jeudi 24 juin 2010

Nuit Noire, de Mona Di Orio.

Il y a longtemps que le fameux Nuit Noire de Mona di Orio m'intriguait, ayant lu de très bons avis  sur auparfum.com,  à la différence de ceux de Luca Turin, qui dans son guide, assassine toutes ses créations.  Je trouve ça curieux, car en effet, sans avoir testé de manière approfondie tous les parfums de Mona di Orio, la plupart semblent empreints  de ce charme vintage du début du siècle, notamment Nuit Noire.  Je crois que Jeanne d'au parfum le décrivait comme "tout droit sorti du laboratoire d'Aimé Guerlain" et c'est en effet la sensation que cette création donne: de la densité, de la complexité et de belles matières premières associées à quelque chose d'animal. 

Cette animalité saute d'ailleurs au nez dès les premières minutes lorsqu'on vaporise le parfum.  Cette impression un peu "violente" m'avait d'ailleurs plus marquée sur touche, car elle se fait plutôt furtive sur peau. Certes le parfum garde cette dimension animale tout au long de son évolution, mais les premières notes  sont un peu "criardes", acides, et peuvent surprendre, d'autant plus qu'elles laissent percevoir la présence de civette  (ou un équivalent moderne) dans la composition. Le départ est pour le moins original, avec sa dose d'agrumes articulés autour de la fleur d'oranger. C'est d'ailleurs peut-être  l'orange guinnée  qui  contribue à donner ce départ inhabituel au parfum, (qui ne s'apparente pas à quelque chose d'hespéridé classique). Ceci d'autant plus qu'elle est associée à la cardamome, comme pour annoncer la dimension épicée du parfum, qui finit d'achever cette sensation un peu violente des notes de tête.  Mais ce sentiment s'estompe plutôt vite finalement, tandis que la fleur d'oranger continue de s'imposer au coeur de l'évolution du parfum.


Cet élément central est d'ailleurs bien choisi puisque Nuit Noire, (outre un hommage à Serge Lutens)  se veut aussi une ôde aux  nuits tunisiennes. En effet, passées les notes de tête, la fleur d'oranger domine toujours mais  s'accompagne d'autres fleurs blanches, telles que le jasmin semble-t-il, ou encore la tubéreuse d'après la pyramide. A ce stade, le parfum s'adoucit nettement, pour laisser place à une texture veloutée, toute en rondeur, féminine à souhait. Des épices viennent tout de même troubler cette sensation de douceur, notamment le clou de girofle, qui pourrait presque évoquer l'oeillet ici, contribuant à apporter ce charme un peu vintage au parfum. D'autres épices relèvent un peu le coeur, comme la cannelle et l'oliban, qui apportent cette dimension orientale, d'autant plus qu'ils s'associent peu à peu à une facette boisée. Sur ma peau le cèdre est très affirmé au côté de la fleur d'oranger, mais on note également du santal dans la composition. Tout ce coeur dense donne quelque chose d'à la fois doux et chaud, toujours empreint de cette touche animale qui s'étire sur le fond.

Malheureusement sur ma peau je ne distingue pas trop l'accord ambré promis dans les notes de fond, mais en revanche je sens nettement un fond très musqué,  doux, mais charnel. Si la fêve tonka est présente, les notes cuirées ne s'affirment pas vraiment non plus, tandis que persiste longtemps, très longtemps, cette base musquée, animale, dans la veine des grands classiques du début du siècle. En effet Nuit Noire tient très bien, en plus d'un sillage enveloppant.

Un  beau parfum en somme, doté d'une belle évolution, d'un caractère certain, qui peut plaire ou déplaire mais pas laisser indifférent.

A noter que si  Mona Di Orio consacre ici un hommage à Serge Lutens, c'est avec Edmond Roudnitsa qu'elle a fait ses classes. Vous pouvez notamment découvrir la totalité de ses créations à la boutique Marie Antoinette, dans le Marais, place Sainte Catherine.


3 commentaires:

Uella a dit…

J'avoue que Luca Turin m'a fait rire meme s'il est evident qu'il frole la mauvaise foi et la critique gratuite - "un parfum qui pue la bombe a chiottes sur fond de pet de civet et d'accords tres bas de gamme".
J'ai teste Nuit Noire il y a deja cinq ans je crois, je me souviens vaguement de notes savonneuses associees a des notes fauves et epicees. Un "savon indien", si ca existe! LOL

soph a dit…

oui il y a un côté fauve c'est vrai! Ce n'est pas forcément un parfum que je porterais mais je le trouve bien en soi en tt cas;
Oui ça pourrait être une sorte de savon indien, ou qq chose dans le genre!

Florent a dit…

Je brûle d'impatience de le découvrir! comme tout les parfums de Mona Di Orio. Je m'intéresse énormément à sa marque depuis un moment et elle me fait rêver.

Je vais appeler demain la boutique Marie Antoinette pour commander des échantillons.

Je suis très content de voir qu'un article sur un des parfums de la marque est publié!