lundi 11 avril 2011

1697: un parfum nommé Désir

C'est peu dire que j'attendais impatiemment la sortie du dernier parfum Frapin depuis six mois. En effet, l'ayant senti à deux reprises, en juillet, puis en décembre dernier, j'avais eu une sorte d'énorme coup de coeur pour cette nouveauté. Pourtant nous n'avions que peu de temps pour faire connaissance, à peine deux fois, furtivement, mais alors, quel souvenir m'avait laissé cet élixir liquoreux à souhait, nouveau venu dans la gamme des parfums distribués par Différentes Latitudes. 

Si l'on excepte ce changement de concentration, intervenu entre temps, (comme je l'ai lu sur grain de musc et c'est en effet ce que m'avait annoncé l'équipe de DL), de 12 à 14%, qui modifie légèrement la fragrance en ce qu'elle me semble moins ample dans son déroulement des notes, désormais plus abrupte et compacte, mon plaisir reste entier à enfin pouvoir me l'approprier maintenant qu'elle est officiellement sortie.


Dans un esprit de cohérence totale avec l'univers de la fameuse marque de cognac, les notes de tête de 1697 donnent d'emblée le ton de la composition: liquoreux. De l'absolue de rhum, mais aussi le davana cher au créateur Bertrand Duchaufour, font de l'ouverture de ce parfum une sensation de rhum arrangé semblable à celle dont il avait déja paré Havana Vanille, mais cette fois, on serait plutôt ici dans un rhum arrangé au pruneau. On perçoit tout de suite la texture très veloutée que va garder le parfum tout au long de son évolution, dans un décor sombre teinté de couleurs pourpres et ambrées. 


Tandis que se déploie un coeur plus floral, (ylang-ylang, jasmin), apparaît  également  une rose sombre, qui s'accorde à merveille avec les notes épicées de cannelle et de clou de girofle du parfum, tissant et étirant l'univers licencieux du parfum.  Comme celui-ci est assez facetté, il développe également un aspect cuiré en fond (isbutylquinoléine?), que vient arrondir la vanille, probablement en absolu, du moins il ne s'agit pas ici d'une vaniline aux accents vanillés sucrés. 1697 est aussi un parfum délicieusement ambré, en raison de la forte présence, en fond, du ciste labdanum et de la fève tonka. Il me semble aussi y déceler du cèdre, assurant la continuité du fil épicé et liquoreux des notes de tête et de coeur, et du patchouli, qui est sans doute à l'origine de cette texture très veloutée, avec un effet presque cacao-van houten, de la fragrance. Il va sans dire ici que les notes de fond sont particulièrement addictives et chaleureuses. 

Si la sensation très alcoolisée en tête, très vineuse, accentuée par la nouvelle concentration et qui perdure tout au long de la composition n'est pas l'aspect que je préfère dans 1697, je raffole de ces multiples facettes s'emmêlant les unes aux autres, entre liqueurs,épices, fleurs, ambre et cuir. Le tout donne une sensation très sensuelle, charnelle, totalement en accord avec le nom de la fragrance choisie initialement: Les Ailes du désir, avant que des problèmes juridiques (liés au film éponyme de Wim Wenders) viennent en imposer un autre, 1697 (année de l'anoblissement de la famille Frapin par Louis XIV). 


J'avoue que je souhaitais parler bien plus tôt de ce beau 1697, sorti en édition limitée et numérotée, mais le temps m'a manqué, ce qui est dommage puisque les flacons ont dû tous être vendus depuis, mais on peut peut-être espérer une plus large diffusion?