vendredi 29 août 2014

Les parfums Le Galion font leur come-back !

     Comme vous l'avez sûrement lu ici et , la maison Le Galion revient sur le devant de la scène.  Celle qui fût célèbre jusque dans les années 60, vît le jour sous la houlette du parfumeur Paul Vacher (à qui l'on doit entre autres Arpège de Lanvin et, plus tard, le fameux Miss Dior). Brumes, Bourrasques ou Snob furent autant de noms qui ont peuplé le passé prestigieux de la belle endormie, qui prît son envol dès 1936, avec Sortilège, un floral aldehydé qui reste sans doute le plus connu de la maison, encore des décennies plus tard. 

 
 Tombée en désuétude dans les années 80, cette marque renaît aujourd'hui de ses cendres grâce à la curiosité de Nicolas Chabot, qui s'est pris de passion pour son histoire. Dans un contexte où les griffes anciennes ne cessent de refleurir, pour s'imposer sur le marché dit de la "Haute Parfumerie" (à plus ou moins bon escient d'ailleurs),  sa ténacité à mettre tout en oeuvre pour faire revivre Le Galion semble tout à fait légitime, surtout pour une maison dont la preuve de l'existence d'un passé glorieux n'est plus à faire.

   Parmi les 9 fragrances ressuscitées, on trouvera une Tubéreuse délicate et fraîche, un Iris aux résonances légèrement fruitées, un 222 très boisé et épicé, un Sortilège poudré, fleuri, aux effluves amandés (mimosa) et au coeur traditionnellement composé de rose, d'ylang-ylang et de jasmin, mais surtout une certaine Eau Noble et un Spécial Gentleman qui ont plus particulièrement retenu mon attention.

   Patrice sur son blog Musque-Moi a déja dit tout le bien qu'il pensait de cette Eau Noble, et on ne peut qu'aller dans son sens: cette fragrance de facture plutôt classique dans la veine d'une Eau Sauvage est d'un chic emprunt de sobriété et de bon goût. Une envolée un peu cologne, aux notes hespéridées (citron, mandarine, bergamote), soutenues du vert du galbanum et des traits aromatiques de la lavande, qui va se complexifier à mesure que s'installe la sauge sclarée au coeur du parfum et que se dessine un fond chypré (mousse de chêne, patchouli) aux effets presque cuirés. L'élégance se résume souvent à une apparente simplicité...


Special for Gentlemen m'a également séduite, peut-être parce que son registre olfactif vient flatter mes goûts personnels: un ambré à l'ouverture hespéridée et aromatique, un côté un peu fougère qui s'alanguit dans les baumes: une création qui fait un clin d'oeil à Jicky à mon nez, voire pourquoi pas à un Mouchoir de Monsieur (Guerlain).  Bergamote et lavande en tête, géranium en coeur, arrondi des facettes balsamiques de la cannelle: le tout s'enroule dans le labdanum et la vanille, sans oublier une pointe de castoreum pour apporter un peu de velouté et de richesse animale à la composition. Une composition au sillage puissant qui pourrait bien plaire aux amateurs du genre...

  D'autres fragrances complètent ce lancement: Whip, Snob, Rose... Mais je vous laisse découvrir tout ça par vous-même, chez Jovoy ou chez Colette.




dimanche 10 août 2014

Parfums Profumum Roma: un peu d'Italie dans nos flacons (en ce pluvieux mois d'août parisien...)

    La marque italienne Profumum Roma fait son nid, doucement mais sûrement,  dans le paysage de la niche française. C'est pourquoi j'avais envie aujourd'hui de revenir plus en détails sur cette maison, à découvrir (ou  redécouvrir)  à la Scent Room du Printemps Haussman.


  Sa gamme riche en fragrances gourmandes m'avait d'abord fait passer mon chemin sans m'y attarder plus que cela.  Néanmoins au fil des mois, j'ai appréhendé la gamme plus attentivement et plus d'une fragrance a retenu mon attention. Comme je l'avais déja écrit ici, Arso est un parfum qui mérite le détour,  dans le genre résineux, boisé et cuiré. Comme Poivre Bleu, Suavissima m'a rapidement séduite, avec sa grâce toute féminine, son poudré à souhait, son coeur teinté de fleurs blanches, son fond baumé. Un Teint de Neige de Villoresi qui aurait croisé un N°22 de Chanel en quelque sorte, c'est du moins la vision que j'en ai. Quant à Acqua Di Sale, c'est sans doute l'une des fragrances qui dépeint le mieux l'ambiance solaire d'une promenade en bord de mer.

  Parfums hyper concentrés, sillage hors-normes, tenue irréprochable... Des qualités, la marque Profumum Roma n'en manque pas. La gourmandise de certaines de ses fragrances y est  abordée d'une manière bien plus réjouissante que le font les jus qui inondent régulièrement les linéaires des parfumeries. Point de patchoufruit, un peu d'éthyl maltol mais sans excès. Ici le gustatif est là pour servir un souvenir,  des moments de vie, et se fait le plus souvent assez réaliste dans ses évocations. Ce n'est pas forcément mon registre,  mais le travail est joli et nous emmène sur d'autres territoires que les sempiternerls bonbons haribo. Ici c'est l'esprit d'un dessert iconique de l'Italie que l'on retrouve, là une fleur d'oranger délicatement chocolatée...

   J'adore la vanille mais je la préfère généralement associée aux bois, aux notes poudrées ou liquoreuses, plutôt qu'aux notes sucrées. Pourtant je trouve Dulcis in Fundo jubilatoire et assez craquant dans son style. Hymne à ce dessert emblématique de l'Italie, ce parfum s'articule autour d'un axe assez simple: une envolée hespéridée (mandarine, citron) sur un fond très vanillé. Il me semble  également y déceler du néroli, tout comme la vanille a probablement été poussée dans ses atours gourmands par la vaniline, l'éthylvaniline, voire une touche légère d'éthylmaltol. Pour autant je trouve ce parfum bien moins cheap ou écoeurant que nombre de sucreries que l'on trouve sur le marché. Peut-être parce qu'il évoque une vraie pâtisserie, jusque dans sa texture, à tel point qu'on la sensation très réaliste de sentir un gâteau qui sort du four, avec tantôt l'image d'une madeleine citronnée, ou d'une vanille légèrement brûlée et caramélisée. Loin des bonbons et autres arômes alimentaires dont s'inspire la parfumerie mainstream.  Si je devais m'aventurer sur le terrain régressif d'une gourmandise totalement assumée, c'est sans doute l'un de ceux que je choisirais.

 
 La collection de Profumum Roma s'est dernièrement enrichie d'une nouveauté, Sorriso, qui fait elle aussi la part belle aux notes gourmandes: orange amère et chocolat s'enveloppent ici d'une facette un peu liquoreuse et amandée. Il serait toutefois dommage de réduire cette gamme aux tonalités sucrées: les bois, les notes arômatiques, la figue ou les bouquets floraux sont autant de territoires qu'a également exploré la marque au cours de ces dernières années.