jeudi 21 février 2013

Plusieurs lancements à suivre dans la Parfumerie alternative

   Entre un déménagement, un nouveau travail et des textes à écrire, j'essaie de trouver le temps de vous parler des dernières nouveautés qui rythment ce début d'année côté niche. Frédéric Malle et son Dries Van Noten, qui vient tout juste de sortir, et dont on murmure les notes depuis plusieurs semaines déja, L'Artisan parfumeur et son Caligna qui sortira en avril prochain, et enfin, le tout dernier Olfactive Studio dont le lancement avait lieu mardi dernier.
   C'est autour du traditionnel accord pamplemousse-vétiver qu'ont choisi de broder Céline Verleure et le parfumeur Olivier Cresp pour ce 5ème opus de la marque. Ici l'originalité consiste en l'ajout d'une belle note rhubarbe qui apporte du peps et de l'espièglerie à un genre plutôt sobre et classique.  La fraîcheur acidulée et piquante des notes de têtes, prolongée par la note pomme, relevée d'un effet épicé-poivré,  contraste avec l'aspect fumé et sombre du vétiver.  Comme à chaque fois, la fragrance est mise en perspective avec une photographie, ici un travail intéressant de Laurent Segretier, autour d'un cliché pris à travers du verre brisé, éclaté, pour un rendu original et assez captivant.


   On ne peut pas dire qu'on abuse de la nouveauté chez Frédéric Malle pour attirer le public, bien au contraire, on mise plutôt sur une certaine sobriété. Aussi, les rumeurs alimentant l'existence d'une nouvelle création furent nombreuses l'an dernier, chacun y allant de son pronostic sur le parfumeur ou le genre de la future fragrance (floral muguet, boisé etc...).
   Il s'agit en fait d'un boisé épicé gourmand, construit autour d'un santal crémeux et lacté, composé par Bruno Jovanovic, en hommage à l'univers de la marque Dries Van Noten, (dérogeant ainsi au concept habituel des éditions de parfum).
  La première fois que je l'ai senti, sur la peau de quelqu'un d'autre, il m'a fortement évoqué la bougie Russian Nights de Sophia Grosjman.  Sur la mienne toutefois, cette impression se dissipa assez vite, pour laisser place à un départ boisé et gourmand, (santal, vanille), mais aussi épicé (cannelle), plutôt savoureux. J'aurais presque pu penser à Bois des Iles de Chanel,  mais le rendu est au final assez différent, malgré un départ aux accents pains d'épices et fruits confits, renforcé dans la gourmandise par la note caramel de l'éthyl maltol. On note aussi d'après les dossiers de presse l'ajout d'une   molécule sulfurol pour renforcer l'aspect "biscuit" du santal.                                                      


   L'évolution est très surprenante, puisqu'en coeur j'ai la sensation soudaine d'entrevoir le spectre de Dans tes bras, avec son aspect champignon-peau salée. C'est probablement la violette présente dans cette fragrance qui fait écho à la facette feuille de violette- octine du parfum de Maurice Roucel, mais c'est assez surprenant voire déconcertant lorsqu'on ne s'y attend pas.  Pendant une bonne heure, je sens alternativement un santal gourmand et épicé, puis la base de Dans Tes Bras, m'empêchant ainsi de saisir  l'effet d'ensemble à la composition. Dommage,  les notes de tête étaient assez prometteuses. Le fond s'éteint presque, pour laisser place à un effluve tantôt vanillé, tantôt terreux, plutôt indistinct,  bref il semble que définitivement,  ma peau ne rende pas justice à ce parfum.

   Au-delà de son évolution, le parfum dégage de bout en bout une sensation compacte, que je n'ai d'abord pas comprise, avant qu'une amie plus piquée de mode que moi m'explique que cela collait parfaitement aux créations de Dries Van Noten.  En outre, il semble que Frédéric Malle ait voulu traduire l'atmosphère confortable et chaleureuse de l'univers flamand de la maison de mode par un accord gourmand et épais,  en ce sens c'est réussi.  Dommage que sur ma peau, la composition s'effondre aussi rapidement.

  Un autre lancement est à prévoir au début du printemps prochain, chez L'Artisan Parfumeur,  évoquant une promenade dans l'arrière pays grassois. Des notes de figue, de jasmin, de chêne, mais surtout de sauge ponctuent cette ballade, mais je vous en dirais plus prochainement.