mardi 29 septembre 2009

Côté vintage....

J'avais envie de parler de vintage, car il arrive encore parfois d'avoir la chance de tomber sur des splendeurs. Ceux qui m'intéressent aujourd'hui sont Emeraude de Coty, et Narcisse Noir de Caron. Pas le Narcisse Noir actuel, considérablement défiguré, comparé à l'original, non celui qui a été créé en 1911 par Ernest Daltroff et que Gloria Swanson a rendu célèbre dans le film Sunset Boulevard.



Floral fruité loin de l'overdose de fruits rouges que l'on trouve aujourd'hui dans les parfums, Narcisse Noir évoque la femme fatale à travers une fleur d'oranger suave et narcotique, sur un fond légèrement boisé. Sombre, mythique, troublant, ce parfum s'ouvre d'abord sur une envolée de citron et de bergamote qui entourent une fleur d'oranger puissante. Le jasmin, la rose et le narcisse, en coeur, lui apportent l'opulence et le mystère qui en font une fragrance à la fois féminine et énigmatique.

La civette , en note de fond, vient lui apporter cette touche animale qu'on retrouve surtout dans les anciens parfums puisqu'elle n'est plus vraiment utilisée aujourd'hui, tandis que le santal, le musc, le vétiver et le narcisse noir étirent le parfum sur un fond plus boisé, musqué.

Un beau parfum néanmoins pas facile à porter, d'une part parce que la version vintage n'est pas toujours facile à dénicher, mais surtout parcequ'il dégage une telle aura de femme fatale qu'il faut pouvoir l'assumer. En outre, l'entourage, malheureusement, n'est pas forcément réceptif à cette touche ultra galmour d'un autre temps mais qui pourtant donne tant de classe aux parfums.

J'ai eu l'occasion de sentir récemment un autre parfum vintage, Emeraude de Coty, (1921) que l'on désigne souvent comme l'ancêtre de Shalimar, bien que ce dernier soit né de l'idée de Jacques Guerlain d'ajouter une forte dose de vaniline à la composition de Jicky. Or, en effet, on peut considérer Emeraude comme un Jicky plus vanillé, ou comme un Shalimar plus vert. On peut d'ailleurs se demander si Emeraude ne s'inspire pas plutôt de Jicky, avec lequel on trouve aussi des ressemblances dans la composition.



La similitude avec Shalimar est réelle, bien que les deux fragrances restent distinctes, Shalimar ayant une aura très féminine, une vanille plus appuyée, là où Emeraude se fait plus doux. J'ai lu quelque part qu'il pourrait être un peu le parfum que l'on porterait en journée, quand on porte Shalimar le soir et il y a un peu de ça. Personnellement, je lui préfère Shalimar, que je trouve plus féminin, plus sensuel. Mais Emeraude reste un beau parfum et sied peut-être mieux aux peaux sur lesquelles Shalimar vire.

Emeraude est d'abord très hespéridé en tête, grâce au citron vert fusant, mais aussi légèrement épicé puisqu'on y perçoit également une touche de poivre. La vanille s'impose peu à peu, entourée, d'après la composition, de ylang ylang , de rose et de jasmin, que, pour ma part, j'ai bien du mal à distinguer. La fragrance se poudre peu à peu grâce, entre autres à l'iris, aussi présent en notes de coeur. Le fond, toujours trés vanillé, paré d'ambre, de santal, de benjoin et de patchouli, réchauffe le parfum.

Sur le papier, les deux parfums se ressemblent, mais sur peau, Emeraude, a d'une part, moins de sillage, et d'autre part c'est sa note très verte qui subsiste même dans le fond, qui le distingue de Shalimar où c'est plus la bergamote qui reste en filigrane aux cotés de la vanille. En outre, Shalimar a vraiment une dimension plus animale.







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