samedi 17 novembre 2012

Aurore Nomade: dépaysement au programme chez The Different Company.

   Après des colognes aux noms évocateurs de voyage (Tokyo Bloom, Sienne d'Orange...), la marque explore les contrées exotiques, avec sa dernière fragrance, Aurore Nomade. La Collection Excessive (Oud Shamash et Oud for Love) se dote donc d'un petit nouveau, qui lorgne cette fois-ci vers les Tropiques.

   Je n'étais pas la seule, je crois, à être intriguée par ce lancement, frileuse au registre fruité, à l'exception de la prune, (n'y voyez aucun rapport avec le digestif, merci, il s'agit d'un souvenir d'enfance - la prune, pas le digestif-), bien que connaissant la qualité habituelle des créations de la maison et le savoir-faire de Bertrand Duchaufour, qui a composé cette nouveauté.



    Ce parfum a donc confirmé mon intuition: le fruit est ici retranscrit avec finesse, loin de l'aspect arôme industriel qu'on lui connaît trop souvent.  Construit autour de l'idée de la Karambole, fruit exotique, Aurore Nomade est une fragrance assez "fleurs blanches", aux notes fruitées aqueuses, sur un fond plus ambré, tout en étant parcourue d'un fil conducteur épicé.  Dans la veine d'un Batucada de l'Artisan Parfumeur, mais moins sucré, plus caressant, plutôt contemplatif là où ce dernier se veut dansant et chantant. On retrouve en outre une petite note liquoreuse dans les deux, qui peut accentuer la "parenté", bien que les deux créations n'expriment pas, pour ma part,  le même sentiment. 

  La première "bouffée" du parfum, verte et juteuse évoque d'emblée une banane verte, mais j'y perçois aussi une note arômatique ou un effet, du moins, type aneth,  bien que je ne pense pas qu'il y en ait réellement, mais l'impression de "feuille" est bien là. Cette sensation s'estompe pour laisser des notes fruitées et aqueuses s'exprimer pleinement, m'évoquant un peu le "melon", dû à la calone, (note iodée et marine dont l'illustration parfaite est L'Eau d'Issey), dont la facette aquatique s'est noyée dans un coeur floral qui se déploie autour de l'ylang-ylang, très présent. La note banane trop mûre ou verte subsiste, et se marie très bien avec cette fleur solaire et charnelle. J'ignore, ici, s'il s'agit de l'acetate de benzyle (molécule naturellement présente dans le jasmin) qui a été poussé, pour procurer la note banane.  Ce qui est certain, c'est que l'alliance de ces matières premières nous transporte vers un pays lointain. J'imagine assez bien Bali, avec cette sensation de fleur de frangipanier et de fruits exotiques, tellement typiques de cette Ile. 


  D'autres notes viennent structurer le parfum, en tissant une trame épicée, que l'on perçoit tout  juste au début, pour mieux les capter ensuite: le clou de girofle et la noix de muscade. Ces notes sont sur ma peau assez présentes, alors qu'elles se font beaucoup plus discrètes sur touche. Comme nous l'expliquait Bertrand Duchaufour, la présence de l'indole vient aussi texturer et réchauffer le parfum, avec ses notes sensuelles, animales et fumées, mais avec subtilité et retenue. La composition s'achève sur un fond ambré et un peu vanillé, qui vient étirer l'aspect suave du coeur floral. Je perçois, sur ma peau, un aspect boisé-ambré, peut-être dû à l'ambroxan.

   Je ne suis définitivement pas adepte du style fruité ou aqueux, donc je ne porterais pas ce parfum, mais je trouve que c'est une belle composition dans cet esprit, que je recommanderais avec plaisir aux personnes en quête d'évasion, de fleurs blanches pas trop opulentes, ou de fruits sans mièvrerie. 

    

   
  
   

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