vendredi 29 mai 2009

Bois Farine de l'Artisan Parfumeur


Surprenant parfum que ce Bois Farine de l'Artisan Parfumeur. Il rend hommage au bois de senteur blanc, qui règne sur l'Ile de la Réunion, et dont les fleurs rouges exhalent une odeur de farine. Jean-Claude Ellena nous en restitue ici toute la saveur et la particularité dans un parfum original, à la fois sec et gourmand, boisé et sucré, poudré et lacté.

Au premier abord, le nom peut surprendre. Comment un parfum peut-il mettre en valeur l'odeur de farine? Et pourquoi? C'est ici tout en chaleur et sensualité qu'il en recrée l'idée, mais plutôt dans le sens d'une pâte à gâteau saupoudrée de multiples arômes, sans pour autant tomber dans le style alimentaire.

Les premières effluves ont quelque chose de sec et boisé. On y sent un peu la noisette, mélangée à de l'amande ou de la vanille, des notes un peu sucrées. L'iris vient peu à peu s'y mêler, lui donnant un aspect poudré, plus doux. Puis le parfum devient vraiment boisé, grâce aux notes de santal notamment, tout en gardant étrangement une facette lactée, un peu gourmande. Au fil des heures, ce sont vraiment les notes boisées qui restent, douces, fumées et légèrement épicées.

Difficile de décrire ce beau parfum aux multiples facettes qui évoque les Iles, sans tomber dans l'écueil de l'archi sucré. Tour à tour sec, gourmand, enveloppant, réconfortant, Bois Farine parvient a dégager quelque chose de très chaud, d'exotique, mais tout en subtilité et finesse.

La tenue n'est en revanche pas exceptionnelle, pour peu qu'on ait la main légère.

mardi 26 mai 2009

L'attrape-coeur....

Et non, pas celui de J-D Salinger, mais le parfum de Guerlain, connu d'abord sous le nom de Guet-Apens en 1999, puis réédité cette année sous la forme de Vol de Nuit Evasion.

On peut trouver Attrape-Coeur dans la Collection Les Parisiennes, dans son flacon abeilles, aux boutiques Guerlain (Champs Elysées, rue Tronchet...). Quel beau parfum tout en romantisme et sensualité je trouve...



S'ouvrant sur des notes de rose, de pêche et de violette, L'Attrape-Coeur s'épanouit ensuite sur des tons de jasmin et d'iris, assez présent. Viennent alors le santal, l'ambre, la vanille et des notes boisées qui en font un beau parfum aux notes orientales. Celles-ci sont d'ailleurs également très présentes. Tout en devenant chaud, vanillé, ambré, voire un peu poivré (santal), ce parfum se poudre agréablement pour alterner douceur et sensualité.

On retrouve à la fois ce côté poudré qui donne une charme rétro et classique aux parfums, associé à la guerlinade et ses notes de baumes et de vanille, si caractéristique de la maison Guerlain.

Sa tenue est surprenante, car on a parfois l'impression qu'Attrape-Coeur s'est évaporé, et puis on le retrouve au détour d'une bouffée d'air ou d'un geste, toujours présent, chaud, tout en élégance et subtilité.

Un seul regret, pourquoi ce parfum si digne de la tradition Guerlain n'est-il disponible qu'en collection limitée...?

lundi 25 mai 2009

Iris Ganache de Guerlain, Collection l'Art et la Matière.

Ayant beaucoup apprécié Cuir Béluga, mais n'étant pas forcément fan de toutes les dernières sorties Guerlain, j'étais néanmoins curieuse de découvrir certaines de leurs créations récentes, de l'Art à la Matière, aux Elixirs Charnels.




Iris Ganache m'intriguait, à la fois parce j'adore l'iris et que j'étais curieuse d'une association gourmande avec cette note, mais aussi parce qu'il semblait diviser les perfumistas. Né du souvenir de Sylvaine Delacourte d'avoir senti une variété d'iris dont l'odeur lui évoquait celle du chocolat, ce parfum a été composé par Thierry Wassler.

Après un départ très sucré, où l'on sent l'iris poindre au coeur d'un nuage gourmand et praliné, quelque chose m'a étrangement évoqué Lolita Lempicka. Cela peut sembler bizarre puisque ce dernier est plutôt connu pour être construit autour d'un accord anis-réglisse.

Mais Lolita se fait plus ou moins sucré ou anisé selon les peaux, frais ou oriental. Sur moi ce sont les notes d'iris associées à un fond praliné, vanillé, qui ressortent le plus, ce qui explique peut-être mon impression.


Cette sensation ne dure pas mais cet accord iris-chocolat-vanille m'a, de fait, surprise. Comme si une note un peu verte, fraîche, venait se marier à un fond très gourmand, à la manière de l'anis et des notes pralinées de Lolita.

Sur un départ bergamote-canelle qui se pare ensuite de chocolat blanc, de beurre d'iris, de patchouli et de cèdre en notes de coeur, Iris Ganache s'épanouit sur un fond d'ambre, de vanille et de muscs, tandis que l'iris se mue peu à peu en violette. Autant le coeur m'a séduite pour cet iris plus chaleureux qu'on ne le connaît habituellement, autant j'ai aimé cette dualité iris-notes gourmandes, autant le fond, bien que poudré, est un peu plus commun. Ces tons vanille-chocolat sont charmants, mais moins surprenants par rapport aux parfums récents, l'accord gourmand vanillé chocolaté ayant été revisité sous toutes ses formes de nos jours en parfumerie.

Il n'en reste pas moins un beau parfum, intéressant, chaleureux, sexy, jeune tout en étant élégant. Ce n'est pas mon préféré de la maison, (lui préférant les éternels classiques L'Heure Bleue, Shalimar, Après l'Ondée, ou, encore Chamade), ni même mon favori de la Collection L'Art et la Matière, mais j'ai trouvé cet oriental boisé vanillé séduisant.


mercredi 13 mai 2009

Le parfum, une histoire de peau?


Cela vous est-il déja arrivé de percevoir votre parfum différemment selon les jours où vous le portez?

Je me posais justement cette question car il m'arrive en effet de ressentir de légères différences au fil des jours où je porte un parfum. Je trouvais par exemple que les dernières fois où j'ai porté Habanita, celui-ci était légèrement moins subtile et tenace qu'à l'accoutumée. Je récoltais d'ailleurs moins de compliments, aussi n'était peut-être pas qu'une impression.

Je pense pourtant bien conserver mes parfums, à l'abri de la chaleur, de l'humidité et de la lumière. Je m'empressais donc de poser la question sur différents sites de passionnés et c'est ainsi que m'est venue l'idée de faire quelques recherches et d'écrire un post sur le sujet.

Différents facteurs jouent dans notre perception des parfums. Avant toute chose, le choix d'un extrait, d'une eau de parfum ou d'une eau de toilette est crucial. Un extrait de parfum offre généralement une meilleure tenue, une plus belle évolution, tout en étant plus subtile et plus proche de l'idée que le parfumeur se faisait de la fragrance qu'il a créée. On en porte quelques gouttes le plus souvent au creux des poignets ou des coudes, derrières les oreilles, sur la nuque ou dans le décolleté. A l'inverse une eau de toilette est moins tenace par exemple. On la diffuse plutôt sur les vêtements ou sur les cheveux. Le choix de ces différentes concentrations va donc faire que l'on sentira différemment le même parfum d'une personne à une autre selon la manière dont elle le porte.

Mais cela reste avant tout une question de peau. C'est en premier lieu le ph de la peau qui va guider l'alchimie entre un parfum et une personne. Loin des clivages brunes/blondes, c'est ce taux d'acidité qui va faire qu'un parfum tient plus ou moins bien, vire ou évolue différemment d'une peau à une autre. C'est pourquoi, d'ailleurs, on conseille d'essayer un parfum durant plusieurs heures sur le poignet avant de s'emballer ou de le rejeter.

Le taux de lipides jouerait également sur l'harmonie entre un parfum et la peau. D'après le professeur MacLeod, le gras décapite les odeurs en retenant certaines molécules plutôt que d'autres, tandis que le pH influe lui aussi sur le résultat final en captant les substances acides ou basiques. Ainsi, plus un parfum va être riche en matières naturelles, plus il va être complexe, plus on va obtenir de variations selon les peaux.

Un parfum évoluera également différemment selon que l'on a la peau sèche ou grasse. Il semblerait que plus une peau est hydratée, plus elle retient le parfum. Certains conseillent d'ailleurs d'appliquer un corps gras sans parfum (une crème par exemple), sur la peau avant de se parfumer pour mieux capter les notes de votre fragrance favorite et en prolonger la tenue.

Mais l'évolution et la tenue d'un parfum peuvent varier aussi en fonction du stress qui rejaillit sur notre peau. Vous avez peut-être déja constaté que lors des périodes de stress, votre peau se fait plus grasse ou plus grisâtre, vous donnant plus mauvaise mine? Le stress peut donc jouer sur notre peau. Or, lorsqu'on est angoissé, notre peau transpire, et ce phénomène chasse les molécules, provoquant ainsi de désagréables interactions entre le parfum et la peau, explique Jean-Claude Elléna.

L'alimentation aurait aussi son rôle à jouer dans notre rapport avec le parfum. En effet, plus on mange sainement, plus notre peau s'en ressent. Grain de peau affiné, teint plus frais.. autant de signes que ce qu'il y a dans nos assiettes a des répercussions sur notre peau. Il en va de même pour l'alchimie avec le parfum. Les aliments choisis vont donc influencer directement l'évolution du parfum sur la peau. "C'est surprenant de découvrir son parfum réinventé par une sud américaine habituée aux plats épicés ou sur une asiatique au régime opposé", s'étonne Jo Malone.

Bien d'autres facteurs viennent mettre leur grain de sel dans ce phénomène d'alchimie entre un parfum et la peau. La température du corps ou encore les hormones par exemple. Pendant une grossesse ou à l'approche des règles, le parfum pourra être ressenti différemment, avec une certaine acuité. Le climat aussi joue son rôle. Sylvaine Delacourte expliquait récemment sur son blog qu'elle recevait des commentaires différents pour les parfums selon les villes où elle les testait, semble-t-il.

Mais comme précisait Jeanne Doré sur son site, la perception d'un parfum est aussi psychologique. D'une part parce que l'odorat est un sens véritablement lié aux émotions, mais aussi parce qu'on ne percevra pas toujours la même chose selon les jours. Trop focaliser sur le ressenti d'un parfum peut en modifier légèrement notre perception, notre humeur également ou tout simplement le fait d'avoir respiré trop d'odeurs auparavant et d'avoir le nez saturé.

Il y a également un phénomène d'accoutumance olfactive. Une personne qui portera fidèlement le même parfum durant plusieurs années finira par s'y habituer et ne presque plus le sentir, alors que son entourage le percevra très bien. C'est ainsi qu'il y a quelques années, lorsque je portais assidûment Lolita Lempicka, mon maître de stage m'avait fait remarquer gentiment que j'avais un peu la main lourde sur le parfum puisque j'embaumais tout l'étage, alors que moi, je ne le sentais absolument pas! La fatigue olfactive peut quand à elle également modifier notre perception du parfum.

Enfin, la différence de perception d'un parfum peut provenir tout simplement du fait qu'il ait été reformulé comme bon nombre de classiques aujourd'hui. En effet, les témoignages du public lors de l'émission où se sont exprimés Bertrand Duchaufour, Octavian Coiffan et Denyse Beaulieu sur France Inter montraient que de nombreuses personnes ne sont pas dupes et qu'elle perçoivent de légères modifications dans leur parfum favori depuis quelques années.


jeudi 7 mai 2009

Bal à Versailles de Jean Desprez


Ce joli flacon a orné la salle de bains de ma mère assez longtemps, car c'est un modèle assez prisé des collectionneurs, pour sa beauté, même s'il n'est pas très ancien. En effet, il a été créé en 1962, ce qui le rend bien moins précieux que des flacons Baccarat ou Lalique datant du début du XXème siècle par exemple.

En revanche, je ne m'étais jamais posée la question de ce que ce beau flacon avait bien pu contenir comme fragrance. Le parfumeur n'était en effet connu principalement que pour ce parfum, loin de la renommée des fragrances de Guerlain, Caron ou encore Chanel.

Aussi, en vagabondant sur les sites de parfums, quelle ne fût pas ma surprise de découvrir qu'il s'agirait d'un nectar oriental à mi-chemin entre L'heure bleue et Habanita! Il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité...

A l''aide d'une miniature renfermant un extrait de parfum dénichée sur e-bay, j'ai donc pu me faire ma propre opinion sur ce parfum . J'avoue que je suis assez séduite, bien que j'attende de le découvrir dans d'autres concentrations (eau de toilette, eau de parfum) pour me faire un avis définitif.

Les premières minutes révèlent un "jus" très puissant, aux accents miellés, voire d'encaustique, qui peut faire un peu "vieillot" au premier abord. On y décèle cependant immédiatement la richesse des matières naturelles. Cela saute au "nez". En effet, ce parfum est très riche, dense et complexe. Il semble tellement fourni en matières premières qu'il est dur d'y déceler réellement des notes précises, bien que l'évolution révèle nettement des effluves d'ambre et de vanille aux accents poivrés.

Preuve en est de la liste des éléments qui le composent: bergamote, citron, néroli, ylang-ylang, absolue de cassie, rose, jasmin, patchouli, vétiver, santal, mousse de chêne, ciste, encens, opopanax, iris et vanille. L'évolution vient gommer un peu cet effet vieillot des premières minutes, et l'on y sent un peu Habanita, en effet, au bout d'environ une demi-heure, probablement pour ses notes de vétiver et de vanille, mais aussi pour ce côté sombre et sensuel.

Puis le parfum s'adoucit de plus en plus pour se faire poudré, à la manière de l'Heure Bleue, mais en plus épicé. On distingue une base fleurie qui se mêle à une forte présence d'ambre et de vanille, le tout saupoudré de notes poivées. Cet ensemble en fait un parfum qui porte bien son nom.

En effet, l'opulence et la richesse des matières premières naturelles font que ce parfum évoque le luxe, les robes d'époque, les décors richissimes de la Cour de Versailles, ses intrigues, et le libertinage. Sans jamais tomber dans la lourdeur ou la vulgarité, Bal à Versailles a des accents de luxure tout en gardant un charme distingué.

Un très beau parfum mais peut-être pas facile à assumer, en extrait, surtout par cette belle journée ensoleillée qui invite aux fragrances plus légères. Mais un parfum à découvrir sans aucun doute et que j'ai hâte de sentir en eau de toilette ou eau de parfum.

mardi 5 mai 2009

Louve de Lutens


Tour à tour adoré ou méprisé par les aficionados de Serge Lutens comme étant plus commercial, Louve de Lutens ne laisse en tout cas pas indifférent. Son odeur d'amande qui évoque un peu les poupées lors de la première vaporisation, puis doucement vanillée au fil des heures, peut soit charmer, soit écoeurer.

J'aime les parfums orientaux mais je n'aime habituellement pas les parfums trop sucrés, gourmands. Ils ont tendance à m'indisposer, je les trouve lourds, peu subtiles. Ils évoquent souvent un plaisir régressif qui me laisse personnellement froide, n'ayant jamais été adepte des bonbons et autres confiseries à l'exception du chocolat noir, très noir.

Pourtant Louve m'a séduite. Il est indéniablement sucré, mais ne tombe pas dans la lourdeur au fur et à mesure que se dévoilent des notes de coeur rosées et fruitées, pour s'épanouir enfin sur des baumes, de l'ambre et de la vanille. C'est d'ailleurs cette facette qui se dévoile le plus sur ma peau, et qui m'a sans doute charmée.

En effet, les premières effluves sucrées évoquent l'amande, mais pas celle qu'on pourrait associer à l'odeur de la frangipane. Non là, il s'agit plus d'une amande pure, ni crémeuse ni patissière. Personnellement ça m'évoque l'odeur des poupées corolle, je ne sais pas pourquoi. Cette première impression qui peut décontenancer sinon surprendre se dissipe assez vite, sur ma peau, pour laisser place à des notes plus douces, subtiles, assez vanillées, plus poudrées.

Louve est un parfum charmant je trouve, à mi-chemin entre la femme-enfant, et la femme sensuelle, charnelle. C'est à la fois un parfum doudou, et un parfum sexy. Il peut paraître en décalage avec son nom, dont on pourrait attendre un parfum de femme prédatrice, plus rentre-dedans, plus "wild". Mais je trouve que son nom évoque aussi quelque chose de mystérieux, de protecteur ou de doux, ce à quoi il correspond mieux.

Son sillage est particulier. Il est à la fois léger et présent. Il ne semble pas laisser de fortes effluves parfumées lorsqu'on marche par exemple, mais en revanche on le sent autour de soi quand on le porte. Sa tenue est correcte, je ne pense pas qu'il tienne toute une journée, à moins d'avoir le nez collé à la peau, mais il tient plusieurs heures sans problème. Seul petit bémol, ce parfum laisse la peau sucrée et un peu huileuse, ce qui peut avoir son charme lors d'un rendez-vous amoureux, mais plus dérangeant dans d'autres circonstances, comme au travail par exemple.