui auraient le droit de s'approcher. Ceci n'est pas sans charme, mais j'aime les parfums à sillage, c'est pourquoi le compléter avec L'eau My Sin permet de dégager un peu plus de ses délicieuses effluves.  A noter d'ailleurs que cette eau de toilette est d'une excellente tenue pour  sa concentration, surtout si on la compare à la ténacité des edt actuelles.