mardi 22 janvier 2013

Ma sélection de parfums chez Jovoy

  Pour commencer l'année en beauté, que diriez-vous d'une petite visite guidée virtuelle de la boutique Jovoy? L'idée est de vous parler de mes coups de coeur, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore. Vous l'avez certainement remarqué, les marques de niche prolifèrent à un rythme très soutenu, au point de ne plus savoir où donner de la tête! Surtout lorsqu'on a le nez un peu saturé après avoir "sniffé" attentivement une bonne dizaine de parfums.



    Parmi les presque soixante marques que l'on retrouve chez Jovoy,  on ne présente plus Olfactive Studio, dont les blogs ont beaucoup parlé, aussi je n'y reviendrai pas, même si elle mérite qu'on s'y attarde. De la même manière, Vamp à NY d'Honoré des Prés a déja fait couler beaucoup d'encre, mais c'est une tubéreuse à sentir d'urgence tant pour les fans de cette fleur que pour ceux qui, comme moi, ont longtemps boudé la vague bio en parfumerie.  Idem pour les parfums audacieux et texturés de Vero Profumo, qui, de Onda à Rubj, véhiculent une véritable émotion, mais dont le tout dernier Mito a monopolisé l'attention de nombreux amoureux du parfum ces derniers mois.



     C'est pourquoi j'ai choisi de me concentrer plutôt sur des collections telles que celle des Nombres d'Or de Mona Di Orio que j'aime beaucoup.  La plupart des parfums, de la Rose au Oud, sont intéressants, mais j'ai un faible pour sa très belle Vanille.  En effet,  la créatrice prend plaisir à dérouter le perfumista en détournant la fragrance de ce à quoi l'on pourrait s'attendre. Par exemple, son Musc n'est ni un musc blanc propret ni un musc charnel, mais un parfum très poudré, avec un effet "talc", aux accents amandés.  Pour cette Vanille, elle  nous emmène vers un univers un peu liquoreux et épicé, rafraîchi d'agrumes en tête et doté d'un fond boisé. Ici toute sensation gourmande est effacée au profit d'une vanille subtile, jouant des différentes facettes que l'on peut sentir dans la gousse, sans lourdeur aucune. Un must have pour ceux ou celles qui aiment la vanille lorsqu'elle n'est pas plongée dans le sucre. J'espère y revenir plus longuement à l'occasion d'un billet spécialement dédié.


  A découvrir également, la marque Heeley, qu'on ne trouve qu'ici à Paris. Outre l'esthétisme des flacons, cette maison peut se targuer de quelques créations originales. Je déteste les notes camphrées, mais cet Esprit du Tigre fait un peu figure "d'ovni" de la parfumerie avec son effet "baume du tigre" relevé d'une bonne dose de clou de girofle. L'Iris de Nuit marie le beurre d'iris à la violette,  deux notes qui vont naturellement bien ensemble. Sel Marin est intéressant pour son interprétation d'une ambiance iodée de bord de mer, sans tomber dans l'effet aqueux pour autant. Quant à l'Amandière,  elle séduira les amateurs de mimosa et autres notes florales amandées, dans la veine d'une Eau d'Hiver de Frédéric Malle. 

   Non contente d'être célèbre pour son cognac, la maison Frapin s'est consacrée depuis peu aux parfums, dont l'univers n'est d'ailleurs pas si éloigné. Le beau 1697 est un incontournable de la marque, ainsi que le récent SpeakEasy, composé par Marc-Antoine Corticchiatto, le créateur de Parfum d'Empire. Dans une atmosphère de Prohibition, il dévoile une composition originale dont les effluves se seraient échappées d'un bar clandestin, entre notes de tête aux allures de mojito et son fond plus boisé-tabacé, façon "gentlemen".

  Pour ceux qui souhaitent mieux connaître l'univers de ce parfumeur, vous retrouverez bien sûr sa maison de parfums (Parfum d'Empire) chez Jovoy. Celle-ci a d'ailleurs fait parler d'elle cet automne  à l'occasion de son Musc Tonkin. En effet Marc-Antoine Corticciato nous livre ici une interprétation de ce musc animal qui donnait du corps et de la  volupté aux parfums avant qu'il ne soit progressivement interdit dans les années 70.  A l'opposé des muscs blancs dits "propres", ce sont plutôt les muscs "sales",  avec une odeur de peau, à forte connotation sexuelle, qu'explore ici le créateur, à travers une composition "fauve". Mais pas seulement. En effet cet extrait de parfum reprend différentes facettes du musc tonkin (fourrure, cuiré, animal, poudré etc..), et enrichit l'aspect cuiré et félin de notes florales jasminées, et d'un effet salé-iodé surprenant.  Or, chacun "rentre" différemment dans ce parfum, tantôt sensible à cette sensualité exacerbée, quand d'autres apprécieront sa fraîcheur. Qu'il vous semble frais ou trop audacieux, l'idéal est donc de le découvrir par vous-même.  De la même maison, Cuir Ottoman, un cuir ambré irisé et animalisé, ainsi qu'Ambre Russe, un ambré épicé original avec son aspect fruits confits,  méritent que vous y penchiez votre nez!



 Si on la retrouve aussi au Printemps, ou rue des Canettes à Saint-Germain, Lubin est l'une des jolies maisons traditionnelles qui habillent l'espace de la boutique Jovoy, aux côtés de Piguet ou Piver notamment. Composé par Olivia Giacobetti, Idole est une création enivrante et liquoreuse à souhait,  (absolue de rhum),  épicée, arrondie de notes ambrées. A tester,  le tout nouveau  Akkad, un parfum très ambré twisté par un départ aromatique que viennent accompagner des épices fraîches.

   La marque Amouage draine tout un lot de perfumistas chez Jovoy, puisque c'est désormais la seule enseigne où l'on peut la retrouver sur Paris. Cette marque venue du Moyen-orient et plus particulièrement du Sultanat d'Oman fascine pour la beauté de certaines de ses fragrances, riches en matières premières naturelles et qualitatives, assorties de prix tout aussi "fascinants", il faut bien l'avouer. Néanmoins plusieurs parfums valent vraiment le détour, de Gold, dans la veine d'un N°5, à Jubilation 25 pour femme, un vrai beau chypre à l'ancienne, incontournable pour qui affectionne le genre.  J'aime aussi beaucoup Dia, qui, tel un Gold de jour, ou une Eau Première du N°5, offre une version plus légère, lumineuse, et caressante des fleuris poudrés aldehydés. Très doux, musqué, très féminin, ce parfum a été composé par Jean-Claude Ellena, un genre qu'il maîtrisait déja puisqu'il a composé First de Van Cleef & Arpels.



    Déambuler tranquillement chez Jovoy permet de se laisser charmer par les parfums Ann Gérard. Fruits de la rencontre entre le prolifique Bertrand Duchaufour et la créatrice de bijoux, ces trois fragrances font là de jolies surprises dont le chypré vert Perle de Mousse. Mais mon préféré reste Cuir de Nacre, avec sa structure iris-cuirée que l'on retrouvait dans La Traversée du Bosphore, dénudée ici de ses facettes gourmandes pour mettre en valeur la beauté de cet accord.



   La boutique Jovoy est aussi dotée de sa propre ligne de parfums (et de bougies).  Parmi les parfums de cette gamme, retenons entre autres "Les jeux sont faits", un ambré boisé épicé, aux notes légèrement animales, relevé de l'amertume en tête que lui confère l'angélique. Ambre 1er séduira les adeptes des notes chaudes, orientales et enveloppantes, avec son ambre vanillé et gourmand. Quant à Rouge Assassin, son iris et sa rose se cotoîent dans un accord poudré très "rouge à lèvres", comme le rappelle son nom, pour une composition douce, aérienne et très féminine.



Quelques autres fragrances viennent achever ce petit tour de boutique, comme Aedes de Venustas, le parfum éponyme de "the place to be" des perfumistas new-yorkais. Composé par Bertrand Duchaufour, ce parfum se démarque pour son envolée fruitée très originale puisqu'il s'agit de la rhubarbe! Unique en son genre, cette fragrance s'étire ensuite sur une composition florale orientale, même si les notes de tête presque métalliques et crissantes restent bien présentes, s'apaisant tout juste au fur et à mesure qu'évolue le parfum.  Du côté d'Histoires de Parfums, ne ratez pas Moulin Rouge (1889)! Sa facette poudrée très "lipstick" (beurre d'iris) se marie de manière atypique au patchouli, (habituellement les notes poudrées se fondent plus volontiers dans la vanille), évoquant un peu les "cocottes" d'autrefois. La présence de tubéreuse vient ajouter à la dimension très "femme" du parfum, comme pour souligner les attributs de la féminité exacerbée des filles de cette époque.



  De nombreuses autres références vous attendent dans ce sanctuaire du parfum aux murs revêtus de rouge,  que l'équipe de Jovoy se fera un plaisir de vous présenter autour d'un thé ou d'un café.



mardi 8 janvier 2013

2012: Rétrospective en parfums...

 Avant de vous présenter à tous mes voeux pour 2013, j'ai eu envie de revenir sur l'année passée et ses temps forts parfumés. En effet, cette année le temps m'a manqué pour évoquer tous les parfums qui m'ont séduite ou du moins marquée par leurs qualités.

   Hormis ceux dont je vous ai déja parlé,  qu'il s'agisse de Bijou Romantique, Volutes de Diptyque, ou Lumière Blanche d'Olfactive Studio, nombreux sont ceux que j'ai également appréciés, comme notamment  Lys Soleia de Guerlain, une Aqua Allegoria dans l'esprit du regretté Ylang et Vanille. Moins puissante et langoureuse, un peu plus sage et en retenue, cette eau de toilette ramène un peu de soleil, de chaleur et de sensualité dans cette gamme. Très ylang-ylang, riche en salicylates, avec une pointe de verdeur propre à la tubéreuse, cette aqua se pare d'un fond vanillé, qui, conjugué aux fleurs blanches, apporte une touche exotique à la composition.



 Toujours dans le registre des fleurs blanches, mais abordé d'une manière bien différente,  il y a Une voix noire de Serge Lutens. Sa versatilité sur peau a séduit les plus chanceux comme repoussé d'autres sur lesquels la facette fruitée s'exprimait trop pleinement, mais l'idée de proposer un gardénia qui ne soit pas lascif, mais plutôt tantôt fruité et terreux, avec sa note champignon, sur fond de notes tabacées et liquoreuses, mérite qu'on s'y attarde un instant. Fleurs blanches toujours, Séville à l'aube et sa fleur d'oranger aux accents verts (petit grain) portés par la lavande, réchauffés par un fond plus oriental et encens, ont aussi fait une découverte réjouissante l'été dernier.

  Plus appropriés à la rentrée, les parfums orientaux autour de la vanille ne sont pas en reste, même si j'aurais aimé voir Vanille Absolument de L'Artisan Parfumeur rester plus longtemps au catalogue.  En effet, sa forte concentration en absolu de Vanille doit rendre sa production très coûteuse, pour une fragrance manifestement mal comprise du public. C'est vraiment dommage, puisqu'il était assez unique en son genre et proposait une vanille différente de ce qu'on peut voir sur le marché. D'autres jolies créations autour de cette matière première ont toutefois vu le jour cette année, du Shalimar Ode à la Vanille, à la Vanille de Réminiscence, poudrée, légèrement cuirée, duveteuse, qui réjouira les adeptes de Cuir Béluga.

  Dans le registre oriental toujours, côté hommes, à souligner le lancement de Noir de Tom Ford, une belle création dans la lignée d'un Jicky ou d'un Habit Rouge, dense, texturé, sexy, qui reinterprète les classiques du genre avec brio. Notes ambrées et patchouli, esquisses de notes cuirées, viennent sublimer un départ aromatique et hespéridé, le tout dans une évolution très compacte. En dépit d'un univers maintes et maintes fois visité, on ne s'ennuie pourtant pas, au contraire on en redemande.

  Cette année a aussi été celle de l'essor de la "niche" italienne, avec le succès grandissant de la marque Profumum Roma à la Scent Room du Printemps, mais aussi d'une plus petite maison récente, Coquillete.
  Profumum Roma séduit pour ses compositions extrêmement concentrées, (à la manière d'un extrait de taille géante en quelque sorte), assurant ainsi un sillage et une tenue défiant toute concurrence. Les parfums gourmands sont ceux qui semblent séduire le plus (Acqua Zucchero, Vanitas, ou Batido Dali) bien que pour ma part  je trouve plus  intéressants Arso, Soavissima ou Ichnusa. A noter parmi les dernières nouveautés, Ambra Aureum, une composition ambrée et baumée autour du benjoin.



  Moins connue du public, Coquillete trouvera peut-être son public chez Jovoy, où elle est présentée depuis peu. Cette petite maison issue de l'Italie propose 4 fragrances, au nom de villes liées à l'inspiration olfactive du parfum. Hérat est sans doute le plus marquant, une composition autour de l'hachish afghan, où s'entremêlent encens et notes boisées, (vétiver, cèdre), et fumées (présence de tabac mais aussi aspect fumé du vétiver sans doute). Sumatera propose de redécouvrir le patchouli sous un jour baumé et épicé, (cannelle), étoffé de quelques notes florales blanches, une fragrance qui n'est pas sans m'évoquer vaguement Opium. Avis aux amateurs de floraux solaires et sensuels, Moramanga est une composition plus classique autour d'un suave bouquet de fleurs blanches (jasmin, ylang-ylang, tubéreuse), sur fond vanillé, dans la veine d'un Songes de Goutal par exemple. Quant à Sulmona, il s'agit  d'un parfum destiné aux gourmand(e)s, une ôde aux souvenirs de mariage et de dragées, avec son explosion d'amande amère.

  Enfin et surtout, cette année aura été celle d'une journée à Grasse pour assister à la cueillette de la rose de mai, celle qui est encore utilisée dans l'extrait de Chanel N°5, comme Thierry d'Olfactorum l'a relaté ici. Je pourrais résumer en quelques mots cette aventure, mais je préfère l'évoquer plus longuement dans un prochain billet, car cette expérience en valait le détour. Sur ces souvenirs ensoleillés et printaniers, je vous souhaite à tous une excellente année 2013.