jeudi 29 décembre 2011

Nu d'YSL: une sensualité à fleur de peau.

Les collections  exclusives étant à la mode en parfumerie, il est devenu presque indispensable pour toute  grande marque qui se respecte, (même si la qualité est souvent inégale d'une maison à l'autre),  de sortir "sa collection" afin d'apporter une touche de glamour à son catalogue et redorer son image d'un aspect "luxe".

Yves Saint-Laurent ne déroge donc pas à la règle, même si cette collection n'est pas exclusivement réservée aux boutiques, mais accessible dans presque toutes les chaînes de distribution actuelles.  Huit parfums, quatre féminins, et quatre masculins, pour la plupart des fragrances déja connues du public et encore sur le marché, (Yvresse, Jazz, M7...), relookées pour l'occasion, à l'exception d'In Love Again et de Nu, deux beaux parfums discontinués dans le courant des années 2000 au grand dam de leurs adeptes. 

Je n'ai pas malheureusement pas connu Nu, lors de sa sortie au début des années 2000, je ne peux donc pas juger de sa très probable reformulation actuelle, mais j'ai beaucoup apprécié cette réédition. Il semblerait qu'à l'époque ce parfum fût arrêté par manque de succès: son flacon n'étant manifestement pas flatteur, et son odeur malheureusement pas assez consensuelle pour plaire au plus grand nombre. Chose assez surprenante d'ailleurs, puisqu'à en juger la réaction des clientes, récemment, en magasin, la plupart trouvaient cette fragrance originale, sensuelle, intrigante....

Ici encore, je ne saurais dire s'il s'agit de la réédition de la version eau de toilette ou eau de parfum,  (voire un mix des deux), ne les ayant pas senties quelques années plus tôt, mais ce parfum de peau m'a séduite, avec ses accents épicés et boisés, très doucement fleuris. Véritable parti pris, à l'époque où Monsieur Yves Saint Laurent était encore vivant, la marque depuis sa mort n'ayant que peu usé de l'audace qu'on lui connaissait, Nu oscillait entre codes masculins et féminins,  jouant  sur une corde légèrement androgyne, et pourtant très sensuelle.   

Cette fragrance s'ouvre sur une sensation épicée, entre les notes de cardamome et d'élemi (aux côtés de la bergamote), en tête, et le fond que l'on perçoit déja, très encens.  Cette bouffée de notes piquantes s'adoucit pourtant très vite sur la peau, pour se muer en une caresse veloutée, probablement en raison de l'aspect lacté du santal, mais aussi grâce au jasmin, qui vient enrober ce parfum épicé et boisé d'un voile de douceur. Au coeur de cette composition domine très nettement l'absolu d'encens,  avec ses accents chauds-froids, apportant non seulement de l'élégance et du caractère au parfum, mais aussi une aura mystérieuse, qui ne laisse pas indifférent.  Un fond boisé  (patchouli, santal) prolonge cet effet, aux cotés d'une pointe de vanille qui vient arrondir ici la partition. 


Ce parfum porte bien son nom, Nu, puisque c'est vraiment un parfum de peau, au sillage plutôt discret....Voire un peu trop hélas, et c'est là où le bat blesse: si ce parfum tient, son ampleur diffusive, en revanche, s'évanouit assez rapidement, au bout de quelques heures à peine, il faut vraiment approcher son poignet pour le sentir, telle une seconde peau, (mais peut-être cela dépend il de la personne qui le porte, bien sûr). 

C'est en tout cas une belle composition de Jacques Cavallier,  à (re)découvrir, éloignée du registre plus convenu des grands floraux,  en rupture totale avec les gourmands et les "patchoufruits" qui fleurissent sans cesse sur le marché. 



mardi 29 novembre 2011

Hammam Bouquet, Penhaligon's.

Après une période intense d'envoi de cvs à tout va, et une bonne crève qui m'a privée d'odorat affûté pendant presque dix jours, je peux enfin reprendre la plume, pour vous parler d'un parfum que je trouve d'une belle richesse: Hammam Bouquet de Penhaligon's

Bon, je n'ai certes toujours pas retrouvé de réel emploi intéressant depuis, mais mon nez, lui, a été séduit par cette rose turque opulente, sur fond ambré et boisé.  Premier parfum de la prestigieuse maison anglaise, créé en 1872 en hommage aux bains turcs, Hammam Bouquet se destine d'abord aux hommes, bien qu'aujourd'hui il me semble qu'il puisse être tout à fait  mixte. 


Avec quelques notes arômatiques,  en tête, qui évoquent l'ambiance du barbier, Hammam Bouquet se pare d'entrée de jeu d'une rose turque, aux accents un peu citronnés et acides en tête, bien que fugaces.  C'est ensuite une rose opulente et imposante qui se déploie sur peau,  généreuse, veloutée,  intense, légèrement relevée de notes épicées.  Autour de la rose s'articulent des fleurs blanches, plus discrètes, notamment du jasmin, et peut-être un soupçon de fleur d'oranger, qui dotent la fragrance d'une belle densité.

Le fond s'achève sur des notes ambrées, (vanille mais peut-être aussi labdanum, apportant une légère touche animale), et boisées, parmi lesquelles dominent le santal, qui vient adoucir la composition. Il me semble également y percevoir un effet mousse de chène, (sans doute plutôt de l'évernyl au vu des restrictions actuelles), aux inflexions à la fois un peu vintages et animales, donnant  ainsi de la texture et du corps au parfum.  L'effet d'ensemble est à la fois classique, ancien , mais aussi charnel, je pense d'ailleurs qu'à l'origine les notes de fond devaient contenir de la civette, certainement aujourd'hui remplacée par une matière synthétique aux effets approchants.

Je ne sais pas si cet Hammam Bouquet est un parfum que je porterais,  (la rose, lorsqu'elle est trop présente dans une composition, a tendance à m'envahir), mais je lui trouve un charme aussi bien désuet que profond, propre aux grands parfums  anciens qui, s'ils traversent les décennies,  gardent  une âme particulière, un côté "rétro" mais aussi sensuel, parce la richesse des matières premières les font vivre et vibrer sur peau.  (J'imagine bien sûr, que depuis 1872, le parfum a dû être reformulé, mais on y décèle une volonté particulière de maintenir celui-ci dans un effet de tradition).



mercredi 19 octobre 2011

Immortelle Marylin, le parfum aux deux visages.

Immortelle Marylin  n'est pas un parfum que je porterais, mais je le trouve néanmoins très intéressant à divers points de vue.

Le nom, dans un premier temps, ce jeu de mots qui évoque aussi bien Marylin Monroe, l'icône, éternelle, du glamour par excellence, que l'immortelle, cette plante caractéristique du maquis, matière première épicée rappelant l'odeur du curry.


La fragrance en elle-même, ensuite, propose un accord inhabituel, celui des notes épicées (noix de muscade, immortelle) associées à une trame poudrée (iris).  Dès les notes de tête, ce parfum surprend, avec sa touche de noisette, très inhabituelle dans une composition.  S'y ajoutent l'amorce épicée qui s'intensifiera au fûr et à mesure, avec l'immortelle; mais aussi une pincée de framboise, relativement discrète, mais  assez présente pour évoquer, aux côtés des notes poudrées, un effet maquillage un peu "lipstick".   Cette framboise se manifeste d'ailleurs plus, je trouve,  par un effet "ionone" (aux tonalités framboise, violette ou boisées) qu'à proprement parler fruit rouge. On note aussi dans la composition de l'ylang-ylang, même si sur ma peau, cette note florale reste en sourdine. 


Sur peau, justement, l'effet poudré et cosmétique, voire presque, ici, gourmand,  s'affirme plus que sur touche,  où les notes épicées et cuirées vont peu à peu prendre le dessus. Le parfum a tendance  à s'arrondir au porté,  alors que sur touche, en tête,  persiste une note plus  mordante, "dérangeante", au sens inhabituel du terme, peut-être dûe à l'association ylang-framboise - noisette et immortelle, mais aussi à la noix de muscade qui prend de l'ampleur dans l'évolution. Comme le souligne l'article qui est dédié à Immortelle Marylin sur Au parfum,  cette fragrance est intéressante, car l'on y perçoit une facette cosmétique, douce, à fois féminine et enfantine (un peu à la manière de Louve par exemple),  qui cohabite avec quelque chose de plus corsé, plus sombre, qui lui donne toute son originalité. Ces deux facettes peuvent symboliser l'ambivalence de la célèbre star, entre l'image solaire et sophistiquée qu'elle projetait sur le devant de la scène, et les angoisses plus noires qui l'habitaient. 

Passée l'ouverture du parfum s'impose donc la noix de muscade mais aussi le beurre d'iris, avec presque cet effet un peu "carotte", qu'on lui prête parfois. Apparaît progressivement une dimension cuirée, qui va s'harmoniser totalement avec l'aspect fumé de l'immortelle. Le parfum se fond peu à peu dans un ensemble sombre, dense et épicé, autour de l'absolu d'immortelle,  et ses accents "curry", dont la ténacité et la rémanence sont soutenues par les muscs et l'ambroxan en fond. 

Immortelle Marylin est donc une fragrance ambivalente, superposant une facette poudrée, symbole de la féminité absolue à un fond épicé, plus sec, qui peut plaire ou déplaire, mais assez novatrice dans son style. 




mardi 4 octobre 2011

De bonnes surprises pour la rentrée côté parfum.


Une fois n'est pas coutume, je trouve la rentrée riche en  émotions côté parfums. En effet, qu'il s'agisse de niche ou de mainstream, le mois de septembre nous a réservé quelques bonnes surprises. Trois parfums ont particulièrement retenu mon attention: Love eau intense de Chloe, Mon parfum Chéri d'Annick Goutal, et enfin, le Baiser volé de Cartier.

Love, eau intense n'a rien perdu de cet accord poudré et très propre, évoquant le gel douche Dove, en tête, qui caractérisait l'original, sorti en septembre dernier. Mais cet effet à la fois sage, propret, poudré, cotonneux, est ici comme  dévergondé de notes baumées et sensuelles en fond, délaissant le style féminin sage et chic de son aîné pour une eau de parfum plus séductrice et plus aguicheuse. Comme si cette version intense était le pendant nocturne du permier Love, Chloe.  On retrouve l'accord aisément identifiable de son aîné en tête, mais celui cohabite très vite avec un coeur et un fond enrichis en notes orientales.  Les notes de fleur d'oranger sont toujours  présentes, aux côtés de cet accord cosmétique rose-violette caractéristique des notes poudrées, d'odeur de maquillage et de talc. Mais si l'on reconnaît facilement cet accord, et donc la trame de l'original,   s'ajoutent de l'iris, (l'héliotrope y est aussi accentué), et surtout, un fond ambré, où la vanille joue la vedette aux côtés d'autres notes baumées, qui achèvent de donner ce charme sensuel et sexy qui manquait un peu au premier opus.


Le Baiser Volé, de Cartier, s'éloigne du registre du désormais regretté Baiser du Dragon, mais n'en reste pas moins une belle création, assez en marge de ce qui se fait en mainstream aujourd'hui.  Créé autour de l'idée d'un beau lys, fleur dont on ne peut extraire l'odeur à l'état naturel et dont il faut en restituer l'effet par d'autres procédés, ce parfum s'ouvre sur des notes un peu vertes, avec un effet "croquant", et un peu laiteux qui me rappelle vaguement Amaranthine. Peu à peu, le lys s'impose, dévoilant ses facettes "fleurs blanches" et épicées.  Je ne sais pas si ce lys a été ici reproduit à l'aide du headspace ou si on l'a reconstitué à l'aide d'autres fleurs blanches telles que l'ylang-ylang, mais ici ses aspects salés, que l'on retrouve dans Lys Méditerrannée de Fredéric Malle , sont délaissés au profit de notes épicées presque poivrées,  et d'une évolution poudrée, asssez inattendue pour ce registre. On distingue du galbanum en tête, de l'yang-ylang, pour l'effet bouquet floral, de l'eugénol, des notes poudrées telles que l'iris ou l'héliotropine, de la vanille en fond. L'effet est à la fois chic, sage, élégant, et empreint d'une certaine personnalité tout en restant dans un registre sobre.







Mon parfum Chéri m'avait beaucoup intriguée lors de son lancement en juin dernier,  car ses notes à la fois terreuses et presque "poussiéreuses" se déroulant vers une évolution plus fruitée (prunol), et poudrée (iris, héliotropine) en faisaient un parfum original et facetté.  Il me  faisait l'effet d'une fragrance tout droit sortie des années 40, rappelant les chypres de l'époque, avec cet effet un peu "fourrure", très Femme.  Cette structure très facettée fait que selon les jours où je le sens, certains aspects ressortent plus que d'autres. Aujourd'hui par exemple, c'est cet effet irisé, poudré, qui m'interpelle, m'évoquant des robes satinées, quelque chose de très féminin, d'autres fois, ce sont plutôt les accents terreux du patchouli et l'effet presque champignon, végétal de la feuille de violette, (et de l'octine, peut-être?),  qui me sautent au nez.  Deux aspects au prime abord assez éloignés qui cohabitent ici pour un effet tout en contraste: la féminité, le frôlement d'une robe en soie, en satin, qu'expriment les notes poudrées, cotoyant quelque chose de naturel, un peu "brut". Cet ensemble crée quelque chose de nouveau, jamais senti auparavant, même si bien sûr, Mon Parfum Chéri peut rappeller à coup sûr les grands chyprés d'époque,  (notamment avec cette prune que l'on retrouvait dans Femme de Rochas), il me semble d'ailleurs qu'un internaute a parlé d'un "parfum de garce" sur auparfum, et c'est une image qui me parle. 

jeudi 1 septembre 2011

Modalités d'inscription pour la soirée des lecteurs du 14 septembre.

Chers lecteurs, 

Si vous souhaitez participer à notre deuxième soirée des lecteurs le 14 septembre prochain, sur le thème des parfums Vintage, vous pouvez dès maintenant envoyer un mail à l'adresse suivante:
constance.deroubaix@clarinsgroup.net , pour vous inscrire. 

Les 40 premières personnes, des 4 blogs confondus (Olfactorum, Ambre gris, Poivre bleu et My blue Hour), à envoyer un mail  seront donc inscrites pour participer à cette soirée, de 19h à 22h30, dans les locaux des Ateliers Mugler, avenue de l'Opéra. Vous y découvrirez de grands classiques dans leur formulation d'époque, et Monique Rémy, nous fera l'honneur de sa présence pour nous faire sentir de belles matières premières et pour répondre à toutes vos questions sur ce thème. 

Nous vous informerons bien sûr de la clôture des inscriptions, et un mail sera envoyé aux participants pour préciser le déroulement de la soirée. 

Dans l'attente de partager ce moment avec vous, "à vos mails, prêt, partez"!


mardi 30 août 2011

Petit tour d'horizon des nouveautés parfum

Comme chaque année, la fin des vacances nous offre son lot de nouveautés parfumées, histoire de se consoler des beaux jours qui s'achèvent . De nombreuses marques mainstream  font donc leur rentrée, et c'est l'occasion d'une petite revue olfactive.

Maddly, de Kenzo, sur papier, avait tout pour me plaire:   fleur d'oranger, héliotropine, vanille, cèdre... la lecture de la pyramide olfactive m'avait mis l'eau à la bouche. Malheureusement,  sur peau,  c'est une autre histoire. Certes il y a bien cette texture poudrée, un peu cosmétique (dûe à la présence de rose, d'héliotropine, et de vanille), qui rend le parfum assez séduisant,  avec des notes de tête hespéridées et fraîches, qui apportent un peu d'équilibre à la composition, mais.... très rapidement le parfum s'essouffle, à tel point que j'ai du mal à distinguer les différentes notes, tant il se mue en quelque chose de terne et de sourd. J'ai d'abord pensé que c'était ma peau qui l'étouffait, mais il semble que sur touche ce soit pareil. Très peu diffusif, et mis à part sa texture poudrée, ses notes florales, et un fond plus vanillé boisé-musqué, Madly de Kenzo reste discret au point qu'il est difficile de lui trouver un quelconque caractère. C'est dommage, les premières effluves de la composition ainsi que les notes annoncées laissaient rêveur....






Candy de Prada: Le registre sucré et gourmand chez Prada avait de quoi en surprendre plus d'un.... L'élégance classique et discrète de la marque cède ici la place à des notes gustatives, dans la mouvance actuelle, ce qui pouvait laisser craindre le pire. Heureusement, la gourmandise est traitée avec une relative finesse, dans l'esprit de la marque.  Nous ne sommes pas dans le caramel lourd et praliné auquel on aurait ajouté, comme dans de nombreux parfums gourmands qui ont suivi Angel, du patchouli et des notes fruitées. Non ici il s'agirait plutôt d'une odeur de caramel brûlé, sans autres notes sucrées pour l'alourdir sinon la sensualité des baumes. Résultat, même si le caramel et les bonbons ne sont pas ma tasse de thé, ces effluves caramélisées brûlées, un peu poudrées (présence d'héliotropine et d'iris), vanillées et baumées, restent plaisantes, dans le genre. L'éthyl maltol, qui domine la composition d'un bout à l'autre, gagne à être associé au benjoin, qui vient  lui apporter un peu d'élégance, mais aussi de la sensualité, là où de nombreuses notes fruitées réussissent d'habitude à le rendre écoeurant. Ethylmaltol, benjoin, mais aussi héliotropine, vanille, vaniline, baume du tolu et muscs, autant de notes qui font de cette gourmandise une réussite dans ce registre, preuve que chez Prada, la sucrerie peut avoir son charme, (même si ce n'est pas mon univers préféré),  sans tomber dans l'ultracalorifique à vous rendre malade.

  
L'homme libre, d'YSL:  avec son dyhydromercenol (DHmol) omniprésent, il fait partie des cancres de la rentrée. Pas d'évolution particulièrement intéressante, rien de nouveau sous le soleil, juste l'envie de passer son chemin. 

Le Dahlia Noir: joli nom pour cette nouveauté qui change des titres à rallonge  et des déclinaisons à n'en plus finir du style  "Very very irresistible summer fuit fresh"  que l'on retrouvait dernièrement chez Givenchy. Comme Méchant Loup, je suis partagée concernant ce parfum; je lui ai trouvé un effet un peu rétro, un peu chypré loin des néo chypres  que l'on retrouve partout. D'un autre côté, l'accord rose patchouli , omniprésent dernièrement en parfumerie, est ici, une fois de plus, repris.  Et surtout, on sent en fond cet effet bois ambré très montant, qui donne cette tournure  un peu chimique à la composition, assez décevante. Ensuite, il faut lui reconnaître  que cet aspect poudré que l'on sent poindre dès les notes de tête,  a son charme,  et que le parfum se distingue un peu de ces fragrances aux notes rose-patchouli-pêche que l'on sent partout, mais son fond très ambroxan agresse un peu et donne une sensation chimique peu agréable.

A très bientôt pour vous donner les consignes d'inscription concernant la soirée du 14 septembre!




lundi 15 août 2011

Save the date!

Chers lecteurs,

En novembre dernier nous nous étions réunis, au sein des locaux des Ateliers Mugler, (grâce à leur très aimable participation), le temps d'une soirée sur le thème des grands accords de la parfumerie, chacun illustré par un parfum emblématique "coup de coeur" de nous tous. 

Nous avions évoqué la possibilité d'un autre évènement, et chose promise, chose dûe, nous vous proposons à nouveau de nous réunir le temps d'une soirée le 14 septembre, au même endroit, avenue de l'Opéra. Cette fois ci le thème sera celui des parfums "vintage" et de leur reformulations. Thierry, (Méchant Loup), Juliette (Poivre bleu), Sixtine (Ambre gris) et moi même animerons la soirée autour de grands parfums que nous vous présenterons dans leur version vintage, et nous discuterons ensuite de leur évolution/reformulation  dans le temps. Pour votre plus grand plaisir, vous aurez aussi l'occasion de rencontrer au cour de la soirée une personnalité importante de la parfumerie.

Comme la dernière fois, un traiteur sera là pour régaler nos papilles, et nous pourrons compter sur la participation de Constance et Aurélie des Ateliers Mugler pour animer la soirée avec nous, ainsi que celle de Fabienne Antoniewski, journaliste spécialisée dans le domaine des parfums. 

En attendant de nous retrouver à la rentrée pour cette soirée, nous vous indiquerons la marche à suivre pour les inscriptions lors d'un prochain post le 1er septembre. 


lundi 4 juillet 2011

Batucada: l'Artisan Parfumeur visite le Brésil.

C'est avec plaisir que je reprends ici la plume, suite à une période d'inactivité: manque d'inspiration (oui, comme vous l'aurez peut-être constaté par vous-même, les derniers mois, entre l'Air de Nina Ricci,  Jimmi Choo et autres splendeurs de la parfumerie moderne, l'actualité ne s'est pas beaucoup prêtée aux coups de coeur), problèmes sur blogspot, manque de temps.... autant de raisons qui m'avaient momentanément fait délaisser mon blog.  

Heureusement, l'inspiration est revenue, notamment grâce au dernier-né de l'Artisan Parfumeur, Batucada, une eau de toilette soufflant le chaud et le frais, en hommage au Brésil. Composée par deux nez, français et brésilien, Karine Vinchon Spehner, (à qui l'on doit le Coeur de Vétiver Sacré, sorti l'an dernier) et Elisabeth Maier, cette eau de toilette évoque aussi bien les fameuses caïpirinhas, que les odeurs de peau ensoleillées, sur fond baumé de sensualité latine. 

Dédiée à cette danse sensuelle, la Batucada, qui signifie "les battements du coeur", cette nouvelle eau de toilette s'ouvre sur des notes hespéridées de citron vert (limette), mariées à de la menthe crépue, mais aussi à de la lie de vin, pour évoquer l'odeur de la caïpirinha, (un de mes cocktails favoris, au passage). Cette sensation très réaliste est assez saisissante ici, tandis que le davana vient ajouter un effet légèrement fruité, qui ajoute à l'aspect rafraïchissant des notes de tête. 

Mais Batucada n'est pas seulement un parfum frais, puisqu' il va dévoiler en coeur le côté charnel et ensoleillé des fleurs blanches, avec un ylang-ylang très présent, dont on a déployé l'effet solaire avec  des notes salicylées, mais aussi un accord fleur de tiaré. Comme l'ylang -ylang développe parfois des effluves un peu "banane", (comme dans Vanille Galante d'Hermès par exemple), je me demande si ce n'est pas le cas ici, et si l'on aurait pas ajouté un peu d'acetate de benzyl à la composition, à moins que ce ne soit la combinaison avec le davana qui donne cette sensation. 

Sans tomber véritablement dans l'effet opulent des fleurs blanches, le parfum prend à ce stade une tournure "peau chauffée au soleil", évoquant un peu les effluves de crèmes solaires dont on s'enduit l'été sur la plage. Des aldehydes C 18, (note coco), viennent ajouter à l'effet exotique de la composition, et une légère note calone apporte un côté iodé et aquatique, heureusement assez discret. 

Batucada s'achève sur un fond plus chaud, boisé et baumé, où le benjoin se mêle au santal d'Australie, au patchouli et au vétiver. Il est intéressant de noter ici qu'il s'agit d'un vétiver du Brésil, assez rare, puisqu'on utilise plutôt généralement du vétiver de Haïti, de Madagascar ou de Java. Le vétiver du Brésil est assez fumé en comparaison des variétés de Haïti ou Madagascar, mais moins que celui de Java. Quant au patchouli, il s'agit ici d'une fraction de patchouli, gommant ainsi l'aspect un peu camphré du patchouli au profit de ses facettes  chocolatées et gourmandes, qui se marie ainsi parfaitement bien aux notes de fond baumées, chaleureuses et sensuelles. 

C'est donc une composition originale que nous propose encore une fois l'Artisan Parfumeur, atypique et poétique,  même si pour ma part, je lui aurais préféré un peu plus de sillage. 


Disponible à partir du mois d'octobre dans les boutiques de l'Artisan Parfumeur. 







lundi 2 mai 2011

Fiftie's mood: petit tour olfactif des années 50...

Il y a deux semaines j'ai été invitée à un évènement au Palais de Tokyo, intitulé Le Menu de Cannes, organisé en partenariat avec Electrolux, dont le but était de départager deux équipes qui s'affrontaient dans le but d'organiser un dîner pour les membres du Jury durant le prochain Festival de Cannes. Deux équipes composées d'un chef cuisinier, d'un styliste et designer préparaient un dîner idéal, aussi bien en terme d'ambiance que de cuisine, sur le thème des années 50. 


Pour ce faire, le designer décorait le lieu, le cuisinier nous préparait les meilleurs plats raffinés pour régaler nos papilles, et une styliste nous habillait en "fifties'girls", tenues que l'on avait la chance de pouvoir garder après l'évènement. Voici quelques images de la très agréable journée que nous avons passé au Palais de Tokyo:






Vous me direz, ok, mais quel est le lien avec le parfum? En effet, au prime abord, aucun. Mais de voir tous les invités déguisés en fifties girls and boys, m'a permis d'imaginer ce qu'il aurait fallu pour compléter jusqu'au bout la tenue, un accessoire indispensable ... le parfum. Et oui, qu'aurions nous dû tous et toutes porter si l'on avait voulu être complètement raccord avec le thème? Quels sont les parfums emblématiques des années 50? 

Période de renouveau après-guerre, les années 50 voient la parfumerie se démocratiser, mais aussi l'émergence de la parfumerie américaine. Les fragrances spécialement dédiées aux hommes se développent, bref cet univers se renouvelle.

Comme parfums typiques de cette époque, on retrouve des grands floraux,  comme par exemple Diorissimo ou L'air du temps. Ce dernier a été créé à l'aube des années 50, en 1948,et est considéré aujourd'hui comme un des grands intemporels qui ont marqué le XXème siècle. Parfum joyeux né dans une période de renouveau, il inspirera de nombreuses autres créations, qui en garderont cette trame fleurie épicée qui le caractérise. Avec un oeillet très présent, L'air du temps revisite le genre de la fragrance fleurie, avec ses notes de rose et de jasmin sur un fond à la fois boisé et musqué. Classique, élégant, féminin, indémodable.

Autre grand fleuri, Diorissimo, un des premiers parfums célèbres à se concentrer autour du muguet, note enfin reproduite de manière réaliste et stylisée par Edmond Roudnistka, puisqu'on ne peut extraire l'odeur de cette fleur à l'état naturel. Doté d'un sillage très aérien, ce parfum de 1956 offre une composition joyeuse, en hommage à la fleur porte bonheur de Christian Dior, toute de notes vertes et fleuries, à la fois naturelles et synthétiques, (hydroxycitronnellal, alcool phényléthilique, jasmin, ylang-ylang...), en rupture avec un style de créations  que le créateur, trouvait déja, à l'époque, trop synthétiques et sucrées.

D'autres grands classiques floraux de la parfumerie marqueront les années 50 tels que l'Interdit de Givenchy, par exemple, (dans un style floral aldehydé assez classique), mais aussi beaucoup plus opulents, comme le beau Fracas, de Piguet. Composée par Germaine Cellier, qui avait coutume de proposer des parfums sans compromis, overdosés d'une matière, cette fragrance est une superbe tubéreuse, crémeuse à souhait, dont on a ici exploré les facettes solaires et lascives, en la parant d'une fleur d'oranger assez présente et d'un aspect un peu "coco" (aldehyde C18). Créé en 1948,  Fracas connaîtra un beau succès, notamment outre Atlantique, où les américaines raffolent de la tubéreuse, (paradoxalement aux fragrances propres et fraîches qu'elles aiment d'ordinaire adopter). On raconte d'ailleurs que c'était le parfum de Marilyn Monroe, lorsqu'elle ne s'endormait pas avec quelques gouttes du célèbre N°5 de Chanel.

Parlons justement des Etats-Unis, puisqu'ils participent activement au paysage olfactif de cette décennie. C'est l'époque où Estée Lauder se faît connaître, une des premières maisons de parfum américaines. Loin des odeurs aseptisées qui ont tendance à plaire là-bas, elle  lance, en 1952,  Youth Dew, (dans la veine de Tabu de Dana) et qui inspirera, plus tard, Opium, d'Yves Saint Laurent. Cet oriental met en scène le patchouli, autour de notes florales et épicées (oeillet, clou de girfle, rose, ylang-ylang). Puissant, sensuel, imposant, Youth Dew est d'abord commercialisé sous la forme d'une huile de bain, dont le succès est tel qu'Estée Lauder  en proposera rapidement une eau de toilette.


Les années 50 sont aussi celles de la remise au goût du jour de grands chyprés tels que le très connu Miss Dior ou encore, plus tard, de Cabochard (Grès). Miss Dior est légèrement antérieur, puisque ce grand classique de la marque vît le jour en 1947, et correspond au goût de Monsieur Dior pour la famille des chyprés. A la fois verte (galbanum, jacinthe) et fleurie (rose, jasmin, gardénia), cette création se caractérise par des notes épicées mais surtout par un fond chypré (patchouli, mousse de chène), légèrement cuiré. Un parfum culte, qui fît la renommée de Dior au moment où son style New Look le propulsait sur le devant de la scène couture. Impossible d'oublier, à cette époque, Femme de Rochas, qui, s'il a été créé en 1944, fût aussi beaucoup porté à cette époque, et qui est, même si je ne pas une adepte du genre, mon chypré préféré, (c'est notamment pour ça que j'y reviendrai, plus tard,  dans un post spécialement dédié).

Et les hommes? En effet, les années 50 représentent l'avènement de la parfumerie masculine avec le début d'eaux de toilettes spécialement dédiées aux hommes.  On retrouve beaucoup de colognes, telles que L'Eau d'Hermès par exemple,  ou des choses fraîches et hespéridées telles que Pour Monsieur de Chanel. Mais cette décennie, c'est aussi des créations avec plus de corps, boisées telles que le Vétiver de Guerlain, composé par Jean-Paul Guerlain en 1959. Cette création, désormais grand classique de la marque, met en valeur la facette un peu "pamplemousse" du vétiver avec des notes agrumes en tête, puis une évolution plus boisée-épicée,  avec le vétiver,le  tabac, le santal, mais aussi la fameuse fève tonka chère à la guerlinade.

Voici un donc un tableau olfactif de cette période et qui donne une idée de l'ambiance parfumée qui aurait pu régner, ce samedi 16 avril dernier, au Palais de Tokyo, si nous avions été télétransportés dans les années 1950.





lundi 11 avril 2011

1697: un parfum nommé Désir

C'est peu dire que j'attendais impatiemment la sortie du dernier parfum Frapin depuis six mois. En effet, l'ayant senti à deux reprises, en juillet, puis en décembre dernier, j'avais eu une sorte d'énorme coup de coeur pour cette nouveauté. Pourtant nous n'avions que peu de temps pour faire connaissance, à peine deux fois, furtivement, mais alors, quel souvenir m'avait laissé cet élixir liquoreux à souhait, nouveau venu dans la gamme des parfums distribués par Différentes Latitudes. 

Si l'on excepte ce changement de concentration, intervenu entre temps, (comme je l'ai lu sur grain de musc et c'est en effet ce que m'avait annoncé l'équipe de DL), de 12 à 14%, qui modifie légèrement la fragrance en ce qu'elle me semble moins ample dans son déroulement des notes, désormais plus abrupte et compacte, mon plaisir reste entier à enfin pouvoir me l'approprier maintenant qu'elle est officiellement sortie.


Dans un esprit de cohérence totale avec l'univers de la fameuse marque de cognac, les notes de tête de 1697 donnent d'emblée le ton de la composition: liquoreux. De l'absolue de rhum, mais aussi le davana cher au créateur Bertrand Duchaufour, font de l'ouverture de ce parfum une sensation de rhum arrangé semblable à celle dont il avait déja paré Havana Vanille, mais cette fois, on serait plutôt ici dans un rhum arrangé au pruneau. On perçoit tout de suite la texture très veloutée que va garder le parfum tout au long de son évolution, dans un décor sombre teinté de couleurs pourpres et ambrées. 


Tandis que se déploie un coeur plus floral, (ylang-ylang, jasmin), apparaît  également  une rose sombre, qui s'accorde à merveille avec les notes épicées de cannelle et de clou de girofle du parfum, tissant et étirant l'univers licencieux du parfum.  Comme celui-ci est assez facetté, il développe également un aspect cuiré en fond (isbutylquinoléine?), que vient arrondir la vanille, probablement en absolu, du moins il ne s'agit pas ici d'une vaniline aux accents vanillés sucrés. 1697 est aussi un parfum délicieusement ambré, en raison de la forte présence, en fond, du ciste labdanum et de la fève tonka. Il me semble aussi y déceler du cèdre, assurant la continuité du fil épicé et liquoreux des notes de tête et de coeur, et du patchouli, qui est sans doute à l'origine de cette texture très veloutée, avec un effet presque cacao-van houten, de la fragrance. Il va sans dire ici que les notes de fond sont particulièrement addictives et chaleureuses. 

Si la sensation très alcoolisée en tête, très vineuse, accentuée par la nouvelle concentration et qui perdure tout au long de la composition n'est pas l'aspect que je préfère dans 1697, je raffole de ces multiples facettes s'emmêlant les unes aux autres, entre liqueurs,épices, fleurs, ambre et cuir. Le tout donne une sensation très sensuelle, charnelle, totalement en accord avec le nom de la fragrance choisie initialement: Les Ailes du désir, avant que des problèmes juridiques (liés au film éponyme de Wim Wenders) viennent en imposer un autre, 1697 (année de l'anoblissement de la famille Frapin par Louis XIV). 


J'avoue que je souhaitais parler bien plus tôt de ce beau 1697, sorti en édition limitée et numérotée, mais le temps m'a manqué, ce qui est dommage puisque les flacons ont dû tous être vendus depuis, mais on peut peut-être espérer une plus large diffusion?  

samedi 12 mars 2011

Interview de Marc Antoine Corticchiato, créateur de la marque Parfums d'Empire.

Nous avons eu, lundi dernier, avec Emmanuelle Varron, grâce à l'entremise de Valérie de Différentes Latitudes,  l'honneur de rencontrer Marc Antoine Corticchiato, connu des perfumistas pour avoir fondé la maison Parfum d'Empire. L'occasion de retranscrire ici cet entretien privilégié, et de revenir sur les inspirations du parfumeur.


Dans son laboratoire de Louveciennes, Marc Antoine nous parle de ses créations, de son parcours, et de sa vision de la parfumerie. 

Marc-Antoine, d'où vous est venue cette passion pour l'univers du parfum? 

C'est avant tout la curiosité scientifique qui m'a mené à la parfumerie. En effet, comprendre le processus de création du parfum au cœur des végétaux attisait ma curiosité, déjà enfant.  J'ai donc effectué un doctorat en chimie analytique, avant de rejoindre l'Isipca. J'ai ainsi débuté ma carrière dans un laboratoire de recherche axé sur l’analyse des plantes à parfum et leurs méthodes d’extraction. J'ai notamment publié, à l'époque, des études dans des revues de recherches en chimie.  L'envie d'être parfumeur m'est venue au fur et à mesure, ceci d'autant plus que cette curioisté sur l'univers des plantes s'est trouvée renforcée par le fait d'évoluer dans un milieu propice aux odeurs: d'abord le Maroc, puis la Corse. C'est une région fabuleuse, avec son maquis où l'on peut respirer de l'immortelle, de la mousse de chène ou encore du ciste. Ma passion pour l'équitation y est aussi pour quelque chose, puisqu'on y cotoie un univers fait de cuir, de foin, de paille...

Mais c'est avant tout la recherche du "pourquoi" d'une telle odeur qui vous a mené au parfum si j'ai bien compris? 

Oui, en effet, d'ailleurs j'ai d'abord formulé dans un premier temps pour  l'aromathérapie, ce qui suppose à la fois des contraintes thérapeutiques  et olfactives. C'est par ce biais que je suis peu à peu venu à l'univers du parfum. 

Qu'est ce qui vous fascine le plus dans le parfum? 

De par ma formation, c'est vraiment l'amour pour les belles matières premières naturelles qui m'interpelle le plus, en parfumerie. Connaître les origines d'une matière première, son histoire, son utilisation pour la replacer dans un contexte contemporain.

C'est donc par cette fascination des origines des matières premières que vous avez eu l'idée de créer une marque de parfum centrée autour d'un univers historique? 

Tout à fait. Les gens croient toujours que je suis un passionné d'histoire, parallèlement à ma passion du parfum. Or c'est seulement en étudiant les matières premières que j'ai compris que certaines étaient convoitées depuis l'antiquité pour leurs vertus bienfaitrices, qu'elles étaient utilisées pour séduire par exemple ou qu'elles étaient recherchées pour leur spiritualité. Et que pour cette raison, des peuples se sont battus pour les obtenir. C'est dans cet esprit que j'ai eu envie de fonder Parfums d'Empire. On oublie souvent qu'à l'origine le parfum vient du terme "per fumum", par la fumée.  Les odeurs, les matières ont toujours été étroitement liées à la religion. "Le parfum est  avant tout divin". Le nom de la marque "Parfums d'Empire" évoque donc toutes les civilisations et cultures fortes où le parfum et les matières naturelles y jouaient un rôle important, mais c’est aussi et surtout pour l’idée de « l’Empire des sens ».

Comment travaillez-vous, sur la création d'un parfum? 

Cela dépend, mais il y a toujours la volonté de sublimer une matière naturelle en particulier, en la rattachant à une culture. Pour l'Eau de Gloire, le premier, sorti en 2003,  il s’agit d’un univers imaginé pour retracer le parcours de tous ces corses partis de leur village à la conquête du monde. A l’image de mon père qui a tout quitté pour s’installer au Maroc, sur des terres bientôt plantées d’hespéridés, mais aussi à l’image du plus célèbre d’entre eux, Bonaparte. C'est pourquoi je me suis concentré sur les odeurs évocatrices de la Corse, et du maquis, telle que l'immortelle ou le ciste, en fond. Si l'on prend Cuir Ottoman, sorti en 2005, l'idée était vraiment de travailler un cuir véritable. Contrairement aux autres parfums, pour Cuir Ottoman j’ai d’abord travaillé l’accord de fond, donc l’accord cuir. Mais, j’ai eu ensuite beaucoup de mal à y attacher les notes de tête et de cœur en raison de la puissance du cuir.
 Il a fallu contrebalancer ces notes de fond,  aller chercher de belles matières naturelles, de la fève tonka du Venezuela, de l'iris de Florence, du jasmin d'Egypte, notamment, pour équilibrer ce fond cuiré vanillé très imposant.  Mais, quelle que soit la création, le but est vraiment de privilégier l'usage de belles matières premières naturelles. Je ne renie pas la synthèse, bien au  contraire, mais elle doit être là pour magnifier les matières premières naturelles, et non pour les remplacer. 

Quel regard portez-vous  sur la parfumerie d'aujourd'hui?

Dans le mainstream, tout est trop tourné vers la nouveauté à tout prix, au détriment de la qualité. Il faut sans arrêt faire de la valeur avec de la nouveauté. C'est aussi le système qui veut ça, la presse réclame régulièrement un nouveau produit pour parler d'une marque ou d'un créateur.  La quantité supplante parfois  la qualité. Mais il est difficile de pouvoir aller à l'encontre de ce système, à moins d'avoir l'aisance financière nécessaire. Je pense que pour pouvoir travailler dans un vrai esprit d'amour de la parfumerie, il ne faut pas espérer s'enrichir, dans le cas d'une marque artisanale.

Quels parfums, quelles senteurs vous ont particulièrement marqués? 

L'eau du sud d'Annick Goutal, L'Heure Bleue de Guerlain, L'Eau Noire de Dior.... Et plus généralement, sans doute en raison de ma passion pour l'équitation, les notes cuirées, ambrées.

Sans tomber dans la quête de nouveautés à tout prix, quelle est l'actualité de Parfums d'Empire? 

Une bonne partie de l’année 2010 a été consacrée à des créations pour différentes enseignes de luxe tel l’hôtel Lutetia qui fêtait un siècle et pour lequel j’ai créé une bougie (oriental gourmand), une brume d’oreiller et un parfum d’ambiance. L’année dernière j’ai également pas mal travaillé les créations qui sortiront cette année lors du deuxième semestre : une treizième eau de parfum et trois bougies. 

Pour en savoir plus sur l'univers de la marque, je vous invite à vous rendre sur le site de Parfums d'Empire, et pour un autre résumé de cet échange, notamment plus centré sur le parfum Cuir Ottoman, rendez-vous sur le site de Ca fleure bon à partir de lundi!









mardi 15 février 2011

Dernières nouveautés chez Guerlain: Shalimar Parfum Initial et La petite robe noire 2.

 Ces nouveautés ne réjouiront peut-être pas les amoureux des grands classiques de Guerlain, néanmoins elles méritent qu'on s'y attarde car elles sont vraiment jolies dans leur style.  Shalimar  Parfum Initial décontenancera sûrement les adeptes de l'original, mais si on le considère comme un parfum à part entière et non  tel un flanker, on trouve un joli parfum jeune et sexy, certes un peu sucré, mais réellement bien exécuté dans ces esprit: en effet, on ne peut y nier la qualité des matières premières. Quant à la Petite Robe noire 2,  je la préfère nettement à la première, je la trouve plus douce, moins gourmande, plus élégante, peut être pas novatrice, mais très agréable dans son genre. 

Shalimar Parfum Initial, qui sortira à la fin de ce mois, s'adresse, je présume,  aux jeunes filles qui n'oseraient pas s'essayer à Shalimar, telle une invitation à se laisser tenter par le fameux best seller de la maison Guerlain, comme un premier pas vers le plus célèbre des orientaux.  Il s'ouvre sur des notes hespéridées, bien que la bergamote soit moins présente que dans l'original, car c'est surtout un bel iris, ou plutôt beurre d'iris qu'on sent poindre nettement dès l'ouverture. Les notes florales moins perceptibles de Shalimar ont ici été poussées, (rose, jasmin) pour un effet assez différent de son grand frère. Si l'effet est plus floral, il est aussi nettement plus gourmand, notamment en raison de la présence de la fêve tonka, en note de fond, qui apporte une sensation moelleuse et ronde au parfum. Il n'est pas impossible que quelques notes fruitées, apportent un petit quelque chose de pimpant, pétillant à la composition.  L'effet  "rajeuni" est bien là, mais l'iris très présent lui confère ce charme poudré qui le distingue des parfums fleuris fruités ou  gourmands que l'on sent partout en ce moment. 

Il s'étire enfin sur des notes vanillées, addictives, si typiques de la maison Guerlain. Les notes de fond sont effet celles où l'on retrouve vraiment Shalimar, même si l'effet reste bien distinct d'un bout à l'autre de la composition.  Alors, oui, ce parfum lorgne vers le style jeune fille qui est en vogue, en ce moment, mais c'est très joliment orchestré. 

La petite robe noire ne m'avait pas emballée lors de sa sortie. Pas mon style de parfum, pas le registre où l'on attendait Guerlain, et puis un réglisse tellement présent qu'il m'évoquait trop Lolita Lempicka. Bien sûr, c'était bien fait, mais je n'ai pas accroché. La seconde version, tout juste sortie ou qui va sortir dans les prochains jours, tourne autour de la fleur d'oranger,  avec un côté guimauve, mais plus en finesse que la première, une jolie gourmandise légère en quelque sorte. Certes on reste dans un registre "accessible", mais c'est très "mignon". Il faut dire que les notes de fleur d'oranger et de vanille y sont pour beaucoup puisque ce sont des notes que j'affectionne particulièrement.  Des notes, fugaces, de bergamote en tête, une évolution où domine nettement la fleur d'oranger, élément central du parfum, relevé d'un côté très guimauve (on reste dans la gourmandise).  Cet effet a quelque chose d'amandé, voire un peu dragée.  On note aussi une facette poudrée,  probablement dûe à la présence d'iris dans la composition. Le fond s'alanguit sur des notes vanillées, musquées et légèrement cuirées, ce qui n'est pas pour me déplaire, apportant un peu d'originalité au parfum tout en contrebalançant le côté guimauve.  Sur touche cet effet fleur d'oranger et cuiré persiste longtemps et n'est franchement pas dénué de charme!


(nb: cet article vient d'être légèrement modifié suite à de nouveaux essais. )

mardi 18 janvier 2011

Nouvelle boutique pour les amoureux du parfum

Une nouvelle boutique a ouvert il y a plusieurs semaines maintenant, dans le quartier du parfum par excellence, Opéra.  Un nouveau pari donc, car d'autres s'y s'ont essayé auparavant, mais il semble qu'il soit difficile, à Paris, où tout est déja à portée de main, aux Galeries Lafayette ou au Printemps, sans compter les boutiques propres aux maisons elles-mêmes (Guerlain, L'artisan Parfumeur, ou Frédéric Malle pour ne citer qu'eux), de créer son propre établissement ici, plutôt qu'en Province par exemple. 

Pour relever ce défi, il semble que le meilleur choix s'avère de proposer des marques de niche, rares qui plus est, pour attirer une clientèle d'avertis.  Et c'est une bonne idée, puisque cela nous permet de découvrir des marques inconnues ou presque, dont François Hénin et son collègue, Hugo,  nous retracent l'histoire avec passion, le tout dans un cadre des plus somptueux. 


Outre diverses marques distribuées par Différentes Latitudes (Amouage, Frapin, Nobile, Isabey ...), on peut également y découvrir des maisons russes, une marque japonaise et bien d'autres curiosités ignorées ou presque, jusqu'ici.  Afin d'éviter l'atmosphère surchargée en effluves des parfumeries qui parasite l'essai d'une fragrance lorsqu'on souhaite s'en imprégner pleinement, il vous suffit de soulever le capot des flacons anciens pour sentir chaque parfum. 


Parmi les marques peu connues des perfumistas que l'on peut découvrir ici, je citerais Dorin, maison née au XVIII ième siècle, Grossmith, maison grassoise, dont les anciennes formules ont ressuscitées par Robertet, Mille et une Histoires de parfums, (avec l'assez original "histoire charnelle", un parfum à la note coco pas trop sucrée pour une fois sur un fond que l'on devine ambré), M. Micaleff, maison issue d'une histoire d'amour, dont j'ai beaucoup aimé le Gardénia, (mais j'en reparlerai). On y trouvera aussi Rancé, le parfumeur attitré de Napoléon, dont les flacons rappellent ceux, anciens, de Quelques Fleurs, d'Houbigant, Masaki Matsushima, une marque japonaise, et aussi Atelier Flou, une nouvelle marque de niche dont j'entendais murmurer la sortie depuis quelques mois déja. Au total, une quinzaine de marques sont illustrées ici, ce qui promet bien des réjouissances pour nous autres passionnés de parfums.



Et enfin, bien sûr, la marque éponyme de la boutique, Jovoy, relancée en 2006 par François Hénin ( également propriétaire de ce nouveau haut lieu de la parfumerie), qui se compose de sept parfums, dits "capitaux" aux noms correspondant aux différentes familles olfactives ("chypré", "poudré", "oriental", "boisé"...).   Je n'ai malheureusement pas pu tester la totalité des fragrances proposées, il y en a beaucoup, et en tester trop risquerait de me faire passer à côté de l'originalité d'un parfum, mais c'est un prétexte pour y retourner très prochainement. 

Mention spéciale à l'accueil  de chaque visiteur, on sent vraiment la passion et le souci de conseiller au mieux le client, ce qui est un réel plaisir.  A noter également que des ateliers olfactifs, sur réservation, sont ou seront dispensés à l'étage,( ce qui est assez innovant en un sens, puisque jusqu'ici, ce sont plutôt les marques, et non les distributeurs, qui proposaient des ateliers). 

Jovoy, 29, rue Danielle Casanova, 75001 Paris.


mardi 4 janvier 2011

Quoi de neuf chez Différentes Latitudes cet hiver?

Comme je l'avais annoncé cet été, Les Ailes du Désir, le dernier Frapin, (et qui est à tomber), devait sortir en 2010. Malheureusement, sa sortie a dûe être retardée, mais on peut l'attendre raisonnablement pour le mois de Février. 

Le dernier-né de la marque, réalisé par Bertrand Duchaufour, devra en revanche changer de nom, pour s'intituler 1697. Toutefois, sa composition reste fort heureusement inchangée, avec son ouverture "rhum arrangé" qui évolue sur des notes plus ambrées presque cuirées. C'est en fait le davana,  une matière première liquoreuse à souhait, légèrement fruitée, originaire du sud de l'Inde, qui est l'élément central de ce parfum.  J'attends donc impatiemment sa sortie pour pouvoir en parler plus longuement. 

Mais d'autres nouveautés déja disponibles sur le stand Différentes Latidudes des Galeries Lafayette nous permettent de patienter, qu'il s'agisse de l'Opus IV  de la collection Library chez Amouage, du dernier Memoir pour femme, sans oublier  des bougies de la même marque.  L'opus IV est un parfum mixte, épicé, avec ses notes de coriandre en tête, (associées au pamplemousse et à la mandarine), de cardamome, de baies roses et de cumin en coeur,  entourées de la rose. On y sent aussi une légère dimension arômatique, probablement en raison de la présence d'élemi et de feuille de violette. Le fond s'arrondit légèrement en raison de la ciste, et du baume du pérou, tandis que l'encens d'oman prolonge doucement l'effet épicé que l'on perçoit tout au long de l'évolution du parfum. Ces sensations proviennent néanmoins d'une impression sur touche, donc elles restent à préciser.

Autre nouveauté chez Amouage, le dernier "Memoir" pour femme, un chypre centré autour de la note absinthe, mais où l'on perçoit nettement la présence de la  rose et de  la tubéreuse sur un fond boisé. D'une texture très crémeuse sur peau, et très diffusant, ce chypre m'a immédiatement rappelé un parfum des années 80 mais sur le coup, impossible de me souvenir lequel.... Une impression fugace comme ça.. peut-être un petit côté Poison, tout en étant différent bien sûr....mais les notes épicées, la rose,  les fleurs blanches et le fond boisé m'en ont en tout cas évoqué le souvenir.


Robert Piguet propose également une nouveauté, Calypso, apparemment assez différent de l'original. N'ayant pas connu la version initiale, il m'est difficile de les comparer et d'apporter un regard objectif, néanmoins il s'agit d'une composition où l'iris est assez prononcé, associé à des notes fruitées (mandarine en tête, orange en coeur) , à la rose (rose de mai et rose bulgare), sur fond ambré, puisque l'ambroxan y est très présent, aux côtés du patchouli. Ce parfum offre un fort sillage, au charme poudré (du fait de l'iris et de la rose), tout en étant d'une écriture moderne, même si l'on peut être déçu de ne pas connaître une composition fidèle à celle d'origine.

Pour finir, si la marque Byredo a été assez prolifique côté sorties en 2010 (Tulipe, Palerme, M/Mink), elle a en outre décidé d'augmenter la concentration de ses eaux de parfum. C'est ainsi que Bal d'Afrique voit sa tenue s'affirmer, grâce à une concentration de plus de 20%, ce qui permet aux notes de coeur et de fond d'être plus présentes, faisant ainsi plus ressortir la "tagète", plante issue d'Afrique dont l'odeur est justement proche de celle du davana.

En quelques mots, pour résumer, rien de tel qu'un petit tour sur le stand Différentes Latitudes des Galeries pour bien commencer l'année!