mercredi 9 octobre 2013

Joy Forever de Jean Patou: coup d'éclat au "parfum le plus cher au monde"?

      Si Patou est une des maisons de couturiers qui s'est illustrée dans les beaux jours de la Parfumerie du début du XXème siècle, (Joy, Vacances, Colony, Moment Suprême), elle pourrait presque aujourd'hui se targuer de faire partie des marques de "niche" tant son rayonnement est devenu confidentiel.  Non  qu'elle soit tombée en désuétude, ses parfums continuent de vivre et d'être achetés par une clientèle fidèle, mais en privilégiant une adresse unique dans Paris, une discrétion de communication et une gamme qui ne cède pas aux dicktats du marketing,  elle se rapproche plus aujourd'hui des codes de ce qu'on appelle la Haute Parfumerie que de ceux du mainstream. 

    Devenue, notamment,  célèbre grâce à Joy, un floral composé d'une très belle qualité d'essence de rose et de jasmin, alors excessivement coûteux à produire,  (le "parfum le plus cher au monde") offert à ses clientes américaines ruinées comme un pied de nez à la crise de 1929, la marque Patou fait  aujourd'hui un clin d'oeil à cette situation en lançant un flanker de son best-seller, Joy Forever,  en pleine période de crise économique également. 



 J'ai trouvé ce parallèle intéressant, ainsi que la fragrance en elle-même, puisqu'elle m'a semblée totalement inscrite dans l'esprit de la maison,  contemporaine, sans verser dans le rajeunissement à tout prix. Exit, donc, la vaniline, l'éthyl maltol (caramel)  et les fruits rouges pour capter une nouvelle clientèle. 
  Ici, pour  esquisser ce que serait une version "moderne" du beau et grand classique Joy, Thomas Fontaine, le parfumeur qui a repris les rênes de la maison Patou, apporte de la fraicheur au traditionnel accord floral en lui greffant quelques notes de mandarine et de pêche,  ciselant une sensation duveteuse et lumineuse à l'envolée du parfum. Cette lumière s'épanouit en coeur avec la rondeur ingénue de la fleur d'oranger et le poudré de l'iris, mariés à la rose et au jasmin, (l'adn de Joy). Ce bouquet floral, à la fois dense et aérien, comme un lien entre la profondeur de l'original et les codes actuels de notre époque, évolue en se fondant dans le santal, d'ailleurs assez présent sur ma peau. 



   Au final, comme Juliette de Poivre Bleu, je trouve une petite touche années 80 à Joy Forever,  dans le bon sens du terme, en raison d'un certain classicisme, (revendiqué d'ailleurs, la clientèle visée est certes plus jeune, mais qu'il s'agisse du prix ou du style on ne s'adresse pas non plus à une jeune fille): un coeur floral sur un fond boisé crémeux, relevé de cette petite touche de pêche en tête qui a marqué certaines créations de ces années là. Mais tout en restant plus "léger", épuré, sans l'effet "épaulette" - qui personnellement ne me déplait pas - mais pouvant dater un parfum au "nez" de certains. Joy Forever pourrait être le parfum de cette femme à l'allure  romantique, féminine, raffinée, à l'image de l'esprit Patou, dont l'élégance et la qualité ont fondé la réputation. 



(Disponible courant octobre 2013 à la boutique Patou). 



lundi 9 septembre 2013

Lys Epona: une collaboration exceptionnelle pour une création très originale


        Depuis près d'un an se murmurait sur les forums de perfumistas la rumeur d'une collaboration entre une aficionados du forum et  la boutique Jovoy. Travailler au sein de cette boutique dédiée à l'univers des parfums de niche depuis plusieurs mois maintenant m'a donné l'opportunité de suivre ce projet de près. 

    C'est au détour d'une discussion entre celle dont l'anonymat n'est plus de mise, Annabelle, alias Cymoril,  et l'équipe de Jovoy qu'est né ce projet. A l'origine, une vision olfactive d'Annabelle: l'image d'une jeune femme, un bouquet de lys dans les bras croisant un cavalier de l'Ecole Militaire, à Paris, par une  journée d'été, où les effluves se trouvent souvent amplifiés par la chaleur. C'est la rencontre de l'odeur charnelle et lactée des fleurs blanches et celle, animale de la peau d'un cheval (crins, cuir, écurie...) qui a suscité l'envie de retranscrire ce moment en parfum. Au point de proposer à Amélie Bourgeois (parfumeuse chez FLAIR) de travailler sur ce "brief",  à qui l'idée parlerait à coup sûr, puisqu'elle est elle-même cavalière. Mais je vous invite à parcourir le blog de la muse de ce parfum, Lys Epona, pour en suivre la genèse. 

      Au cours de ces derniers mois, j'ai pu observer la fabrication totalement à l'ancienne de cette fragrance: mise en flacon, pose des étiquettes, le tout fait main, un vrai travail artisanal. Pour servir le propos du parfum, un lot d'une centaine de flacons art déco a été retrouvé par un antiquaire, tous emballés dans du papier journal d'époque.... où l'on peut suivre le résultat des courses hippiques. La boucle était donc bouclée. Au-delà de l'essence même du parfum, cette création pourra certainement séduire les collectionneurs et autres amateurs d'art, puisqu'il s'agit d'un projet limité: seuls cent flacons ont été mis en vente. 
        Mais assez parlé du contenant, venons à la fragrance elle-même.  La rencontre d'un bouquet de lys et d'un cavalier se matérialise dans un parfum floral cuiré. L'envolée verte, solaire et sensuelle de la tubéreuse embrasse le côté sombre du cuir: dès les notes de tête, le décor est posé. Si je perçois de prime abord plus une tubéreuse qu'un lys, peu à peu cela se mue en un bouquet de fleurs blanches, dont le jasmin vient apporter ses notes indolées aux facettes animales du cuir. En filigrane se dessine un aspect foin, probablement dû à la présence de narcisse dans la composition, qui se mêle au cuir pour rappeler l'univers "équestre"de la fragrance : on se figure l'écurie, les naseaux du cheval, l'odeur de la crinière, l'arnachement. En fond, le musc vient souligner les tonalités animales du labdanum, incontournable dans ce parfum puisqu'il apporte aussi cette  facette cuirée.


     Une création totalement unique en son genre,  qui a donné vie à un fantasme olfactif à découvrir d'urgence, que vous soyez amateur de parfums audacieux, collectionneur invétéré, ou simple curieux d'effluves aux émotions plus personnelles, loin des clichés en bouteille que l'on retrouve partout sur les étagères des Sephora. 




lundi 1 juillet 2013

White Zagora, petit coup de coeur parmi les nouvelles Colognes de The Different Company

   The Different Company vient d'ajouter 3 nouvelles "Colognes" à sa collection lancée l'année dernière (Sienne d'Hiver, Tokyo Bloom, Limon Do Cordoza et  After Midnight).   C'est Emile Coppermann qui a, une nouvelle fois, signé cette collaboration avec la marque, toujours dans l'esprit de proposer des fragrances d'allure légère mais à l'évolution plus complexe qu'une cologne au sens traditionnel du terme. 

    C'est ainsi que Kâshân Rose, South Bay et White Zagara ont vu le jour, trois parfums créés respectivement autour d'une rose à la fois fraîche, fruitée et boisée, autour d'un pamplemousse sur lit boisé, et d'une fleur d'oranger aussi bien fraîche que lascive.

   De ces trois nouvelles fragrances, celle qui m'a le plus séduite est White Zagara, qui réconcilie  l'effet de fraîcheur d'une cologne avec la sensualité d'un accord floral blanc et épicé.  Cette dualité évoque celle de cet oasis éponyme, entre luxuriance et abondance, contrastant avec le début du désert où elle se trouve située.


 N'étant pas une adepte des colognes aux notes d'agrumes fraîches et pétillantes, je me suis pourtant laissée surprendre par l'agréable envolée désaltérante de White Zagora, légèrement citronnée mais surtout fleurie, où le néroli apporte ses tonalités plus innocentes que l'absolu de fleur d'oranger. D'ailleurs si l'on a cherché avec cette collection à détourner la cologne de sa structure classique avec une complexité cachée derrière une apparente simplicité, on remarque que c'est ici le néroli qui caractérise le départ de ce parfum, comme un rappel aux codes du genre, puisque le néroli, associé aux agrumes, est une note emblématique de la cologne.

  C'est bientôt la fleur d'oranger qui se glisse au coeur de la composition, dévoilant ses notes charnelles, miellées et solaires. Même s'il n'est pas listé dans la pyramide officielle, il me semble déceler du jasmin, qui associé aux baies roses, évoquerait un peu les effluves sensuels  fleuris épicés de Fleurs d'Orangers de Serge Lutens, mais qui auraient été ici comme plongés dans un bain de fraîcheur plus estival. Si la tubéreuse vient se joindre à la rondeur de ce bouquet de fleurs blanches, les accents verts et  abricotés de l'osmanthus ajoutent quant à eux un brin d'espièglerie et de candeur à la composition.

   Le parfum s'étire sur un fond plus ambré et musqué, mais sec, minéral, dans l'idée d'évoquer le désert qui jouxte l'oasis marocaine,  source d'inspiration du parfum. C'est d'ailleurs pour cette raison que le choix de la note majeure  s'est ici tourné vers la fleur d'oranger,  matière s'il en est emblématique du Maroc, et qui sait se faire aussi bien fraîche que sensuelle et féminine, or c'est justement ce qu'Emilie Coppermann souhaitait transmettre dans ce parfum: un sentiment de légèreté sans être dénué de volupté pour autant.







mercredi 12 juin 2013

Iris Nazarena, ou quand l’iris passe à travers le prisme d’Aedes de Venustas.

Depuis quelques jours à peine,  Iris Nazarena, le deuxième parfum d’Aedes de Venustas, se dévoile en exclusivité  chez Jovoy aux curieux qui souhaiteraient le découvrir.



  Cette boutique de parfums new-yorkaise au décor baroque, prisée des perfumistas outre atlantique, avait déja séduit la blogosphère avec son premier opus  et ses notes excentriques de rhubarbe, sur fond boisé parsemé d’encens, où s’exprimait la patte créative de Bertrand Duchaufour.

  C’est Ralph Schwieger, (Lipstick Rose, L’Eau des Merveilles, Orange Sanguine) qui a composé cette deuxième fragrance, où l’on retrouve la trame d’encens qui pourrait bien être la signature d’Aedes de Venustas - le parfum éponyme chez L’Artisan Parfumeur tournait déja autour de cette note.

  Mais c’est l’iris et ses multiples tonalités qui tiennent le premier rôle, notamment une variété méconnue jusqu’ici: l’iris Nazarena. Bien que ce soit le rizhôme qu’on utilise pour le beurre d’iris, Ralph Schwieger a imaginé l’odeur de cette fleur particulière, qui, telle une muse, l’a inspiré: la beauté de ses pétales teintés de brun et de pourpre, comme autant de visages différents de l’iris. 


 

Centré autour de cet accord iris encens, deux matières puissantes, cet Iris Nazarena, les réunit pourtant dans un effet de clarté et de transparence dénué de lourdeur.


 C’est d’abord la facette râpeuse des accents carotte de l’iris que vous souffle la première bouffée du parfum, avant qu’elle ne s’enroule dans les volutes un peu “foin” du maté. Si c’est dans une évolution boisée et fumée que va se fondre la composition, on perçoit en arrière plan un nuage d’ambrette qui vient souligner les facettes florales un peu “grasses” et légèrement “whisky” de l’iris.  

  Le parfum s’épanouit ensuite dans les inflexions boisées de l’iris, où s’entremêlent le patchouli et le vétiver dans une étreinte presque fumée où domine l’encens. Une touche de cuir et de bois de oud, (plus suggéré ici à mon nez que réel), en fond, achèvent de mener la composition vers un univers plus sombre, aux confins du genre oriental.
  


lundi 27 mai 2013

Chanel N°5: de l'abstrait à l'Extrait.

   Fin mai l'an dernier, nous nous envolions avec Thierry d'Olfactorum, (grâce à l'équipe Chanel)  pour Grasse, direction la cueillette de la rose de mai, celle que l'on trouve encore dans l'extrait du N°5. 

  Une année s'écoule tout juste alors que ce parfum mythique est à l'honneur dans le cadre de l'exposition Culture Chanel au Palais de Tokyo, qui met en valeur les différentes influences artistiques qui ont jalonné la vie de Gabrielle Chanel, jusqu'à en imprégner naturellement l'univers du N°5.

   Cocteau bien sûr, mais aussi Stravinsky, Misia Sert, Serge Dhiagilev, Boy Capel (son amant et grand amour), en passant par Picasso ou les protagonistes de Dada,  autant de noms qui firent l'émulation créatrice de cette sphère artistique dans laquelle s'épanouissait Coco Chanel et que vous retrouverez en vous rendant au Palais de Tokyo.  Cubisme, art abstrait, surréalisme, un contexte très avant-gardiste qu'il est amusant de (re) découvrir en parcourant la vie de Chanel à travers cette expo. Mais vous pourrez aussi sentir à l'étage des matières premières emblématiques du N°5:  bergamote, santal, vanille, yang-ylang, aldehydes, la rose et le jasmin.




   La rose et le jasmin, justement parlons-en. Deux matières qui sont encore cultivées à Grasse pour l'extrait du N°5.  Le Jasmin Grandiflorum, qui y fait l'objet d'une culture spécifique depuis plusieurs siècles, mais dont la production concerne aujourd'hui une infime partie de l'industrie du parfum, et la Rose Centifolia, relativement délaissée de nos jours au profit de la Rose Damascena (rose bulgare, rose turque), mais dont la culture subsiste actuellement à Grasse, principalement pour l'extrait du N°5.


 C'est à la cueillette de cette rose veloutée à l'odeur ronde et miellée, un peu épicée, voire parfois cireuse avec quelques accents artichauds,  et dont les effluves embaumaient alors que nous n'étions même pas encore arrivés au champ, que nous avons pu assister à la fin du mois de mai l'an dernier.

 
   C'est à une structure agricole petite et familiale qu'a confié Chanel la culture de sa rose de mai. En effet, au cours des années 80, pressentant le tour très industriel qu'allait prendre la production de matières premières, risquant d'entrainer la disparition d'un certain savoir-faire artisanal, Chanel a choisi de travailler avec des agriculteurs indépendants qui connaissent parfaitement leur métier, afin de privilégier la qualité. C'est donc dans une atmosphère conviviale, dirigés par la famille d'agriculteurs de la famille Mul, dans un champ où les cueilleuses ramassent jusqu'à 2000 fleurs par heure, que nous avons assisté au déroulement de la cueillette de cette fleur mythique.


   Ici, tout se passe à la fin du mois de mai, apogée de l'épanouissement de cette fleur. C'est dès le matin et ce jusqu'à midi, que l'on recueille la rose, avant que la soleil n'en modifie l'odeur par sa chaleur.  C'est d'ailleurs pour cela qu'une fois cueillis et remplis les sacs doivent être acheminés rapidement vers la distillerie pour le processus d'extraction aux solvants volatils, plus précisément ici à l'hexane, afin d'obtenir le fameux absolu de rose.



       Ces sacs de petites roses, pâles et fragiles, (assez différentes de la rose bien ronde qu'on a l'habitude d'observer dans un bouquet), se déversent dans des cuves remplies d'hexane, avant de pouvoir en séparer la concrete qu'on lave ensuite à l'alcool, pour enlever les cires et produire ce qu'on appelle l'absolu. (Rappelons qu'il faut environ 400 kilos de rose pour produire 600 grammes d'absolu).


    L'absolu de rose de mai, assez différent olfactivement de l'essence de rose de Damas, est aux côtés du jasmin, ce qui apporte la richesse particulière de l'extrait du N°5. A découvrir pour ceux qui ne connaîtraient que l'eau de toilette ou l'eau de parfum.






  
    

vendredi 3 mai 2013

Olfactorama 2012, le prix des amoureux du parfum.

    Les consommateurs souvent,  les vendeuses, parfois,  "le parfum, tout le monde s'en cogne", résumait tristement un de mes acolytes  lors du lancement pourtant très sympathique de la boutique Liquides mercredi 24 avril dernier, à deux pas de la rue de Bretagne. 
  
    Tout le monde? Non. Une petite poignée d'irréductibles,  qui semble résister à ce cynisme ambiant,  s'est réunie dans les locaux de l'ESP (nouvelle école destinée aux métiers de l'olfaction,  accessible directement après le bac), samedi dernier pour la remise des prix de la première édition de l'Olfactorama 2012

    L'olfactorama,  comme vous l'avez peut être lu sur d'autres blogs récemment, est un prix organisé par cinq blogueurs, dans l'idée de récompenser les lancement de 2012 les plus remarquables, qu'il s'agisse du mainstream, ou de la niche, d'un coup de coeur ou d'audace technique.

   Guerlain, qui semble rafler tous les prix cette année avec sa Petite Robe Noire (Fifi awards, Marie Claire etc...) s'est illustré ici avec Shalimar Initial L'eau, pour le prix du grand féminin. Un flanker, parmi tout autant de flankers ou éditions limitées pour les nominés... Une sélection  qui semble déroutante de prime abord mais qui n'est qu'à l'image d'une année 2012 pauvre en créativité chez les grandes marques  (Manifesto, La Vie est Belle et j'en passe), la qualité se révélant plutôt dans des fragrances éphémères ou des déclinaisons (Baiser Volé edt, Alien collection Le Goût du Parfum, First Eau de parfum intense, L'eau en blanc Lolita Lempicka).  Thierry Wasser nous a gratifié d'un beau discours pour l'occasion, rappelant que c'est à travers notre  communauté de passionnés, qui s'exprime aujourd'hui beaucoup sur la toile, que le parfum continue à vivre pleinement.

   Les hommes ont été plus gâtés que nous l'an passé, puisqu'entre Noir de Tom Ford, Spicebomb (la bonne surprise de Victor& Rolf) ou Déclaration d'Un Soir de Cartier, le choix fût cornélien. C'est ce dernier qui a  remporté l'adhésion des jurés, pour sa beauté et son originalité, une rose sombre, boisée et épicée que nous a concoctée Mathilde Laurent, dont la présence parmi nous en a ravi plus d'un,  (surtout une personne en particulier dont je tairais le nom ici...).



  La parfumerie alternative n'était pas en reste, qu'il s'agisse d'émotion avec le prix de l'enthousiasme, ou d'audace créative pour le prix de la virtuosité, l'année 2012 a été plutôt prolifique côté niche. Si mon chouchou était Bijou Romantique d'Etat Libre d'Orange, avec un petit faible pour Lumière Blanche d'Olfactive Studio, c'est Séville à l'Aube de l'Artisan Parfumeur qui a séduit le jury pour le prix de l'Enthousiasme.
   Difficile de choisir entre des créations telles que Bois d'Ascèse de Naomi Goodsir, Musc Tonkin de Parfum d'Empire ou Perle de Mousse d'Ann Gérard, mais c'est Mito de Vero Profumo, un chypre à l'envolée hespéridée radieuse qui a remporté le prix de la virtuosité.



  Parce que le parfum c'est aussi une histoire d'ambiance,  la bougie Tubéreuse de Frédéric Malle, dans la veine du beau Carnal Flower, s'est imposée comme le gagnant du prix Atmosphère. Enfin,  les initiatives autour de l'univers olfactif méritant qu'on s'y attarde, le jury de l'Olfactorama a souhaité souligner les démarches telles que celle de Constance de Roubaix, avec In The Ere, l'évènementiel par les Sens ou encore celle du Ministère au Parfum.

   Une première édition de ce prix des blogueurs très enthousiasmante, qui laisse présager d'autres bons moments en perspective.




  

   

mercredi 17 avril 2013

La Parfumerie Alternative sonne le retour des beaux jours avec quelques nouveautés printanières.



     Vendredi dernier se tenait chez Jovoy la journée Presse ouverte aux journalistes et aux blogueurs, l'occasion pour les marques de présenter leurs nouveautés et de nous parler d'elles.



   En voguant d'une maison à l'autre au fil de cette journée, quelques rencontres ont retenu mon attention. Pour la première fois, à l'exception de L'Air du Désert Marocain, une création d'Andy Tauer m'a séduite. Non pas que ses parfums soient mauvais, bien au contraire, mais je n'accrochais jusqu'ici pas particulièrement à sa patte. Mais son tout dernier Noontide Petals, une variation sur le thème des floraux aldéhydés douce et printanière mérite qu'on s'y attarde. Le caractère un peu crissant des aldéhydes est adouci ici par un coeur floral crémeux  (rose, jasmin, tubéreuse), sur fond plus baumé (vanille, santal, patchouli coeur). 



   J'aimais déja beaucoup les créations de Mona Di Orio dans l'ensemble, pour l'âme et la profondeur qu'elles dégagent, sensation à laquelle la qualité des matières premières n'est pas étrangère.  L'échange avec Jeroen Oude Sogtoen, le "double" de Mona, (elle était le nez, lui le regard esthétique) m'a enthousiasmée puisqu'il m'a permis de découvrir une fragrance qui sortira à la rentrée 2013. Outre L'Eau Absolue dévoilée récemment par la marque, un hommage au Sud à travers des consonances plutôt vertes et fraîches, un peu épicées, qui fait la part belle aux notes arômatiques du basilic, une prochaine fragrance devrait voir le jour en septembre ou octobre prochain. Il s'agit d'un parfum composé par Mona pour Jeroen, autour d'un accord violette-tabac miellé, assez poudré, et très très joli. Je n'ai pas plus d'informations mais j'ai hâte. 

   Avis aux amateurs de fleurs blanches, le tout nouveau Gardez-moi de Jovoy devrait vous séduire. Il s'agit d'un gardénia composé par Bertrand Duchaufour, dont on retrouve l'empreinte fruitée dans les notes de tête. Plutôt vertes et aqueuses ici, avec un petit effet banane-acetate de benzyle, elles laissent la fragrance s'arrondir autour d'un bouquet floral blanc, (jasmin tubéreuse ylang ylang), très salycilates. Le fond plus baumé signe la composition  d'un sillage tenace. Pour la petite histoire, le nom reprend celui d'un ancien parfum de la maison, sorti en 1926 durant cette époque de frénésie que furent les années folles.  Contenu dans un superbe chat noir en cristal baccarat, ce flacon rarissime doit valoir  aujourd'hui une sacrée somme aux enchères chez Drouot.



    
     Le Printemps se fait enfin sentir, c'est donc l'occasion, depuis peu,  de découvrir Caligna, une ballade dans l'arrière-pays grassois que nous propose l'Artisan Parfumeur.  Tout à fait de saison, cette fragrance arômatique où la sauge sclarée est à l'honneur, nous entraine vers un univers boisé (grâce à cette matière première assez récente qu'est le chène), tout en sentant en chemin des effluves de jasmin et de figue. L'ensemble est assez à l'image de l'univers de la marque, bucolique et champêtre. 

   
   

vendredi 5 avril 2013

Retour sur la 3ème édition du Prix International du Parfum Marie-Claire

   Mercredi soir dernier, nous avons pu, avec quelques blogueurs, assister à la soirée du Prix Intenrnational  du Parfum Marie-Claire. Cette remise des prix qui se déroulait à l'hôtel Meurice avait pour vocation de récompenser le meilleur parfum de l'année, le plus beau flacon, la fragrance la plus audacieuse, sans oublier le coup de coeur de la rédaction.
   Ce prix s'est déroulé de la même manière dans les 34 pays lecteurs de Marie-Claire, avec une sélection de parfums propre aux cultures et affinités de chacun. Pour les diverses récompenses en France, on retrouve régulièrement les mêmes finalistes: Florabotanica de Balenciaga, La Petite Robe Noire de Guerlain, Coco Noir de Chanel, Manifesto d'Yves Saint-Laurent, La Vie est Belle de Lancôme (oui  oui je sais..), Gucci Première, Dot de Marc Jacobs, voire Fame de Lady Gaga. 

  Coco Noir de Chanel  a remporté le prix du meilleur parfum féminin 2013, pour la "cohérence du discours, du flacon et de la fragrance". 

  


  Guerlain s'est illustré par le prix de l'audace, grâce à l'espièglerie de La Petite Robe Noire. Si l'interprétation  "couture" du registre fruité gourmand a séduit, la  campagne publicitaire, inédite avec cette silhouette parisienne, sans égérie, n'est bien sûr pas étrangère au succès remporté.

  C'est ensuite au tour de Florabotanica de Balenciaga de remporter le prix du plus beau flacon,  pour son originalité. Notons au passage la fragrance qui est tout aussi originale, une rose "astringeante " qui ne sera pas au goût de tout le monde mais qui a le mérite de ne pas se fondre dans le paysage olfactif ambiant. Enfin, la série Réplica de Martin Margiela a suscité l'émotion et l'adhésion de la rédaction, pour le Prix France, avec ses évocations réalistes de souvenirs tels que la fête foraine, la plage (Beach Walk) ou le fleuriste.

  Cette soirée était aussi l'occasion, pour nous autres perfumistas acharnés, de discuter reformulations avec Thierry Wasser (et de revoir l'équipe Guerlain), d'évoquer la prochaine expo autour du N°5 au Palais de Tokyo avec Chanel,  ou d'écouter Nolwenn Du Laz (directrice adjointe beauté de Marie Claire) nous parler de sa passion pour le parfum.


jeudi 14 mars 2013

Vanille de Mona Di Orio: vanille "sans sucre ajouté".



       Comme je vous l'avais confié  précédemment, j'ai un gros faible pour la Vanille de Mona Di Orio. J'affectionne depuis toujours les orientaux, les poudrés, les floraux orientaux poudrés, les fleurs blanches l'été ... et les vanilles lorsqu'elles ne dégoulinent pas de sucre, qu'elles ne sont pas enrobées de 3 couches d'éthylmaltol (note caramel), mais plutôt traitées de manière originale, autour des facettes de la gousse,  tout en conservant leur rondeur sensuelle, bien sûr.


     Ce n'est donc pas une suprise que je sois tombée sous le charme de cette Vanille un peu sèche, à l'envolée fraîche voire un peu verte, sur  fond boisé, très légèrement fumé. S'il y a une association que j'aime particulièrement, c'est l'accord de notes boisées et vanillées, ainsi que l'alliance tabac-vanille.  Ce n'est pas pour rien qu'Habanita est un de mes parfums préférés, (bien qu'il ne puisse se résumer qu'à ça évidemment).

    L'envolée de cette vanille peut sembler de prime abord déconcertante, avec ses agrumes, ses accents d'orange amère et la verdeur du petit grain. Cette apparente fraicheur est d'ailleurs accentuée par l'aspect solaire de l'ylang ylang que dévoile ensuite le coeur de la composition. Mais ce n'est qu'une facette de la fragrance, puisque celle-ci joue aussi sur les nuances liquoreuses de l'absolu de vanille, avec cette note de rhum, dont l'effet est renforcé par les épices, notamment le clou de girofle. Rappelons ici que Mona Di Orio avait pensé cette vanille en imaginant les bateaux qui ramenaient des cargaisons de rhum, de gousses et d'épices des Comores ou de la Réunion. L'aspect liquoreux et épicé prend donc ici tout son sens.


  Mais attention, il ne s'agit pas ici d'un remake de Spiritueuse Double-vanille de Guerlain pour autant. La dimension rhum/epices reste en retenue, laissant ce parfum s'aventurer autour des inflexions boisées de la gousse, voire légèrement fumées, avec sa touche de bois de gaïac en fond, sensation que vient renforcer le vétiver. Que les adeptes de notes ambrées et chaleureuses se rassurent, la composition n'est  pas dénuée de toute rondeur, la fêve tonka et les baumes venant prolonger la douceur sensuelle de l'absolu de vanille.

  A essayer d'urgence pour les adeptes de l'Eau Duelle, de Vanille Insensée d'Atelier Cologne ou de Vanille absolument de l'Artisan Parfumeur.  Subtile et déroutante, cette fragrance est assez révélatrice de  la patte de Mona Di Orio, du moins celle que l'on retrouve dans la Collection des Nombres d'Or. Une manière de détourner une note, d'emmener sur un autre terrain que celui auquel on s'attendait d'après le nom du parfum, notamment pour le Musc, l'Oud ou la Tubéreuse.



  Un nouveau parfum viendra enrichir la gamme très prochainement, l'Eau Absolue, hommage à l'amour de la créatrice pour la Méditerranée, qui fait la part belle au petit grain, au basilic et aux notes boisées.  Une eau fraîche mais texturée, un peu épicée, un peu verte, mais au fond plus ambré, une fragrance à la fois vive et joyeuse, rayonnante comme un sourire avenant.


jeudi 21 février 2013

Plusieurs lancements à suivre dans la Parfumerie alternative

   Entre un déménagement, un nouveau travail et des textes à écrire, j'essaie de trouver le temps de vous parler des dernières nouveautés qui rythment ce début d'année côté niche. Frédéric Malle et son Dries Van Noten, qui vient tout juste de sortir, et dont on murmure les notes depuis plusieurs semaines déja, L'Artisan parfumeur et son Caligna qui sortira en avril prochain, et enfin, le tout dernier Olfactive Studio dont le lancement avait lieu mardi dernier.
   C'est autour du traditionnel accord pamplemousse-vétiver qu'ont choisi de broder Céline Verleure et le parfumeur Olivier Cresp pour ce 5ème opus de la marque. Ici l'originalité consiste en l'ajout d'une belle note rhubarbe qui apporte du peps et de l'espièglerie à un genre plutôt sobre et classique.  La fraîcheur acidulée et piquante des notes de têtes, prolongée par la note pomme, relevée d'un effet épicé-poivré,  contraste avec l'aspect fumé et sombre du vétiver.  Comme à chaque fois, la fragrance est mise en perspective avec une photographie, ici un travail intéressant de Laurent Segretier, autour d'un cliché pris à travers du verre brisé, éclaté, pour un rendu original et assez captivant.


   On ne peut pas dire qu'on abuse de la nouveauté chez Frédéric Malle pour attirer le public, bien au contraire, on mise plutôt sur une certaine sobriété. Aussi, les rumeurs alimentant l'existence d'une nouvelle création furent nombreuses l'an dernier, chacun y allant de son pronostic sur le parfumeur ou le genre de la future fragrance (floral muguet, boisé etc...).
   Il s'agit en fait d'un boisé épicé gourmand, construit autour d'un santal crémeux et lacté, composé par Bruno Jovanovic, en hommage à l'univers de la marque Dries Van Noten, (dérogeant ainsi au concept habituel des éditions de parfum).
  La première fois que je l'ai senti, sur la peau de quelqu'un d'autre, il m'a fortement évoqué la bougie Russian Nights de Sophia Grosjman.  Sur la mienne toutefois, cette impression se dissipa assez vite, pour laisser place à un départ boisé et gourmand, (santal, vanille), mais aussi épicé (cannelle), plutôt savoureux. J'aurais presque pu penser à Bois des Iles de Chanel,  mais le rendu est au final assez différent, malgré un départ aux accents pains d'épices et fruits confits, renforcé dans la gourmandise par la note caramel de l'éthyl maltol. On note aussi d'après les dossiers de presse l'ajout d'une   molécule sulfurol pour renforcer l'aspect "biscuit" du santal.                                                      


   L'évolution est très surprenante, puisqu'en coeur j'ai la sensation soudaine d'entrevoir le spectre de Dans tes bras, avec son aspect champignon-peau salée. C'est probablement la violette présente dans cette fragrance qui fait écho à la facette feuille de violette- octine du parfum de Maurice Roucel, mais c'est assez surprenant voire déconcertant lorsqu'on ne s'y attend pas.  Pendant une bonne heure, je sens alternativement un santal gourmand et épicé, puis la base de Dans Tes Bras, m'empêchant ainsi de saisir  l'effet d'ensemble à la composition. Dommage,  les notes de tête étaient assez prometteuses. Le fond s'éteint presque, pour laisser place à un effluve tantôt vanillé, tantôt terreux, plutôt indistinct,  bref il semble que définitivement,  ma peau ne rende pas justice à ce parfum.

   Au-delà de son évolution, le parfum dégage de bout en bout une sensation compacte, que je n'ai d'abord pas comprise, avant qu'une amie plus piquée de mode que moi m'explique que cela collait parfaitement aux créations de Dries Van Noten.  En outre, il semble que Frédéric Malle ait voulu traduire l'atmosphère confortable et chaleureuse de l'univers flamand de la maison de mode par un accord gourmand et épais,  en ce sens c'est réussi.  Dommage que sur ma peau, la composition s'effondre aussi rapidement.

  Un autre lancement est à prévoir au début du printemps prochain, chez L'Artisan Parfumeur,  évoquant une promenade dans l'arrière pays grassois. Des notes de figue, de jasmin, de chêne, mais surtout de sauge ponctuent cette ballade, mais je vous en dirais plus prochainement. 

mardi 22 janvier 2013

Ma sélection de parfums chez Jovoy

  Pour commencer l'année en beauté, que diriez-vous d'une petite visite guidée virtuelle de la boutique Jovoy? L'idée est de vous parler de mes coups de coeur, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore. Vous l'avez certainement remarqué, les marques de niche prolifèrent à un rythme très soutenu, au point de ne plus savoir où donner de la tête! Surtout lorsqu'on a le nez un peu saturé après avoir "sniffé" attentivement une bonne dizaine de parfums.



    Parmi les presque soixante marques que l'on retrouve chez Jovoy,  on ne présente plus Olfactive Studio, dont les blogs ont beaucoup parlé, aussi je n'y reviendrai pas, même si elle mérite qu'on s'y attarde. De la même manière, Vamp à NY d'Honoré des Prés a déja fait couler beaucoup d'encre, mais c'est une tubéreuse à sentir d'urgence tant pour les fans de cette fleur que pour ceux qui, comme moi, ont longtemps boudé la vague bio en parfumerie.  Idem pour les parfums audacieux et texturés de Vero Profumo, qui, de Onda à Rubj, véhiculent une véritable émotion, mais dont le tout dernier Mito a monopolisé l'attention de nombreux amoureux du parfum ces derniers mois.



     C'est pourquoi j'ai choisi de me concentrer plutôt sur des collections telles que celle des Nombres d'Or de Mona Di Orio que j'aime beaucoup.  La plupart des parfums, de la Rose au Oud, sont intéressants, mais j'ai un faible pour sa très belle Vanille.  En effet,  la créatrice prend plaisir à dérouter le perfumista en détournant la fragrance de ce à quoi l'on pourrait s'attendre. Par exemple, son Musc n'est ni un musc blanc propret ni un musc charnel, mais un parfum très poudré, avec un effet "talc", aux accents amandés.  Pour cette Vanille, elle  nous emmène vers un univers un peu liquoreux et épicé, rafraîchi d'agrumes en tête et doté d'un fond boisé. Ici toute sensation gourmande est effacée au profit d'une vanille subtile, jouant des différentes facettes que l'on peut sentir dans la gousse, sans lourdeur aucune. Un must have pour ceux ou celles qui aiment la vanille lorsqu'elle n'est pas plongée dans le sucre. J'espère y revenir plus longuement à l'occasion d'un billet spécialement dédié.


  A découvrir également, la marque Heeley, qu'on ne trouve qu'ici à Paris. Outre l'esthétisme des flacons, cette maison peut se targuer de quelques créations originales. Je déteste les notes camphrées, mais cet Esprit du Tigre fait un peu figure "d'ovni" de la parfumerie avec son effet "baume du tigre" relevé d'une bonne dose de clou de girofle. L'Iris de Nuit marie le beurre d'iris à la violette,  deux notes qui vont naturellement bien ensemble. Sel Marin est intéressant pour son interprétation d'une ambiance iodée de bord de mer, sans tomber dans l'effet aqueux pour autant. Quant à l'Amandière,  elle séduira les amateurs de mimosa et autres notes florales amandées, dans la veine d'une Eau d'Hiver de Frédéric Malle. 

   Non contente d'être célèbre pour son cognac, la maison Frapin s'est consacrée depuis peu aux parfums, dont l'univers n'est d'ailleurs pas si éloigné. Le beau 1697 est un incontournable de la marque, ainsi que le récent SpeakEasy, composé par Marc-Antoine Corticchiatto, le créateur de Parfum d'Empire. Dans une atmosphère de Prohibition, il dévoile une composition originale dont les effluves se seraient échappées d'un bar clandestin, entre notes de tête aux allures de mojito et son fond plus boisé-tabacé, façon "gentlemen".

  Pour ceux qui souhaitent mieux connaître l'univers de ce parfumeur, vous retrouverez bien sûr sa maison de parfums (Parfum d'Empire) chez Jovoy. Celle-ci a d'ailleurs fait parler d'elle cet automne  à l'occasion de son Musc Tonkin. En effet Marc-Antoine Corticciato nous livre ici une interprétation de ce musc animal qui donnait du corps et de la  volupté aux parfums avant qu'il ne soit progressivement interdit dans les années 70.  A l'opposé des muscs blancs dits "propres", ce sont plutôt les muscs "sales",  avec une odeur de peau, à forte connotation sexuelle, qu'explore ici le créateur, à travers une composition "fauve". Mais pas seulement. En effet cet extrait de parfum reprend différentes facettes du musc tonkin (fourrure, cuiré, animal, poudré etc..), et enrichit l'aspect cuiré et félin de notes florales jasminées, et d'un effet salé-iodé surprenant.  Or, chacun "rentre" différemment dans ce parfum, tantôt sensible à cette sensualité exacerbée, quand d'autres apprécieront sa fraîcheur. Qu'il vous semble frais ou trop audacieux, l'idéal est donc de le découvrir par vous-même.  De la même maison, Cuir Ottoman, un cuir ambré irisé et animalisé, ainsi qu'Ambre Russe, un ambré épicé original avec son aspect fruits confits,  méritent que vous y penchiez votre nez!



 Si on la retrouve aussi au Printemps, ou rue des Canettes à Saint-Germain, Lubin est l'une des jolies maisons traditionnelles qui habillent l'espace de la boutique Jovoy, aux côtés de Piguet ou Piver notamment. Composé par Olivia Giacobetti, Idole est une création enivrante et liquoreuse à souhait,  (absolue de rhum),  épicée, arrondie de notes ambrées. A tester,  le tout nouveau  Akkad, un parfum très ambré twisté par un départ aromatique que viennent accompagner des épices fraîches.

   La marque Amouage draine tout un lot de perfumistas chez Jovoy, puisque c'est désormais la seule enseigne où l'on peut la retrouver sur Paris. Cette marque venue du Moyen-orient et plus particulièrement du Sultanat d'Oman fascine pour la beauté de certaines de ses fragrances, riches en matières premières naturelles et qualitatives, assorties de prix tout aussi "fascinants", il faut bien l'avouer. Néanmoins plusieurs parfums valent vraiment le détour, de Gold, dans la veine d'un N°5, à Jubilation 25 pour femme, un vrai beau chypre à l'ancienne, incontournable pour qui affectionne le genre.  J'aime aussi beaucoup Dia, qui, tel un Gold de jour, ou une Eau Première du N°5, offre une version plus légère, lumineuse, et caressante des fleuris poudrés aldehydés. Très doux, musqué, très féminin, ce parfum a été composé par Jean-Claude Ellena, un genre qu'il maîtrisait déja puisqu'il a composé First de Van Cleef & Arpels.



    Déambuler tranquillement chez Jovoy permet de se laisser charmer par les parfums Ann Gérard. Fruits de la rencontre entre le prolifique Bertrand Duchaufour et la créatrice de bijoux, ces trois fragrances font là de jolies surprises dont le chypré vert Perle de Mousse. Mais mon préféré reste Cuir de Nacre, avec sa structure iris-cuirée que l'on retrouvait dans La Traversée du Bosphore, dénudée ici de ses facettes gourmandes pour mettre en valeur la beauté de cet accord.



   La boutique Jovoy est aussi dotée de sa propre ligne de parfums (et de bougies).  Parmi les parfums de cette gamme, retenons entre autres "Les jeux sont faits", un ambré boisé épicé, aux notes légèrement animales, relevé de l'amertume en tête que lui confère l'angélique. Ambre 1er séduira les adeptes des notes chaudes, orientales et enveloppantes, avec son ambre vanillé et gourmand. Quant à Rouge Assassin, son iris et sa rose se cotoîent dans un accord poudré très "rouge à lèvres", comme le rappelle son nom, pour une composition douce, aérienne et très féminine.



Quelques autres fragrances viennent achever ce petit tour de boutique, comme Aedes de Venustas, le parfum éponyme de "the place to be" des perfumistas new-yorkais. Composé par Bertrand Duchaufour, ce parfum se démarque pour son envolée fruitée très originale puisqu'il s'agit de la rhubarbe! Unique en son genre, cette fragrance s'étire ensuite sur une composition florale orientale, même si les notes de tête presque métalliques et crissantes restent bien présentes, s'apaisant tout juste au fur et à mesure qu'évolue le parfum.  Du côté d'Histoires de Parfums, ne ratez pas Moulin Rouge (1889)! Sa facette poudrée très "lipstick" (beurre d'iris) se marie de manière atypique au patchouli, (habituellement les notes poudrées se fondent plus volontiers dans la vanille), évoquant un peu les "cocottes" d'autrefois. La présence de tubéreuse vient ajouter à la dimension très "femme" du parfum, comme pour souligner les attributs de la féminité exacerbée des filles de cette époque.



  De nombreuses autres références vous attendent dans ce sanctuaire du parfum aux murs revêtus de rouge,  que l'équipe de Jovoy se fera un plaisir de vous présenter autour d'un thé ou d'un café.



mardi 8 janvier 2013

2012: Rétrospective en parfums...

 Avant de vous présenter à tous mes voeux pour 2013, j'ai eu envie de revenir sur l'année passée et ses temps forts parfumés. En effet, cette année le temps m'a manqué pour évoquer tous les parfums qui m'ont séduite ou du moins marquée par leurs qualités.

   Hormis ceux dont je vous ai déja parlé,  qu'il s'agisse de Bijou Romantique, Volutes de Diptyque, ou Lumière Blanche d'Olfactive Studio, nombreux sont ceux que j'ai également appréciés, comme notamment  Lys Soleia de Guerlain, une Aqua Allegoria dans l'esprit du regretté Ylang et Vanille. Moins puissante et langoureuse, un peu plus sage et en retenue, cette eau de toilette ramène un peu de soleil, de chaleur et de sensualité dans cette gamme. Très ylang-ylang, riche en salicylates, avec une pointe de verdeur propre à la tubéreuse, cette aqua se pare d'un fond vanillé, qui, conjugué aux fleurs blanches, apporte une touche exotique à la composition.



 Toujours dans le registre des fleurs blanches, mais abordé d'une manière bien différente,  il y a Une voix noire de Serge Lutens. Sa versatilité sur peau a séduit les plus chanceux comme repoussé d'autres sur lesquels la facette fruitée s'exprimait trop pleinement, mais l'idée de proposer un gardénia qui ne soit pas lascif, mais plutôt tantôt fruité et terreux, avec sa note champignon, sur fond de notes tabacées et liquoreuses, mérite qu'on s'y attarde un instant. Fleurs blanches toujours, Séville à l'aube et sa fleur d'oranger aux accents verts (petit grain) portés par la lavande, réchauffés par un fond plus oriental et encens, ont aussi fait une découverte réjouissante l'été dernier.

  Plus appropriés à la rentrée, les parfums orientaux autour de la vanille ne sont pas en reste, même si j'aurais aimé voir Vanille Absolument de L'Artisan Parfumeur rester plus longtemps au catalogue.  En effet, sa forte concentration en absolu de Vanille doit rendre sa production très coûteuse, pour une fragrance manifestement mal comprise du public. C'est vraiment dommage, puisqu'il était assez unique en son genre et proposait une vanille différente de ce qu'on peut voir sur le marché. D'autres jolies créations autour de cette matière première ont toutefois vu le jour cette année, du Shalimar Ode à la Vanille, à la Vanille de Réminiscence, poudrée, légèrement cuirée, duveteuse, qui réjouira les adeptes de Cuir Béluga.

  Dans le registre oriental toujours, côté hommes, à souligner le lancement de Noir de Tom Ford, une belle création dans la lignée d'un Jicky ou d'un Habit Rouge, dense, texturé, sexy, qui reinterprète les classiques du genre avec brio. Notes ambrées et patchouli, esquisses de notes cuirées, viennent sublimer un départ aromatique et hespéridé, le tout dans une évolution très compacte. En dépit d'un univers maintes et maintes fois visité, on ne s'ennuie pourtant pas, au contraire on en redemande.

  Cette année a aussi été celle de l'essor de la "niche" italienne, avec le succès grandissant de la marque Profumum Roma à la Scent Room du Printemps, mais aussi d'une plus petite maison récente, Coquillete.
  Profumum Roma séduit pour ses compositions extrêmement concentrées, (à la manière d'un extrait de taille géante en quelque sorte), assurant ainsi un sillage et une tenue défiant toute concurrence. Les parfums gourmands sont ceux qui semblent séduire le plus (Acqua Zucchero, Vanitas, ou Batido Dali) bien que pour ma part  je trouve plus  intéressants Arso, Soavissima ou Ichnusa. A noter parmi les dernières nouveautés, Ambra Aureum, une composition ambrée et baumée autour du benjoin.



  Moins connue du public, Coquillete trouvera peut-être son public chez Jovoy, où elle est présentée depuis peu. Cette petite maison issue de l'Italie propose 4 fragrances, au nom de villes liées à l'inspiration olfactive du parfum. Hérat est sans doute le plus marquant, une composition autour de l'hachish afghan, où s'entremêlent encens et notes boisées, (vétiver, cèdre), et fumées (présence de tabac mais aussi aspect fumé du vétiver sans doute). Sumatera propose de redécouvrir le patchouli sous un jour baumé et épicé, (cannelle), étoffé de quelques notes florales blanches, une fragrance qui n'est pas sans m'évoquer vaguement Opium. Avis aux amateurs de floraux solaires et sensuels, Moramanga est une composition plus classique autour d'un suave bouquet de fleurs blanches (jasmin, ylang-ylang, tubéreuse), sur fond vanillé, dans la veine d'un Songes de Goutal par exemple. Quant à Sulmona, il s'agit  d'un parfum destiné aux gourmand(e)s, une ôde aux souvenirs de mariage et de dragées, avec son explosion d'amande amère.

  Enfin et surtout, cette année aura été celle d'une journée à Grasse pour assister à la cueillette de la rose de mai, celle qui est encore utilisée dans l'extrait de Chanel N°5, comme Thierry d'Olfactorum l'a relaté ici. Je pourrais résumer en quelques mots cette aventure, mais je préfère l'évoquer plus longuement dans un prochain billet, car cette expérience en valait le détour. Sur ces souvenirs ensoleillés et printaniers, je vous souhaite à tous une excellente année 2013.