vendredi 30 juillet 2010

Des nouveautés chez Différentes Latitudes

L'été et la rentrée s'annoncent prometteurs chez Différentes Latitudes, tant du côté d'Amouage  que de celui de Frapin. Ce distributeur de marques originales et créatives, que l'on retrouve essentiellement aux Galeries Lafayette, au Bon Marché et chez Colette sur Paris a su rapidement se faire aimer des perfumistas . Ceci grâce, entre autres, à un accueil éclairé et sympathique de son personnel sur les points de vente, mais aussi grâce à un choix de produits judicieux, qu'il s'agisse de redonner ses lettres de noblesse à une marque jadis prestigieuse (Piguet) ou de nous faire découvrir un univers jusqu'ici inaccessible tel que les créations d'Amouage. 

C'est  d'abord avec cette marque du sultanat d'Oman  que l'on retrouve de belles nouveautés, avec un opus de 3 parfums, qui, même s'ils ressemblent à une édition limitée, sont à priori censés rester au catalogue. Cet Opus I, II, III, a pour vocation de lier l'idée du livre et de la musique au parfum. Présentés un peu sous la forme d'un  volume de bibliothèque, ces parfums renvoient aussi à  la musique, référence au directeur artistique de cette marque, Christophe Chong, également chef d'orchestre reconnu à Londres. 


L'opus I est un chypre, qui me paraît plus clair, plus aérien que Jubilation 25.  Créé par Daniel Maurel, il s'ouvre sur des notes de bigarade, prune et cardamome, et évolue sur un coeur composé  de ylang ylang  et de tubéreuse, (assez présents je trouve), de jasmin, de rose et de muguet. Il s'épanouit ensuite sur du papyrus, cèdre, du gaiac, des graines de tonka, du vétiver, et d'encens argenté. En effet, ce dernier élément, belle matière première issue de l'Oman, signe un peu les créations d'Amouage, de la même manière, que l'oud est caractéristique  de la maison Montale.  Ce n'est pas ma famille de prédilection, mais j'ai trouvé ce chypre très beau, véritablement mixte, assez doux, lumineux.

Le deuxième opus, composé par Michele Saramito,  est une fougère, de facture assez classique, bien que de forts accents épicés viennent en relever la composition. En effet, des notes de poivre et de baies roses entourent la lavande en tête, sans oublier la cardamome en coeur que l'on sent d'emblée assez présente.  A ce coeur s'ajoutent également du jasmin, de la rose et de la cannelle, avant que cet opus II ne poursuive son évolution sur un fond de patchouli, cèdre, ambre, et muscs, sans oublier ce  fameux  encens argenté. Associé aux notes boisées, il  apporte une certaine profondeur au parfum , qui reste bien présent  sur touche,  après plusieurs jours. Cet opus me semble plus masculin, même s'il n'est pas toujours bienvenu de sexuer les parfums.

Le dernier opus est un floral oriental  créé par Karine Vinchon Spehner, qui m'a assez surprise avec ses notes de mimosa et de violette, que je ne m'attendais pas  forcément à retrouver dans l'univers d'Amouage.  C'est d'emblée plus l'aspect floral du parfum qui saute au "nez" que les notes orientales. Comme dans les autres parfums de la marque, on perçoit cette richesse des matières premières, cette opulence qui  donne à ces créations ce quelque chose des grands classiques qui ont marqué le 20ème siècle.  Or les notes poudrées du mimosa et de la violette associées  à l'oeillet (eugénol?) viennent accentuer cet effet. D'un autre côté,  la forte présence de violette apporte une touche dynamique au parfum,  une certaine vivacité. Cet opus III se compose également de jasmin, ylang ylang et fleur d'oranger en coeur, avant de s'alanguir sur un fond doté d'ambrette, de muscs, papyrus, cèdre, santal, gaiac, benjoin et vanille. Sur touche, on perçoit un fond en effet plus oriental, où semble dominer le benjoin.

A noter qu'il sera également possible de retrouver un beau coffret de bougies autour du thème de l'oud, ainsi qu'une très belle bougie assortie au parfum  Gold.

A partir de 275 euros le flacon, ces nouveautés sont disponibles sur le stand de Différentes Latitudes aux Galeries Lafayette dès la fin du mois de Juillet.

J'évoquerai les autres nouveautés dans un prochain article afin de ne pas surcharger ce post.

(Nb:   Merci à David Frossart pour la découverte de ces nouveautés.  Impressions d'après touches parfumées et informations d'après le dossier de presse. )



vendredi 23 juillet 2010

Shalimar: je t'aime moi non plus.

De la même  manière que beaucoup de petites filles ont un jour rêvé d'emprunter le maquillage de leur mère ou leurs talons aiguilles, moi j'ai toujours rêvé de porter Shalimar. En effet, cela m'apparaissait comme une évolution logique de ma quête parfumée, non seulement parce que j'étais sensible aux volutes vanillées d'Habanita, mais aussi parce que Guerlain était une référence en terme de parfums, qu'il s'agisse de ma découverte récente de l'Heure bleue, ou  du goût de ma mère pour Samsara et Après l'Ondée.  Vous me direz, pourquoi oser porter Habanita à 14 ans mais pas Shalimar? Je ne sais pas,  peut-être que ce dernier m'impressionnait, me paraissant plus Femme. 



Si l'on ajoute à cela que son flacon me faisait rêver, sans parler de la beauté de ce nom, (véritable ôde à l'amour), ce n'est rien de dire que  j'attendais impatiemment d'avoir la petite vingtaine pour porter Shalimar. Mais, malheureusement, lorsque je me sentis en âge de le faire, je ne retrouvais  pas le sillage envoûtant  que je sentais sur les autres.  Ce n'est pas faute d'avoir persévéré pourtant, grâce à un beau flacon sucrier que je reçus en cadeau, une eau de toilette, qui, c'est vrai, me paraît un peu plus belle que l'actuelle, (plus profonde, où  l'on percevrait presque quelques accents cuirés), bien que je ne porte pas assez fidèlement Shalimar pour déceler nettement  les éventuelles reformulations que l'on lui prête.



Pendant près d'un an, je le portais en alternance avec d'autres parfums, m'obstinant,  mais le fait est que c'est  un des rares parfums qui ne me valut aucun compliment, sans compter qu'il avait parfois tendance à me donner la migraine. J'aurais pu supporter cela si je m'étais sentie entourée de ce hâlo sensuel et subtil, rond et vanillé, délicieusement équilibré tel qu'on le connaît, mais non, sur moi je ne sentais qu'un mélange de bergamote, citron et opoponax, lourd,  voire un peu agressif.  Un effet "peau de chamois" comme je l'ai déja lu quelque part, sec voire un peu aigre.  C'est pourquoi je le laissais tomber peu à peu, résignée par le fait  que l'alchimie avec ma peau ne devait tout simplement pas fonctionner, retournant avec délices à mon Heure bleue et autres trésors parfumés.  Et c'est vrai, on lit souvent que Shalimar évolue beaucoup d'une peau à l'autre, ceci expliquant peut-être cela.

Depuis, je réessaie régulièrement de le porter, guettant les réactions de mon entourage, essayant de me concentrer pour ressentir la fameuse magie de ce parfum, le plus souvent sans succès.  J'ai tout essayé, extrait, eau de parfum, eau de toilette, crèmes  et autres dérivés, mais rien à faire, le charme n'opère pas. Mon copain, pourtant  sensible aux beaux orientaux vanillés,  semble à chaque fois dubitatif, et une amie, qui sans être passionnée, connaît assez bien les classiques de Guerlain, m'a même dit  un jour: "Tiens c'est marrant, je l'aurais pas reconnu sur toi,  Shalimar".  Seule ma mère persiste à me dire que "j'hallucine", et qu'il sent tout à fait normalement sur ma peau. Mystère, donc. C'est d'autant plus frustrant que c'est probablement un des parfums qui me transporte le plus lorsque je le sens par hasard au détour d'une rue. 


Alors hier, j'ai encore voulu tenter l'expérience. Mais cette fois, j'ai profité d'une journée zen, où je prenais le temps de le découvrir par toutes petites touches d'extrait, et d'un peu d'eau de toilette sur les vêtements.  Une journée calme, où j'étais d'humeur lente, comme pour profiter de chaque évolution de Shalimar. Une journée non ponctuée par des impératifs de travail ou quelconque forme de stress, plutôt sous le signe de la  "dolce vita". C'est curieux, de la même manière que certains états prédisposent aux rencontres amoureuses par exemple (une certaine disponibilité de l'esprit notamment), il semble que certaines humeurs prédisposent aux rencontres parfumées.  Car, hier, enfin, j'ai pu me laisser bercer par la sublime musique de Shalimar, savourer doucement chaque note des délicieuses effluves qu'on lui connaît, sur ma peau.  J'ai enfin retrouvé cet  équilibre subtile entre les notes de têtes hespéridées, et ce fond vanillé, un peu animal, tout en étant poudré grâce à l'iris en coeur. Cette vanille, non écoeurante ou alimentaire, très élégante,  majestueuse, soutenue par l'opoponax,  et relevée de notes très légérement cuirées en fond, d'une féminité absolue et d'une sensualité frôlant l'érotisme.  J'ai beau apprécier toute une foule de parfums orientaux aux accents vanillés,  on ne peut nier que Shalimar a ce petit quelque chose en plus, comme le petit truc qui distinguerait  une Marilyn de centaines d'autres blondes pulpeuses par exemple.

Ce n'est pas pour autant  que je  vais porter Shalimar tous les 4 matins, contrairement à l'Heure Bleue, pourtant très complexe, mais dans lequel je me sens immédiatement bien comme on peut l'être dans son jean préféré. Non,  Shalimar est un parfum que je réserverai pour certains moments, mais je suis contente d'en avoir au moins, pour une fois, saisi la magie.

lundi 12 juillet 2010

Or des Indes, de Maître parfumeur et gantier: habanita de bonne famille

C'est certes une interprétation toute personnelle, mais ce bel Or des indes de MPG m'évoque un Habanita un peu assagi, un Habanita qu'on aurait coiffé de collier de perles et qui aurait reçu une éducation plus stricte.

Pourtant, on le décrit bien volontiers comme le Shalimar de cette marque, ou comme un mélange de celui-ci et de l'Heure bleue, mais c'est vraiment à Habanita qu'il me fait le plus penser, en moins tabac cuiré et encore plus poudré.

Avec un départ un peu "savon à l'ancienne", cet Or des indes dévoile néanmoins rapidement ses cartes, puisqu'on sent nettement l'évolution ambrée vanillée que le parfum va prendre.  En effet, les notes de lavande, de géranium et de bergamote en tête laissent assez vite place à un coeur dense épicé et vanillé. Or des indes a quelque chose de compact, dont il est difficile de démêler chaque note, mais  il semble que l'oppoponax soit une des majeures composantes de ce parfum. On en trouve également dans Shalimar et c'est sans doute pour cette raison qu'on le compare souvent à ce dernier.  Cet oppoponax se pare ici de notes épicées, notamment la canelle je pense, même si elle n'apparaît pas dans la pyramide olfactive. 

Mais si l'oppoponax est bien présent, c'est avant tout la vanille qui règne en maître dans ce parfum aux résonnances lointaines et orientales. Elle est ici enrichie de notes poudrées, qui lui apportent autant de douceur que d'élégance, mais aussi d'accents boisés, tel que le santal,  notamment en fond. Cet Or des Indes s'étire longtemps sur un fond baumé, ambré, addictif. Sensuel, il l'est pourtant de manière moins débridée qu'Habanita. Il lui ressemble certes beaucoup avec sa vanille, ses notes boisées et poudrées, mais plus en retenue. Peut-être parce qu'on sent moins ce côté "garçonne", inhérent à la création  d'Habanita, et qui lui donne ce petit quelque chose d'un peu canaille, dont Or des Indes est dépourvu. 

Mais cette création de MPG n'en reste pas moins très belle, avec ses connotations exotiques,  censées évoquer l'opulence des Palais des Maharadjas, source d'inspiration.