dimanche 24 juin 2012

Une matinée chez Symrise: la Chine, ce marché qui fascine les marques

Il y a un peu plus de deux semaines, Symrise avait invité une poignée de blogueurs et de personnes évoluant dans l'univers du parfum dans ses locaux. L'idée était de nous convier à une présentation vouée à explorer les futures tendances des consommateurs, mais aussi d'approcher de plus près ce pays auquel les marques font les yeux doux: la Chine. 

Je ne relaterai pas ici l'analyse mega trend sur les tendances de consommation car c'est un peu difficile de la résumer en un post, (même si c'était très pertinent), mais j'ai trouvé intéressant d'évoquer la Chine. En effet, cette puissance captive l'attention des grandes maisons de parfum, il n'y a qu'à en juger par la plupart des sorties mainstream d'un style hespéridé-arômatique frais destinées, en partie, à conquérir le marché asiatique. Mainstream, mais aussi de niche, comme  en témoigne la Collection Asian Tales By Kilian. 

A l'origine de cette analyse, le voyage de Symrise en Chine, pour les trente ans de cette société de création. Le but n'était pas de créer des parfums pour ce pays, mais plutôt de s'inspirer de ce que la Chine peut nous offrir, en termes de matières premières nouvelles ou de culture.

Quelques constats de base d'abord: la cosmétique, pour les chinois, c'est avant tout le domaine du personal care: soin et du maquillage. Leur conception d'une fragrance diffère de la nôtre, pour eux, le parfum c'est avant tout le respect des autres. Et on l'aura remarqué, lorsque les grandes marques s'adressent aux asiatiques, c'est à travers des parfums frais,  des notes aériennes, bref des fragrances qui ne nous parlent généralement pas trop, nous autres perfumistas en mal de compositions affirmées, sensuelles ou complexes.  Néanmoins, d'après cette analyse, cette tendance pourrait évoluer, les plus jeunes générations s'ouvrant peu à peu à des fragrances plus capiteuses, plus signées. (Peut on y voir un signe d'espoir??)

Le propos de Symrise ici était de dénicher des accords novateurs pour la parfumerie en s'inspirant des matières premières que peut nous offrir la Chine : différentes variétés de jasmin  (jasmin sambac) ou de magnolia (plus aqueux), par exemple, mais aussi de leur culture. En effet, de la même manière que nous avons nos parfums sucrés et gourmands, pourquoi ne pas s'inspirer des habitudes tasty de ce pays pour innover?  Ici il peut s'agir notamment de combinaisons de notes fruitées et épicées. A cette occasion nous avons senti un accord travaillé autour du riz et d'une note fruitée un peu ananas, de mémoire, très originale, surprenante et dépaysante. 


Mais la Chine, c'est aussi le thé, bien sûr, et ce fût l'occasion de découvrir des essais autour du Pu Er Tea, ce thé traditionnel post-fermenté qui doit son nom à la ville de Pu'Er, dans la province chinoise du Yunnan.  L'accord construit autour de cette note "thé" était à la fois terreux et animal, boisé et fumé. Ce qui ouvre des voies intéressantes: on peut imaginer que cette note  pourrait constituer, à l'avenir, une sorte de oud asiatique, permettant de travailler des compositions  autour d'une note animale mais ici d'origine chinoise.


Au cours de cette matinée, nous avons également senti un accord construit autour du ginseng,  ce produit aux vertus énergisantes. Cet accord doux-amer  se mouvait entre amertume et sucre, avec un léger côté épicé rappelant la cannelle.

Au final, l'idée était surtout de montrer ce que ces accords innovants pouvaient apporter aux domaines du beauty care et de la fine fragrance, de mettre en avant les nouvelles tendances qui pourraient émerger de ces inspirations. Quelques exemples: une proposition d'accord pour un gel douche travaillé autour d'une note acide de gingembre, avec un effet "coca",  et d'une nouvelle molécule issue du thé vert, mais aussi l'accord riz-fruit évoqué précedemment,  retravaillé d'une manière volontairement plus féminine, et plus florale, qui pourrait constituer une piste intéressante pour des compositions de la fine fragrance. Ou encore pour les hommes, un travail autour de l'eucalyptus, dont on a atténué l'effet médicinal au profit de sa fraîcheur et sa douceur, sur un fond boisé. 


Bref, des pistes à suivre pour les années à venir!