dimanche 6 juillet 2014

Trois fragrances enrichissent la collection Héritage: Patou revient à ses premières amours.

    La maison Jean Patou a décidément choisi de renouer avec son passé. La collection Héritage sortie l'an dernier témoignait en effet de cette volonté, mettant à l'honneur des produits cultes de la marque, à l'image de la réédition de Chaldée.  

    L'année 2014 n'est pas anodine dans l'histoire de Jean Patou puisqu'elle sonne le centenaire de la maison. Un anniversaire que la maison célèbre en inaugurant un nouvel écrin au 9, rue Saint-Florentin, marquant ainsi un retour aux sources, ( retrouvant ainsi son adresse initiale). A cette occasion, Patou enrichit aussi la collection Héritage de trois fragrances, créées par Henri Alméras en 1925, aujourd'hui réécrites par Thomas Fontaine, le parfumeur maison. Trois parfums qui révèlent le côté visionnaire du couturier puisqu'ils avaient été, pour la première fois, pensés pour 3 types de femme, une blonde, une brune et une rousse. Trois créations qui illustrent aussi les temps forts de l'amour, de la séduction, Amour Amour, à l'incertitude  (Que Sais-je) jusqu'à l'abandon (Adieu Sagesse). 


    Seul Amour Amour a été rebaptisé, son nom appartenant désormais à L'Oréal (Amor Amor, Cacharel). Celle qui s'appelle désormais Deux Amours est la fragrance originellement dédiée aux blondes. Ce floral poudré vert au style classique, élégant et intemporel, emprunte à la signature maison son traditionnel coeur de rose et de jasmin, en l'associant à la verdeur de la tubéreuse. La fleur d'oranger  et l'yang-ylang se mêlent également au bouquet floral crémeux, avant qu'il n'évolue sur un fond plus boisé, assez santalé. 

  Que Sais-je se voulait un parfum de brune, avec son aura troublante de chypre fruité. Quelques années après le lancement de Mitsouko, celui-ci en reprenait le thème olfactif, dans un esprit que je trouve plus proche d'un Femme de Rochas, comme s'il préfigurait de ce grand chypre fruité qui allait voir le jour par la suite. (Il rappelerait presque les effluves boisés fruités et épicés de la patte Lutens, ce qui n'est pas dénué de sens puisque Féminité du Bois reprend en quelque sorte une trame initiée par Femme, précisément). Evoquant cette tension propre aux émois amoureux et aux questionnements, Que Sais-je ajoute une note de pêche vineuse à la structure du chypre, la pimente d'un cumin animal, sur fond de patchouli, mousse de chêne et notes ambrées. Ce parfum qui s'éloigne pourtant de ma famille de prédilection m'a enthousiasmée, et ravira les amateurs de vintages puisqu'apparemment il évoque très fidèlement l'original. 

  Le dernier volet de cette collection rend hommage aux rousses, couleur chatoyante où Jean Patou y voit les lueurs de l'abandon. Le jasmin et la tubéreuse, (voire, peut-être de la fleur d'oranger),  invitent le gardénia au coeur du parfum, rehaussé des notes fruitées de la fleur, ici amenées par une rhubarbe (acétate de styrallyle), à l'effet vert croquant. Une touche de narcisse en fond apporte ses tonalités humides et foin à la composition. Quelques notes épicées et une facette légèrement poudrée achèveront de compléter cette représentation du gardénia, un des pionniers du genre dans les années 20. Radieux,  ce parfum de construction classique a pourtant quelque chose de très actuel, moderne, en raison notamment de son sillage très lumineux. 

   D'un bout à l'autre, ce nouveau chapitre de la collection met du baume au coeur et illustre une manière intelligente de continuer à narrer l'histoire d'une marque au passé prestigieux. 

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