Si ce titre peut paraître quelque peu alarmant, il n'en sonne malheureusement pas moins juste, surtout pour les adeptes de parfums chyprés, dans la lignée du célèbre
Mitsouko de Guerlain, ainsi que ceux des parfums à forte teneur en jasmin ou rose, comme par exemple le non moins célèbre
N°5 de Chanel ou encore
Joy de Jean Patou...
En effet l'amendement 43 des nouvelles dispositions de l'IFRA porte sur l'interdiction ou sur une si forte limitation de l'usage de certaines matières premières naturelles que certains parfums seront désormais défigurés, surtout au nez de ceux ou celles qui sont fidèles depuis longtemps à un parfum en particulier.
J'ai longtemps hésité avant de me lancer dans l'écriture de ce post, car d'une part mes connaissances en chimie ne sont pas brillantes et, de plus, d'autres l'ont déja fait mieux que moi, je pense à
graindemusc, à
octavian ou encore à
poivrebleu.
Mais au final, plus on en parle, mieux ce sera. J'ai peu d'espoir que cela puisse changer le cours des choses, mais qui sait? Au moins, les gens, autres que les perfumistas, en seront informés, et ça changera peut-être un peu la donne.
Bon, cela n'est pourtant pas un phénomène si nouveau. De nombreux parfums ont déja été reformulés, en prévision de ces restrictions, je pense entre autres à
Femme de Rochas, maintenant presque méconnaissable, mais aussi à Mitsouko, dont la reformulation est en revanche réussie si l'on en croit Lucas Turin. Vous même, avez vous peut-être déja constaté qu'un parfum relativement ancien que vous portiez fidélement a légèrement été modifié. Mais ce nouveau règlement sonne définitivement le glas de nombreux parfums, et ce de manière officielle, sans il ne semble, de réelle opposition, contrairement aux mouvements que l'on a pu voir dans d'autres domaines, tels que le vin, lorsque de semblables lois étaient susceptibles de passer.
Ce qui est le plus dérangeant dans ce règlement, c'est le fondement de ces restrictions. Il n'est pas question ici d'éléments naturels cancérigènes par exemple, avec des constatations médicales avérées, non il s'agit de matières premières naturelles simplement et potentiellement
allergènes.
Certains parfums peuvent coller la migraine, oui, dans ce cas il suffit de les éviter tout simplement. Je n'ai en revanche encore jamais rencontré de personnes allergiques aux parfums. Je sais bien que chacun est différent, mais je suis bien placée pour en parler, étant abonnée aux allergies diverses et variées.
En effet, j'ai eu une allergie énorme sur le ventre durant plus de dix ans à cause des ceintures et boutons de jeans en niquel, élément que l'on retrouve souvent dans les bijoux fantaisie et dont un bon nombre de personnes développent des allergies. Je précise au passage que cette allergie s'est évanouie du jour au lendemain, sans raison, ce qui porte à croire que beaucoup de réactions ont une forte origine psycho somatique. Avec le temps, et une mère qui a sept chats, je suis devenue un peu allergique aux poils de chat. Je suis allergique à la poussière, aux acariens, et même à certains fonds de teint, les rares fois où j'en use, vendus en pharmacie pourtant. Il m'arrive même d'être allergique à ma propre transpiration, c'est pour dire! Et curieusement, malgré un tel terrain propice aux allergies, je n'ai jamais développé la moindre réaction à un parfum.
Ce qui me fait dire que le parfum ne semble pas, à première vue, déclencher des ravages médicaux. Surtout, je me demande pourquoi il n'y a aucune loi règlementant l'usage du niquel dans les boutons de jean et autres accessoires, je me demande aussi pourquoi on n'interdit pas le méthylparaben, présent dans de nombreuses crèmes hydratantes, censé pourtant être cancérigène. Et surtout, bien que fumeuse, pourquoi aucun des additifs rajoutés dans les cigarettes, dont le fléau est pourtant plus qu'avéré, n'a jamais fait l'objet d'une quelconque réglementation. Question d'intérêts financiers? On peut s'interroger, au vu du coût des matières premières naturelles.
Outre le fait de ne pas retrouver sa fragrance favorite, ce règlement pose d'autres problèmes, dont celui de la transparence. En effet, est-il normal de vendre le même flacon, avec le même nom, la même boite, et surtout le même prix, alors qu'il ne s'agira plus de la même formule, et ce, sans qu'aucune communication n'ait été faîte au consommateur?
N'aurait il pas été plus judicieux, voire logique, comme cela se fait aujourd'hui pour les cigarettes et l'alcool, et comme l'ont suggéré de nombreux bloggeurs, d'aposer simplement une mention légale sur l'emballage, précisant que le parfum peut potentiellement provoquer des allergies?
Autre interrogation découlant de ce règlement: à terme, si les parfums reformulés ne plaisent plus, ceux-ci ne se vendront plus aussi bien, mettant ainsi en péril l'existence de tout un patrimoine olfactif, que l'on ne retrouve aussi développé qu'en France. De nombreux classiques, voire chefs d'oeuvre, pourraient alors disparaître.
A l'heure actuelle, il est difficile de dresser la liste des parfums qui risquent d'être réellement endommagés, mais on ne saurait trop conseiller de stocker, pour ceux qui le peuvent, leurs parfums préférés, surtout s'ils comportent une forte concentration dans les éléments suivants: la mousse de chène, indispensable aux parfums chyprés, mais aussi, le jasmin et la rose, tous trois, entre autres, dans le colimateur de l'IFRA.
Plus largement, ce mouvement s'inscrit dans une politique globale assez alarmante je trouve. De nombreuses entreprises polluent tous les jours, mais c'est à nous, citoyens, de faire attention et de restreindre sans cesse nos plaisirs, qu'il s'agisse de mode, de cuisine ou de vie de famille tout simplement. Certes, nous avons tous des gestes élémentaires à adopter pour le respect de notre planète et celui des autres, mais je pense que les plus grands maux que subit l'environnement aujourd'hui proviennent certainement plus du profit qui guide les productions polluantes que de notre mode de vie. Cela fait belle lurette que je n'ai plus la télévision chez moi au vu des programmes navrants que l'on y propose, mais lorsqu'il m'arrive de feuillleter un programme télé, je suis toujours atterrée par la pauvreté intellectuelle qu'on y trouve, comme si c'était plus simple d'abêtir le public à petit feu. Tout est moins piquant, même faire la fête sur Paris par exemple est devenu compliqué au vu des lois restreignant les libertés. Tout devient de plus en plus fade. Et je ne sais pas pourquoi mais ce règlement relatif aux parfums me semble tout à fait cohérent avec ce mouvement général, celui d'un monde sans saveurs.